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FOIN : DES SECONDES COUPES TRÈS HÉTÉROGÈNES EN AZOTE

©J.-M.V.

De la saison de fenaison 2014, on retiendra la qualité décevante en matière azotée des toutes premières coupes. Pas de miracle non plus en MAT et sur la qualité de conservation pour les regains récoltés à plus de 45 jours de repousse.

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QUELLES VALEURS ALIMENTAIRES ?

Pour les foins

Avec des premières coupes démarrées très tôt en saison, mi-mai, beaucoup, sur le massif jurassien, misaient sur une richesse en matière azotée maximale. À tort. En témoignent les résultats d'analyses de Conseil Élevage 25-90. Pour ces foins précoces, la MAT plafonne à seulement 8 % avec un niveau de PDIN de 51 g/kg de MS. Même déception dans le Jura. « On a eu un printemps plutôt régulier en termes de pousse de l'herbe, qui a pu favoriser le développement des graminées aux dépens des légumineuses au moment où sont sorties les faucheuses », tente, comme explication, Florian Anselme de Jura Conseil Élevage. Nicolas Gaudillière, de Conseil Élevage 25-90, y voit aussi « l'impact d'une minéralisation insuffisante de l'azote du sol liée aux températures du début de saison ».

Côté énergie, on retrouve pour ces foins précoces récoltés dans le Jura une valeur assez élevée (0,73 UFL) liée à une faible teneur en cellulose brute (27 à 28 %). Une première coupe très digestible donc.

Résultat contradictoire dans le Doubs, où les analyses de ces foins fauchés la seconde quinzaine de mai révèlent des valeurs énergétiques bien plus faibles (0,64 UFL/kg de MS) avec un taux de cellulose brute élevé (33 %), étonnant pour un foin si précoce...

C'est un autre foin qui a été engrangé mi-juin, bien moins digestible avec 33 % de cellulose brute et à la clef, une valeur énergétique très moyenne (0,65 UFL/kg de MS). Pas de miracle non plus pour la valeur azotée qui, sans surprise, tourne juste à 8 %.

De tous ces foins précoces ou pas, récoltés en conditions optimales, on peut attendre une excellente appétence.

Pour les regains

Pour les secondes coupes, il y a ceux qui ont fauché tôt en première coupe et qui ont profité de la petite fenêtre de tir mi-juillet, et les autres. Chez ces derniers, la récolte s'est étalée jusqu'à la mi-août. Résultat : une extrême hétérogénéité de ces regains selon leur temps de repousse. Pour ceux effectués idéalement à moins de 45 jours, on retrouve une qualité assez correcte de 0,8 UFL/kg de MS et 15 % de MAT dans le Jura. En revanche, ceux faits à plus de 45 jours, parfois jusqu'à 60 j de repousse, sont très décevants avec des valeurs azotées qui plongent autour de 11 % (9 à 13 %). Une inquiétude aussi pour leur qualité de conservation et leur appétence. Il est vrai qu'ils ont été récoltés tant bien que mal entre les gouttes.

LES CONSEILS PRATIQUES

À ceux qui ont fauché mi-mai et récolté des regains avec moins de 45 jours de repousse.

Attention à ne pas ramener trop d'énergie rapidement fermentescible sur ces foins précoces qui pèchent en fibrosité chimique (faible teneur en cellulose brute). Préférez un mélange céréalier de type orge-maïs à du blé-triticale. Si en plus de vos regains, vous disposez de troisièmes coupes de qualité, vous pouvez vous contenter d'un aliment du commerce ou d'un mélange fermier équivalent à un VL 20, voire un VL 18 sans risque. Si vos rendements en foin n'ont pas été à la hauteur, avec un bilan fourrager limitant à gérer, vous ne prendrez aucun risque, avec cette ration lactogène, à réduire comme il convient l'effectif de vaches à traire à votre droit à produire.

À ceux qui ont fauché en juin et récolté des regains avec jusqu'à 60 jours de repousse.

Vous avez besoin d'énergie soluble pour corriger vos foins. Limitez donc la part de céréales peu fermentescibles type maïs, pour lui préférer un mélange type orge-triticale, plus fermentescible. Gare aussi au déficit en azote soluble du fait de la teneur en MAT de vos regains qui, contrairement à d'habitude, ne compensera pas le point faible classique des foins. L'utilisation d'un aliment type VL 20 apparaît comme un minimum. Choisissez également des matières premières azotés de type tourteaux de soja, colza ou tournesol plutôt que des drèches ou de la luzerne.

L'ERREUR À ÉVITER

Nombre d'élevages auront cet hiver un casse-tête à gérer : la faible appétence des regains récoltés tant bien que mal en juillet et août, en conditions souvent limites.

Dans cette situation, le piège à éviter pour Nicolas Gaudillière sera d'orienter préférentiellement ces deuxièmes coupes mal conservées vers les génisses d'élevage. « Leur donner ce fourrage, c'est risquer de pénaliser leur ingestion et pénaliser durablement leur croissance. »

JEAN-MICHEL VOCORET

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