« NOUS NOUS SOMMES FORMÉS POUR RÉDUIRE LA PÉNIBILITÉ »
Préoccupation majeure pour bien des éleveurs, l'optimisation de l'organisation du travail ne vise pas simplement à gagner du temps. Elle permet aussi de diminuer la fatigue liée à certaines tâches, et notamment aux plus répétitives.
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AMÉLIORER SON CONFORT DE TRAVAIL est autant une question de réflexion que d'équipement. Éleveurs en Gaec, Laurent Josse et Daniel Leroy se sont penchés sur cette question dans le cadre d'une formation proposée par les Ceta d'Ille-et-Vilaine. C'est Laurent, le plus investi dans l'élevage, qui y a participé. Pour produire leurs 700 000 l de lait avec 80 vaches, les éleveurs ont déjà bien pensé leur organisation.
Leur objectif est davantage de bien vivre leur métier que de gagner du temps à tout prix. « Pour pouvoir disposer de temps libre, nous avons besoin que le travail d'astreinte puisse être réalisé par l'un ou l'autre d'entre nous, sans surcharge », expliquent-ils.
Ils établissent le planning pour chaque semaine. L'un fait la traite du matin tandis que l'autre se charge de l'alimentation, des soins et du paillage. Le soir, c'est ce dernier qui trait. Il prend ensuite la garde du week-end quand son collègue est libre dès le vendredi soir. La semaine suivante, les rôles sont inversés. Tous deux prennent quatre ou cinq semaines de vacances par an.
Dans un souci de simplification des tâches, les éleveurs ont choisi un système lisier pour les laitières. Ils apportent de la farine de paille dans les logettes. Mais les taries sont à part sur une aire paillée. La salle de traite est équipée de deux fois six postes avec décrochage automatique et compteurs à lait. Tout est informatisé et les éleveurs n'adhèrent pas au contrôle laitier.
L'élevage des génisses est délégué à l'extérieur. Les laitières sont nourries tous les matins. Il s'agit d'une ration semi-complète, préparée avec un godet à griffes et une mélangeuse. Le menu comprend de l'ensilage de maïs, du foin, du concentré et des minéraux. Le concentré complémentaire est distribué au Dac. Cette rationalisation du travail libère du temps que les éleveurs consacrent volontiers à la formation. Laurent Josse fait partie du bureau des Ceta d'Ille-et-Vilaine.
« NE PAS COURIR POUR MIEUX RÉFLÉCHIR »
« Nous avons ainsi accès à sept jours de formation par an, sur des thèmes techniques ou économiques. Des visites ou voyages peuvent être organisés à la demande des adhérents », explique-t-il. Cette année, les éleveurs se sont inscrits à une formation sur l'organisation spatiale de l'alimentation du troupeau (voir encadré).
« Il s'agit de prendre du recul par rapport à notre travail quotidien pour sortir des habitudes et voir comment s'améliorer », explique Laurent. Les participants ont dû chronométrer chacune des tâches liées à l'alimentation : préparation de chaque ingrédient, déplacements, mélange, nettoyage de l'auge, distribution... Chacun a également expliqué au groupe, dans le détail, comment il effectuait cette tâche.
« LES QUESTIONS DES AUTRES INTERPELLENT SUR NOS HABITUDES »
« C'est une démarche intéressante. Les questions des autres interpellent sur nos habitudes. Leurs pratiques peuvent donner des idées aussi. Même si l'on reste dépendants de la localisation des silos ou des équipements que l'on a choisis », précise Laurent. Mais ces réflexions permettent aussi d'orienter les choix au moment du renouvellement du matériel. Et elles amènent des discussions entre les associés. Chez Laurent et Daniel, les taries sont un peu loin des laitières. Quand elles sont peu nombreuses, leur alimentation demande pas mal de temps. Ne serait-il pas judicieux de les ramener dans la stabulation des vaches en production ? Après réflexion, ils préfèrent les garder dans leur étable sur aire paillée pour qu'elles se reposent, quitte à ce qu'ils perdent un peu de temps.
De même, n'auraient-ils pas intérêt à investir dans une mélangeuse automotrice ? Entre le temps gagné, le coût de l'investissement et la polyvalence du télescopique, ils préfèrent conserver leurs pratiques.
« LE PÂTURAGE DES LAITIÈRES, MAL VALORISÉ, EST REMIS EN CAUSE »
Par ailleurs, la distribution de la ration demande davantage de temps en période de pâturage. « Nous ne distribuons pas tout avant qu'elles partent le matin pour les inciter à consommer de l'herbe, mais cela nous prend plus de temps car il faut apporter le complément ensuite. » Comme la surface accessible est réduite, notamment en raison du passage d'une route, et que les éleveurs ont conscience d'une certaine sous-valorisation de l'herbe préjudiciable à la production, ils envisagent d'arrêter le pâturage des vaches en production. « Notre système sera plus cohérent si nous le menons jusqu'au bout. Nous sommes déjà très intensifs et nous valorisons mal une faible part de pâturage. » L'herbe restera présente dans la ration sous forme d'ensilage. L'analyse des circuits a montré que la réalité diverge par rapport à ce que pensait faire Laurent. Mais il ne voit pas trop comment faire mieux.
Avant cette formation, les éleveurs avaient déjà réfléchi pour réduire la pénibilité des tâches. Les sacs de minéraux sont posés à bonne hauteur, sur des palettes. C'est également le cas des seaux pour les veaux, ou de la machine à laver dans la laiterie. La disposition des silos est assez regroupée. Les éleveurs ont installé le peson au bout d'une potence pivotante. Ils n'ont donc pas à soulever le seau pour le remplir ou le vider. La formation leur a surtout permis de conforter leurs choix.
PASCALE LE CANN
Tous les ingrédients nécessaires à la préparation de la ration se trouvent proches les uns des autres, ce qui réduit les déplacements. © P.L.C.
Daniel Leroy se charge plutôt des cultures mais chacun des deux associés peut réaliser seul le travail d'astreinte. © P.L.C.
Laurent Josse explique que les sacs sont entreposés sur des palettes pour éviter de devoir se baisser. Le seau se trouve au bout d'une potence qui pivote ; il suffit donc de pousser, sans soulever, pour amener le seau au-dessus du godet. © P.L.C.
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