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DEUX NOUVEAUX INDICATEURS POUR LE DÉBUT DE LACTATION

Chaque vache dispose pendant les cent premiers jours de lactation d'un tableau de bord avec une note allant de 0 à 5. La note 0 correspond à un animal sain et celle comprise entre 3 et 5 à un animal malade.© SÉBASTIEN CHAMPION

Dès cet automne, les éleveurs laitiers de l'Orne auront à leur disposition une alerte sur l'acétonémie et sur le déficit énergétique en début de lactation.

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ANTICIPER LES PROBLÈMES SUR LES VACHES en début de lactation, c'est l'objectif de deux nouveaux indicateurs de performance créés par Orne Conseil Elevage, qui a collaboré avec Clasel (Sarthe, Mayenne) pour la prévention de l'acétonémie. Le challenge est de repérer de façon certaine les vaches qui sont en déficit énergétique et celles qui présentent un risque d'acétonémie. Si ces deux alertes sont complémentaires, elles ont chacune leur rôle. L'acétonémie, ou cétose, est une maladie métabolique qui touche en priorité les vaches laitières hautes productrices en début de lactation. Celles qui se retrouvent en déficit énergétique marqué compensent en mobilisant leurs réserves corporelles en graisse.

PRÉVENIR L'ACÉTONÉMIE

Mais ce processus physiologique peut dégénérer en cas d'ingestion insuffisante de glucides. Les cellules du foie ne parviennent plus à transformer la graisse corporelle en glucose et, par défaut, produisent des corps cétoniques (acétone, bêta- hydroxybutyrate) qui provoquent l'acétonémie. Principaux symptômes : bouses sèches, haleine à l'odeur de pomme et vaches en perte d'appétit avec désintérêt, en particulier des aliments concentrés. Mais ces signes cliniques ne sont pas toujours simples à repérer. « On peut estimer que 3 à 5 % des vaches sont en cétose clinique dans un troupeau, tandis que 7 à 25 % seront en cétose subclinique, donc sans symptômes visibles », précise Charles Maria de Clasel. Or, les conséquences de l'acétonémie sont importantes : perte de production (jusqu'à 300 kg sur une lactation) et dégradation importante des résultats de reproduction. De plus, la cétose prédispose à d'autres accidents sanitaires (fièvre de lait, mammites, retournement de caillette, métrite, etc.). D'où l'intérêt de disposer d'un modèle biologique qui permette, en routine, un diagnostic facile de cette maladie métabolique dans les élevages. C'est ce que proposent les deux organismes de conseil de l'Orne et de la Sarthe. Ils utilisent les analyses infrarouges du lait qui permettent de doser les corps cétoniques ainsi que l'évolution du rapport TB/TP. Car la forte mobilisation des graisses corporelles aboutit à un TB haut associé à un TP bas. « L'objectif était d'apporter à l'éleveur un indicateur précis et graduel », poursuit Yann Martinot, d'Orne Conseil Élevage. Pour cela, chaque vache dispose pendant les cent premiers jours de lactation, d'un tableau de bord avec une note allant de 0 à 5. La note 0 correspond à un animal sain et celle comprise entre 3 et 5 pour un animal malade. «Enun seul coup d'oeil, l'éleveur repère les vaches cliniquement malades et celles qui apparaissent douteuses. Cela permet d'anticiper rapidement, en modifiant la ration vers des aliments plus riches en amidon et(ou) en distribuant un aliment précurseur du glucose comme le propylène glycol.

REPÉRER LE DÉFICIT ÉNERGÉTIQUE

Nul besoin d'être un zootechnicien confirmé pour savoir que l'alimentation énergétique en début de lactation est un élément primordial de la performance laitière. Mais si le niveau de l'alimentation azotée possède des indicateurs assez fiables comme le taux d'urée dans le lait associé au TP, c'est souvent plus compliqué pour juger de l'apport en énergie. La note d'état corporel n'est pas d'un usage facile dans un élevage. Quant à la baisse du TP, sa seule prise en compte manque de précision.

« Nous avons voulu un indicateur de déficit énergétique qui soit simple à mettre en place, c'est-à-dire qui utilise les données du contrôle de performance, qu'il soit exhaustif, adapté à toutes les vaches du troupeau et surtout suffisamment précis », annonce Yann Martinot, d'Orne Conseil Élevage. Cet indicateur utilise le niveau de lactose, caractéristique de la couverture énergétique de la ration, et le croise avec d'autres critères issus du contrôle de performance : TP, TB… « Pour davantage de précision, les niveaux des taux protéique et butyreux sont corrigés en fonction des index génétiques des animaux sur les taux. Car un TP faible sur une vache indexée - 1 sur ce critère ne donne pas la même information que sur une vache à 1 d'index TP », explique Yann Martinot.

POUR ÉVITER D'AVOIR DES ANIMAUX QUI MAIGRISSENT TROP

Au final, ce bio-modèle évaluera le déficit énergétique global au niveau du troupeau en identifiant trois niveaux de risque : faible, modéré ou fort. Il sera complété par une approche individuelle avec, pour chaque vache, une note allant de 1 à 100. La robustesse du modèle a été vérifiée en s'assurant que les bonnes notes sont associées aux meilleures productrices et que les vaches à niveaux de cellules élevés se retrouvent moins bien notées. En effet, le déficit énergétique affecte les défenses immunitaires de l'animal, donc le niveau de cellules. Cet indicateur permettra d'anticiper les problèmes dès le vêlage de façon à éviter d'avoir des animaux qui maigrissent trop en début de lactation. Il complétera l'indicateur d'acétonémie car une vache peut présenter un déficit énergétique marqué et avoir la capacité de bien transformer ses graisses corporelles au niveau du foie. Inversement, une vache qui maigrit faiblement peut présenter une acétonémie. « Il existe une grande variabilité dans les élevages. Dans la majorité des cas, le déficit énergétique et l'acétonémie en début de lactation sont davantage liés aux conduites de troupeaux, inappropriées en fin de lactation et au tarissement, qu'à l'équilibre énergétique de la ration dans les semaines qui suivent le vêlage », conclut Yann Martinot.

DOMINIQUE GRÉMY

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