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COPRODUITS, UN INTÉRÊT ÉCONOMIQUE À NE PAS NÉGLIGER

Distribuer de 4 à 8 kg bruts au maximum, les drèches de brasserie représentent une source intéressante de protéines.© CLAUDIUS THIRIET

Plus qu'un complément de stock, les coproduits s'inscrivent dans une logique de maîtrise des coûts. Un logiciel permet d'objectiver leur prix d'opportunité.

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LE MANQUE DE PRÉCIPITATIONS AU DEUXIÈME TRIMESTRE et les fortes chaleurs estivales ont eu un impact sur les maïs, tant au niveau de la production de matière sèche que des valeurs nutritives. Le Grand Est et la région Rhône-Alpes-Auvergne semblent les plus touchés. Dans ce contexte, le recours aux coproduits apparaît comme une option pour corriger un stock déficitaire, mais aussi la moindre valeur énergétique des fourrages. Directeur adjoint du BTPL et conseiller d'élevage en Alsace, Marc Wittersheim rappelle que les coproduits ont une place particulière : « Ils offrent une solution pour faire face à un manque de fourrages mais, dans une logique de maîtrise des coûts alimentaires, ils peuvent aussi se substituer aux concentrés ou aux correcteurs. Au sein du réseau Écolait, nous observons depuis longtemps des coûts alimentaires plus faibles chez les utilisateurs de coproduits. Mais leur intérêt économique doit être évalué au regard de leur impact sur le coût global de la ration. »

Pour estimer au plus près l'intérêt d'un coproduit dans un contexte donné, l'Association française de zootechnie a conçu Optim'Al. C'est un outil informatique d'optimisation des rations pour ruminants qui permet de calculer rapidement le prix d'opportunité de tous les fourrages et concentrés susceptibles d'être utilisés.

5 KG DE DRÈCHES REMPLACENT 1 KG DE CORRECTEUR À 45 % DE MS

Alors que le calcul se faisait jusqu'à maintenant de manière assez basique, via un ou deux critères d'équivalence (UFL/PDI), l'outil informatique Optim'Al prend en compte des interactions plus larges.

« Il propose une nouvelle approche fondée sur le prix des aliments, leurs valeurs nutritionnelles et les recommandations de l'Inra, pour déterminer la ration la moins coûteuse », précise Benoît Rouillé, chargé de mission à l'Institut de l'élevage et coordinateur du Comité national des coproduits.

Dans un environnement volatil, cet outil d'aide à la décision prend tout son sens, et la formation des conseillers a déjà permis à certaines chambres d'agriculture de déployer ce service sur le terrain. Dans l'attente de la formation des éleveurs, prévue par l'institut, un cas concret (voir ci-contre), réalisé avec Benoît Rouillé, donne un premier aperçu des potentialités d'Optim'Al, tout juste récompensé d'un Inel d'or par L'Éleveur laitier. Avant de calculer le prix d'intérêt d'un coproduit, il faudra s'assurer de sa disponibilité. Car certains sont dits captifs, c'est-à-dire qu'ils sont organisés en filière, comme les pulpes de betterave ou les pommes de terre. « Ils sont donc peu disponibles en dehors des zones de production, souligne Benoît Rouillé. Mais d'autres gisements offrent localement des opportunités. » En voici un tour d'horizon.

- Les coproduits de l'industrie laitière (lactosérum) : ils sont utilisés en remplacement d'un aliment énergétique, mais doivent être rationnés.

- Les coproduits de brasserie (drèches) : leur richesse en énergie et en azote les destine aux animaux à forts besoins, malgré la faible solubilité de l'azote. « Ils représentent une source intéressante de PDIA et sont souvent utilisés en substitution du soja, indique Marc Wittersheim. On considère que 5 kg bruts de drèches remplacent 1 kg de correcteur à 45 % de MS, mais comme c'est un produit humide, il faut aussi tenir compte des pertes au silo. »

- Les coproduits des fruits et légumes (carottes, pommes...) : ils ont des teneurs très variables. « Attention aux effets laxatifs et acidogènes », prévient Benoît Rouillé.

- Les coproduits de la pomme de terre : ils ont une faible teneur en fibre et en azote, mais sont riches en amidon.

- Les coproduits du raisin (marc, pulpe) : pauvres en énergie et en azote, ils sont à réserver aux animaux à faibles besoins.

- Les coproduits d'amidonnerie (wheat/corn gluten feed) : beaucoup utilisés par les fabricants d'aliments, ils existent aussi sous forme humide (40 % de MS). « C'est un produit équilibré avec une valeur proche d'un VL 18. » Dans tous les cas, le conseiller recommande de réaliser au moins une analyse de matière sèche.

Enfin, la valorisation des coproduits en alimentation animale revêt un enjeu d'intérêt général. « Elle arrive en deuxième position dans la hiérarchie des principes de lutte contre le gaspillage alimentaire défini par le rapport Garot(1). »

JÉRÔME PEZON

(1) « Lutte contre le gaspillage alimentaire : propositions pour une politique publique » (Guillaume Garot, avril 2015).

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