ENSILAGE DE MAÏS 2011 ATTENTION AU RISQUE ACIDOSE
Les premières analyses montrent une grande variabilité des niveaux de matière sèche récoltée avec des fourrages bien pourvus en amidon mais pauvres en cellulose.
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COMME LES ANNÉES PRÉCÉDENTES, LA DATE DE LA RÉCOLTE conditionnera la qualité du fourrage récolté. Nous avons vu cet été des floraisons très précoces début juillet, et d'autres après le 15 août pour des maïs semés après dérobées. Même avec une date de récolte décalée pour attendre la maturité, le résultat au silo pourra être très différent. « D'après les premières analyses, nous constatons une grande dispersion des résultats. Les maïs ensilage 2011 se caractérisent par leur hétérogénéité. Il y aura beaucoup de cas particuliers à gérer dans les rations cette année », remarque Yann Martinot d'Orne Conseil Élevage.
DE 30 À 40 % DE MATIÈRE SÈCHE
« Je conseille de viser une récolte à 35 % de MS. À ce stade, la part d'amidon digestible dans le rumen est moins élevée (70- 80 %) que sur un maïs à 30 % de MS (90-95 %). Les maïs à 35 % de MS sont donc moins acidogènes », précise Yann Martinot, qui n'oublie pas d'insister sur la nécessité de bien tasser le silo et d'avoir des grains parfaitement éclatés (on ne les distingue quasiment plus au silo). « À partir de 35 % de MS, des grains non éclatés, cela ne pardonne pas car une part importante de l'amidon se retrouve alors dans les bouses. » Exemple avec un maïs à plus de 35 % de MS et des grains moyennement éclatés : « Il y aura une forte proportion d'amidon bypass, donc un risque de déficiténergétique dans le rumen. Ainsi, pour les maïs à plus de 35 % de MS, je conseille de corriger les PDIE ou, plus exactement, les PDIME de - 7 points/kg de MS. Un maïs ensilage à 68 g de PDIE/kg de MS se retrouve alors à 61 g de PDIE. Il faut apporter un complément en amidon dégradable dans le rumen, comme celui du blé. » À l'inverse : comment valoriser au mieux un maïs récolté à 30 % de MS, voire moins ? « C'est un maïs moins ingestible mais acidogène car son amidon se dégrade en grande partie dans le rumen. Il faudra le compléter avec de l'énergie en partie dégradable dans l'intestin. Ne pas faire l'erreur d'utiliser de la pulpe, riche en pectines, donc acidogène elle aussi. Le seul amidon by-pass disponible est le maïs grain. »
Les analyses des premiers maïs récoltés en septembre dans le département de l'Orne présentent un bon niveau d'amidon à 32 %. Rien d'excessif pour autant, c'était attendu, les coques étaient bien remplies.
DES VALEURS EN CELLULOSE RAREMENT VUE
C'est la proportion de cellulose brute qui surprend cette année : 17,7 % en moyenne pour des maïs à 33 % de MS quand la valeur courante est de 20 %. Un résultat à associer à la teneur en NDF (fibres) faible elle aussi : 41 % au lieu des 44 % attendus d'après les tables. Au final, ces maïs seront très digestibles avec une valeur UFL à 0,95/kg de MS. « Peu de cellulose et de lignine, la digestibilité de la partie tige-feuilles est donc excellente. Nous avons rarement eu l'occasion de travailler avec de tels maïs. Sur le papier, avec aussi peu de cellulose et une richesse en amidon, le risque acidose est important. Comment réagiront les vaches ? », s'interroge Yann Martinot.
UN RISQUE ACIDOGÈNE MAJEUR
Si on considère qu'une ration avec le maïs comme fourrage unique doit se situer à 18 % de cellulose brute (CB), comment faire avec un maïs à 17 % et des concentrés entre 6 et 10 % de CB ? « On peut intégrer de la paille, en prenant garde à ne pas déconcentrer la ration en énergie. La luzerne déshydratée est idéale mais elle est chère. Le foin est intéressant. Là aussi, le piège est de complémenter avec de la pulpe, certes riche en cellulose, mais trop acidogène. » Dans la mesure où l'ensilage n'a pas été coupé trop fin (entre 14 et 18 mm), on touche ici à la dimension chimique du risque d'acidose ruminale. Il peut être prévenu par l'utilisation d'un tampon (200 g de bicarbonate par vache et par jour). Les rations mixtes, ensilage de maïs + ensilage d'herbe, seront moins dangereuses, l'herbe complémentant bien des maïs pauvres en cellulose. Mais la sécheresse du printemps a limité les stocks d'ensilage d'herbe qui ont parfois été consommés durant l'été. Avec leur bonne teneur en P et Ca, les maïs 2011 ont une BEA normale (170) qui n'accentue pas le risque d'acidose métabolique.
DES MAÏS TRÈS INGESTIBLES
Avec un taux de MS suffisant (aux environs de 35 %) et une excellente digestibilité, les maïs 2011 seront peu encombrants. Les valeurs UEL des premières analyses annoncent 0,94 UEL. En moyenne, un maïs « normal » se situe à 1,03 UEL. La différence est conséquente. Cela correspond à environ 1,5 kg de MS consommé en plus par vache et par jour. « La complémentation énergétique des rations à maïs plat unique devrait donc être limitée cet hiver. Avec ce seul fourrage, nous couvrirons entre 35 et 40 kg de lait. 1,5 kg de MS/j consommé en plus, c'est l'équivalent de 2 kg de concentré énergétique, soit une économie estimée à 2 000 euros pour 50 vaches pendant l'hiver. » Avec un fourrage aussi appètent, Yann Martinot insiste aussi sur la nécessité d'assurer un rationnement à volonté. « Les silos risquent d'avancer très vite », prévient-il. Autre élément intéressant, les maïs 2011 sont plus riches en azote que la moyenne : 2 à 3 g de PDI en plus. Sur 15-16 kg de MS ingérés par jour et par vache, c'est loin d'être négligeable : « On peut estimer une économie de 100 à 200 g de soja en moins dans la complémentation », déclare Yann.
DOMINIQUE GRÉMY
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