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Betteraves Le plein d’UFL à l’hectare

Betterave. La récolte 2021 renoue avec des rendements élevés. Ainsi, la forte production d’UFL/ha compense des ensilages d’herbe et de maïs pénalisés par le manque d’ensoleillement.

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Chaque année, l’Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme (ADBFM) mène une série d’essais visant à comparer les rendements des variétés de betteraves fourragères. Ils portent sur 24 variétés, conduites selon un même protocole dans quatre départements : l’Eure, l’Ille-et-Vilaine, la Seine-Maritime et le Nord. Résultats : la moyenne des quatre essais dépasse les 18 tonnes de MS par hectare.

Les néonicotinoïdes restent interdits

L’ADBFM distingue trois types de variétés, selon leur teneur en matière sèche (MS). Règle de base : plus la MS est élevée, plus les racines sont dures et enterrées.

Le type très riche en MS (su­crière fourragère). Plus récentes, ces variétés produisent plus de MS/ha. Mais elles sont trop dures pour être croquées entières par les animaux et doivent donc être distribuées en morceaux. « La mélangeuse suffit, indique Alexandre Carré, animateur de l’ADBFM. L’idée est de les couper en cinq ou six morceaux en les incorporant de préférence en premier dans la mélangeuse, afin de limiter le nombre de tours de la machine. Attention cependant, avec les mélangeuses à axe horizontal, à la présence de cailloux. »

Riche en MS (fourragère su­crière) . Il est de même préférable de les distribuer en morceaux.

Modérément riche en MS (fourragère).Leurs racines, moins enterrées, peuvent être pâturées dès le mois d’août, ou distribuées entières à l’auge.

Les semenciers proposent des variétés tolérantes à la rhizomanie et/ou au rhizoctone brun. « Toutes les zones de culture de betteraves sucrières sont concernées par la rhizomanie, précise Alexandre Carré. Le rhizoctone brun est un parasite que l’on retrouve dans les zones d’élevage sur des espèces telles que le maïs ou le trèfle violet. Là où les symp­tômes ont été iden­tifiés, le choix d’une variété résistante présente un intérêt. » Selon l’ADBFM, 76 % des ventes portent sur des variétés bénéficiant d’un traitement d’activation de semence censé favoriser une levée homogène (surcoût d’environ 30 €/ha). À noter que les fourragères ne bénéficient pas de la dérogation autorisant les néonicotinoïdes. « Il existe d’autres solutions (des produits de contact à raisonner en fonction des seuils d’attaque) mais pas de traitement des semences. »

Plus la MS est élevée, meilleure est la conservation

Sur le terrain, les variétés de types fourragères représentent 61 % des ventes. Néanmoins, les variétés intermédiaires (30 %) progressent en raison de rendements légèrement supérieurs et d’une meilleure conservation. En effet, plus la MS est élevée à la récolte, plus les racines ont tendance à se conserver longtemps. Mais, dans tous les cas, les hausses de température à partir d’avril posent un problème de conservation, avec des racines qui vont commencer à pourrir. Afin de distribuer de la betterave à l’auge toute l’année, un groupe d’éleveurs meusiens adhérents de l’Union laitière de la Meuse (ULM) mène actuellement une réflexion autour de l’ensilage (ou enrubannage) d’une racine lavée et hachée associée à du maïs ou à de la pulpe. Affaire à suivre. Les rendements de plein champs observés chez ces éleveurs meusiens sont conformes à ceux des essais de l’association : une moyenne de 20,1 t de MS/ha (de 17,5 à 23,3 t) et de 1,20 UFL/kg de MS (de 1,16 à 1,22), soit une production de plus de 20 000 UFL/ha. À titre de comparaison, les rendements du maïs ensilage sont localement de 16,5 t, soit 15 800 UFL/ha. Dans ce département, les trois dernières campagnes correspondent à trois amplitudes de rendements : année moyenne en 2019 (11 t de MS/ha) ; mauvaise année 2020 (6,5 t de MS/ha) et, donc, bonne année en 2021. Le coût de production rendu silo est évalué à 1 750 €/ha, contre 1 350 €/ha pour le maïs ensilage. « Mais, avec plus d’UFL/ha en année moyenne ou bonne, le prix de l’UFL betterave est compétitif vis-à-vis du maïs, souligne Lionel Vivenot­, technicien conseil à l’ULM. Du fait de l’étalement des périodes de pousse, la betterave constitue aujourd’hui un élément de sécurisation du système fourrager, en complément de l’herbe et du maïs, dans notre secteur séchant. Cette année, elle permet notamment de compenser la faible teneur en sucre des ensilages d’herbe. »

Compatible avec le fromage au lait cru

Le suivi attentif de la qualité du lait issu de ce groupe d’échange, dont certains membres sont collectés en AOP brie de Meaux, montre que, pour prévenir les contaminations par les germes butyriques et autres pathogènes (salmonelles, listéria…), les racines doivent impérativement être mises à sécher avant distribution. « Si les betteraves sont bien mises à l’abri pendant trois semaines au minimum, le temps de laisser la terre sécher et se décoller, nous n’observons pas de problème de contamination », détaille Lionel Vivenot. Dans le cas contraire, la présence de terre encore humide sur des racines mélangées avec les autres aliments rend les conditions favorables aux fermentations.

À l’approche du semis, le retour d’expérience du groupe permet­ de faire des recommandations.

Prévoir autour de la parcelle une bande d’au moins 12 m occupée par une autre culture qui sera récoltée avant la betterave, afin de ne pas écraser les pourtours à l’arrachage. « Dans la pratique, les éleveurs laissent un passage de pulvérisateur. »

Éviter de revenir sur une même parcelle avant trois à quatre ans.

Prévenir les carences du sol en bore, qui peuvent être à l’origine de la maladie du cœur noir.

Rouler avant le semis et s’assurer de semer dans une terre fine à 2-3 cm. « Certains sèment de 95 000 à 100 000 graines/ha, d’autres de 115 000 à 120 000 afin d’obtenir de 95 000 à 100 000 pieds/ha. » Si la densité est trop faible, le risque est d’avoir de grosses racines, difficiles à récolter. Le mélange de variétés est aussi à éviter car il pose des difficultés d’effeuillage à la récolte. Enfin, prévoir 45 cm d’écartement entre les lignes et 22 à 24 cm sur le rang.

Jérôme Pezon

- Ensilage. Des éleveurs meusiens étudient la possibilité d’intégrer des racines lavées et hachées dans les silos de maïs ou dans des boudins de maïs épis.

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