ASSURER LA CONSERVATION D'UN ENSILAGE DE CÉRÉALES
Après une mauvaise expérience, des éleveurs s'imposent deux précautions : une récolte précoce et l'utilisation systématique d'un conservateur.
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MAI 2010, AU GAEC DES MOULINS DE KEROULLET DANS LE SUD DU MORBIHAN la sécheresse du printemps a été très marquée. Au point que la récolte de l'ensilage d'herbe est divisée par deux avec un rendement qui atteint à peine les 2,5 t de MS par hectare. Les trois associés s'interrogent : dans ces conditions, comment passer l'hiver sans acheter de fourrage ? « Nous avions une orge d'hiver magnifique. Notre vocation d'éleveurs est de produire des fourrages et non des céréales, alors pourquoi pas l'ensiler ? » Mais voilà, les éleveurs ont en mémoire leur première expérience d'ensilage de céréales immatures, en 2004. Ce mélange de blé, pois, avoine, féverole ne fut pas une réussite, loin de là.
« D'abord, le pois avait disparu. Ensuite, nous avions suivi les conseils de l'époque : récolte au stade pâteux de la céréale, et pas besoin de conservateur pour ce type de fourrage. Mal nous en a pris. » En effet, avec un taux de matière sèche frôlant les 40 %, cet ensilage s'est très mal conservé. « Cela s'est vu dès qu'on a débâché la première fois : l'odeur, la couleur et aucune appétence pour les animaux. Distribué aux génisses, ce fourrage nous a amené des croissances très médiocres de 150 à 300 g/ jour. Avec les reprises en fermentation après l'ouverture, la fin du tas d'ensilage a fini dans l'épandeur à fumier. Après ce gaspillage, nous n'étions pas disposés àrenouveler l'expérience. » Forcés de recommencer en 2010, ils font appel à leur fournisseur pour ne pas tomber dans le même piège. « Nous avons ensilé plus tôt, fin mai, avant le stade laiteux, pour un taux de MS de 30 % constaté à l'analyse. Cette récolte précoce nous a permis de semer aussitôt après un sorgho BMR. Ensuite, bien que ce produit soit riche en sucres, nous avons voulu l'assurer en utilisant un conservateur. » Leur choix s'est porté sur l'Exalt Tech, un conservateur dit biologique qui associe des bactéries acidifiantes, dites starter, pour produire rapidement de l'acide lactique ; des enzymes complémentaires et adaptés aux céréales immatures dont le rôle est d'attaquer les fibres du fourrage pour libérer davantage de sucres essentiels aux bactéries ; une souche bactérie Lactobacillus buchneri qui empêche le développement des moisissures et des levures à l'ouverture du silo et évite l'échauffement du front d'attaque
« LE TEST FUT CONVAINCANT L'APPÉTENCE ÉTAIT LÀ »
« C'est un produit à triple action pour conserver la valeur alimentaire du fourrage, éviter les pertes de MS et garantir l'appétence, donc la quantité ingérée par les animaux », explique Stéphane Saillé, responsable « ruminants » chez Prisma. Sous forme d'une poudre à diluer dans l'eau, l'Exalt Tech se présente en sachet de 35 g. La dose d'emploi pour une céréale immature est de 1,4 sachet/ha, pour un coût d'environ 3 €/t de vert traitée. L'application se fait par l'intermédiaire d'une pompe adaptée à l'ensileuse. Le silo d'ensilage d'orge a été ouvert début novembre pour servir à la ration d'une centaine de génisses. « Visuellement, c'était déjà encourageant : odeur agréable, peu de moisissures. Notre premier réflexe a été d'en remplir deux seaux pour les mettre devant le nez des vaches. Le test a été convaincant, l'appétence était là », assurent les éleveurs.
Le fourrage a servi à l'alimentation hivernale d'une centaine de génisses d'un à deux ans. La ration était composée de deux tiers de cet ensilage et d'un tiers d'un ensilage de maïs, récolté en 2008, dont la valeur alimentaire était dégradée. S'y ajoutaient de la fibre (paille de colza) et un correcteur azoté (700 g). « Nous avons pesé ces génisses en novembre puis fin janvier. Les plus grandes ont fait une croissance de 625 g/j en moyenne. Les plus petites, de quatorze mois, étaient à 650 g/j. C'est acceptable, sachant qu'il y aura une croissance compensatrice au pâturage. L'intérêt pour nous est d'avoir passé l'hiver avec une ration économique que nous avons distribuée seulement deux fois par semaine, sans qu'il y ait de reprise de la fermentation. Le conservateur n'a pas révolutionné la qualité du fourrage, mais il a permis d'en assurer l'appétence et quasiment sans perte. Au total, nous avons jeté à peine un demi-godet. »
Pour reconstituer leurs stocks, les éleveurs ont prévu d'ensiler ce printemps 30 ha d'un mélange céréales et protéagineux. « On le fera la deuxième quinzaine de mai et obligatoirement avec un conservateur. »
DOMINIQUE GRÉMY
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