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PROTECTION DES MAÏS : QUELQUES NOUVEAUTÉS CERTES, MAIS RIEN DE RÉVOLUTIONNAIRE

La nouvelle tricétone de Auxo (Bayer Cropscience) montre une efficacité accrue sur les deux dicotylédones difficiles que sont la renouée liseron et la renouée des oiseaux. Elle sera associée en post-levée à un nicosulfuron dont il existe de nombreuses spécialités commerciales.© PASC AL CR APON/GFA

Plusieurs spécialités, dont une seule sort du lot, ont été homologuées en herbicides pour 2010. A l'inverse, la lutte contre les ravageurs reste limitée.

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LE DÉSHERBAGE DES MAÏS 2010 a été parfois annoncé riche en nouveautés. Effectivement, les nouveaux produits sont nombreux. Sont-ils innovants ? C'est une autre affaire. Distinguons d'abord les nouvelles matières actives des nouvelles formulations et des molécules tombées dans le domaine public qui se déclinent en plusieurs spécialités commerciales.

Nouvelles molécules. Une seule retiendra vraiment votre attention

Elles sont au nombre de trois : la tembotrione (Auxo), le tritrosulfuron (Biathlon) et la pethoxamide (Successor 600). Auxo de chez Bayer Cropscience est une vraie nouveauté. Peut-être la seule. Il s'agit d'un antidicotylédones de post-levée avec un spectre élargi notamment sur les adventices réputées difficiles que sont la renouée des oiseaux et la renouée liseron. Dans cette famille des tricétones, Auxo associe la tembotrione au bromoxynil, et apporte un supplément d'efficacité et une rapidité d'action comparée aux classiques Mikado/Callisto.

Comme ces deux-là, Auxo s'utilisera en post-levée avec une sulfonylurée qui sera du nicosulfuron car Bayer recommande de ne pas l'associer avec sa propre sulfonylurée (le foramsulfuron d'Equip) pour des problèmes de sélectivité. Successor 600 apporte une nouvelle matière active dans la série des antigraminées de prélevée. Son handicap sera d'être un cran en dessous dans les derniers essais d'Arvalis comparée au classique acétochlore (Trophée). Arvalis souligne le manque de recul pour juger de sa réelle efficacité sur Panic et Sétaire, et pointe la nécessité d'utiliser Successor sous réserve que la pluviométrie après le traitement soit suffisante. À revoir l'an prochain.

Autre nouvelle matière active dans Biathlon. Le tritosulfuron est à utiliser en mélange triple en complément d'une association tricétone + sulfonylurée (par exemple, Callisto + Milagro) pour des fl ores complexes. Dans cette stratégie de postlevée, Biathlon, toujours selon les essais Arvalis, n'a pas montré une efficacité supérieure à ses concurrents plus anciens tels que Emblem ou Basamaïs. En outre, la réglementation lui impose une application tous les deux ans.

Nouvelles formulations. Peak et Casper pour les flores complexes

Dakota-P est une association de pendiméthaline et de DMTA-P, deux matières actives connues (Prowl 400 et Isard). Rappelons que le DMTA-P ne doit pas être utilisé sur la même parcelle l'année qui suit l'utilisation du Dakota-P. Cet herbicide de prélevée (ou post-levée précoce) à large spectre montre une efficacité satisfaisante sur graminées mais nécessitera parfois un complément de spectre sur les dicotylédones. Atic-Aqua est une nouvelle formulation de la pendiméthaline qui s'ajoute à la gamme des herbicides antidicotylédones de prélevée (ou post-levée précoce). Pas de révolution non plus ici. Pour Arvalis, son spectre est comparable à celui de Prowl-400 et il reste à valider la sélectivité de cette nouvelle formule et son comportement en conditions sèches.

Rien de nouveau non plus avec Rajah qui complète la liste des formulations de bromoxynil, antidicotylédones de postlevée. Peak (prosulfuron, que l'on retrouvait dans Éclat) et Casper (qui associe le prosulfuron et le dicamba) visent tous les deux les flores complexes du maïs en mélange triple avec l'association tricétone-sulfonylurée (par exemple, Callisto, Milagro). Arvalis signale que le prosulfuron trouve son intérêt sur matricaire et renouées. L'ajout de dicamba permet une action conjointe sur les vivaces et le liseron des haies.

Nouveaux génériques. Repérer la concentration du nicosulfuron

Le nicosulfuron (Milagro) et la sulcotrione (Mikado) sont désormais dans le domaine public. D'où l'apparition sur le marché d'une multitude de marques commerciales avec des prix orientés à la baisse. Pour le nicosulfuron, certains produits (Milagro Extra 6 OD, Pampa Premium 6 OD) présentent une concentration de 60 g/l au lieu des 40 g/l. Arvalis avertit que ce nouveau dosage présente un spectre d'efficacité semblable à celui des traditionnels Milagro et Pampa, pour un même grammage de nicosulfuron. Dans certaines conditions, cette formulation OD à 60 g/l pourrait accélérer la mise en action de l'herbicide, mais les différences observées à trente jours ne sont pas significatives. Quant aux sulcotriones génériques, ils sont comparables à Mikado.

Stratégies simples. Un ou deux passages selon la flore d'adventices attendue

Beaucoup d'éleveurs recherchent un désherbage efficace en un seul passage. Une stratégie qui a sa place sur des maïs assolés avec une flore d'adventices simple : pas ou peu de graminées et présence de dicotylédones classiques. On peut alors s'orienter sur un traitement de prélevée renforcé du type : Trophée (3 à 4 l) + Lagon (0,6 l) ou Prowl (2 l). Autre stratégie avec un traitement de post-levée précoce associant, par exemple, Trophée (3 l) (ou Dual ou Isard) avec Callisto (0,5 l) et Milagro (0,5 l). Mais, en présence de dicotylédones difficiles telles que mercuriale et renouée des oiseaux et renouée liseron, le double passage est souvent nécessaire, soit prélevée puis post-levée, soit deux passages de post-levée. En cas de forte présence de graminées, Arvalis conseille toujours la stratégie du pré+post avec, en prélevée, Trophée (3 l) que l'on peut associer à un Lagon ou Acajou (0,5 l) en cas de dicotylédones difficiles type renouées et mercuriale. L'objectif est de nettoyer un maximum et de maîtriser les graminées avec ce premier passage pour repasser en post-levée avec une association simple de tricétone (ex. Callisto 0,4 l) et sulfonylurée (ex. Milagro 0,4 l). Mais les traitement de prélevée ou de post-levée précoce qui utilisent des produits racinaires ne sont efficaces que sur un sol pas trop desséché.

Dans une stratégie de deux passages en post-levée, on peut se contenter de l'association Callisto (0,4 l) + Milagro (0,4 l) ou Mikado (0,4 l) + Equip (1 l) sur une flore simple. Sur des adventices plus coriaces, on peut conseiller un mélange triple type Milagro (0,4 l) + Callisto (0,4 l) + Peak (6 g) ou Milagro + Callisto + Emblem (0,5 kg) ou, en présence de liseron, Milagro + Callisto associé à Banvel (0,2 l) ou Casper (0,1 kg) ou Starane (0,3 l). Attention cependant au risque de manque de sélectivité de ces derniers mélanges. Et pourquoi ne pas tenter cette année l'association Milagro (0,4 l) + Auxo (0,75 l), ce dernier ayant un spectre plus efficace sur les renouées que Callisto et Mikado (voir plus haut).

Ravageurs. Trois outils seulement

La protection des jeunes maïs contre les ravageurs se résume à un traitement de semence et deux microgranulés. Le Cruiser 350, traitement de semence bien connu, est homologué en 2010 sans la contrainte d'une année sur trois. Il reste réservé aux semis faits avant le 15 mai, d'une densité maximum de 110 000 grains/ha. La protection du Cruiser 350 contre le taupin est efficace (+ 33 q/ha en cas de forte attaque, + 9 q si la pression est plus faible). Cruiser 350 est aussi autorisé contre les attaques d'oscinies, peu prévisibles.

Force 1,5 G et Belem 0,8 MG sont deux pyréthrinoïdes en microgranulés dont l'application nécessite un diffuseur spécifique lors du semis afin de répartir le microgranulé dans la raie du semis et pas seulement au fond de la raie. Selon Arvalis, leur efficacité sur taupin est jugée comparable, Force 1,5 G devrait permettre une protection plus intéressante en cas d'attaque tardive. Mais l'efficacité de ces produits tient surtout à la qualité de l'application. Elle pourrait décevoir en cas de préparation de sol trop grossière, de quantité importante de résidus végétaux ou de sols fortement pourvus en matière organique. L'application est aussi plus délicate avec des semoirs à disques ne disposant pas de socs.

DOMINIQUE GRÉMY, AVEC ARVALIS INSTITUT DU VÉGÉTAL

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