LORS DES TRANSITIONS, AJUSTER LE MAÏS-ENSILAGE À L'HERBE PÂTURÉE
En début et fin de saison de pâturage, la complémentation fourragère peut être fixée en fonction du temps d'accès des vaches aux prairies et des objectifs de production.
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EN DÉBUT DE PRINTEMPS OU À L'AUTOMNE, faute de conditions suffisamment favorables, l'accès aux prairies est généralement restreint à la demi-journée ou à la journée. Les laitières sont alors complémentées en fourrage conservé, le plus souvent du maïs-ensilage. À l'éleveur de trouver le meilleur équilibre entre le temps de pâturage et la quantité d'ensilage de maïs pour valoriser correctement l'herbe et maintenir la production laitière. « Un apport élevé d'ensilage de maïs altère la motivation des vaches à pâturer et diminue la consommation d'herbe, avance Luc Delaby, chercheur à l'Inra de Rennes.
À l'inverse, avec un temps d'accès restreint, de 4 heures, des quantités trop faibles d'ensilage de maïs réduisent les performances. Il faut trouver la quantité optimale d'ensilage de maïs à distribuer. » Dans ce but, au printemps 2008, la ferme expérimentale de Méjusseaume (Ille-et-Vilaine) a couplé deux temps d'accès au pâturage (4 heures et 8 heures par jour) avec trois apports de maïs-ensilage (5, 10 et 15 kg de matière sèche par jour). Elle a ensuite analysé les effets sur la production laitière.
8 à 10 kg de MS au moins pour une demi-journée de pâturage
Le maïs-ensilage joue bien son rôle de fourrage complémentaire. La production laitière et le TP s'accroissent à chaque fois que l'on augmente la quantité de maïs-ensilage distribuée. La réponse est plus forte avec le temps de pâturage limité à 4 heures. « La hausse de production est de 0,4 kg de lait brut par kilo de matière sèche de maïs ingéré. Elle reste à ce niveau si l'on passe de 5 à 10 kg de matière sèche d'ensilage de maïs ou de 10 à 15 kg de matière sèche », observe Luc Delaby. En revanche, la distribution de 5 à 10 kg de matière sèche de maïs-ensilage ne suffit pas pour satisfaire les besoins des animaux. C'est ce qu'indique leur comportement. « Elles consacrent plus de 80 % de leur temps à pâturer pour compenser une trop faible ration complète. Elles se sont adaptées à la durée de pâturage très restreinte en cherchant à maximiser leur ingestion d'herbe. »
Avec une demi-journée de pâturage, le chercheur conseille de distribuer au moins 8 à 10 kg de matière sèche de maïs-ensilage. « Cette stratégie peut satisfaire les éleveurs préférant favoriser la consommation de l'herbe pour un temps très limité pour abaisser leur coût alimentaire. En dessous, la production laitière est pénalisée de façon durable », explique Luc Delaby. Pour preuve : la production du lot « 4 heures-5 kg de matière sèche » a décroché à 20,6 kg de lait brut par jour durant les cinq semaines de 100 % pâturage qui ont suivi la ration mixte.
A contrario, les éleveurs visant le maintien des performances laitières privilégieront un apport de 15 kg de MS. Il comble une large part des besoins alimentaires des animaux avec, à la clé, une production supérieure aux deux autres traitements : 26,5 kg de lait brut par jour, contre 22,4 kg et 24,7 kg (voir tableau). Cela se traduit par une baisse de leur motivation pour pâturer (70 % de leur temps) et une ration complète pas totalement consommée (15,5 kg de MS sur 17,1 kg).
15 kg de MS d'ensilage de maïs, c'est trop lors d'un pâturage entre deux traites
« Avec 8 heures d'accès, les vaches obtiennent quasiment autant de lait avec 10 kg et 15 kg de MS de maïs-ensilage, observe Luc Delaby. Plus précisément, dans le second cas, leur production plafonne car elles ne valorisent pas suffisamment l'herbe proposée.
Concrètement, le passage de 10 à 15 kg de MS de maïs se traduit par une hausse de la production de seulement 0,15 kg de lait brut par kilo de MS de maïs-ensilage ingéré. « Elle s'élève à 0,4 kg de lait brut avec 4 heures de pâturage. »
Autre indicateur : avec un complément de 15 kg de MS, les animaux ont pâturé 1 heure de moins que leurs congénères sans pour autant consommer toute la ration complète (14,4 kg de matière sèche ingérés sur 17,1 kg offerts).
« Cette stratégie gaspille le fourrage, que ce soit l'herbe ou l'ensilage de maïs. La suivre n'est pas techniquement et économiquement intéressant. »
Avec un pâturage entre les deux traites, Luc Delaby recommande donc d'ajuster le complément fourrager en fonction de l'objectif poursuivi. « Si l'éleveur souhaite faire consommer le maximum d'herbe en un temps limité, distribuer 5 kg de MS de maïs-ensilage est plus approprié. S'il préfère produire du lait en sortant les vaches, il pourra apporter 10 kg de MS. »
2 à 3 g/kg de TB en moins en 100 % pâturage
Que ce soit en pâturage de 4 heures ou 8 heures, la baisse de production consécutive à une ration fourragère limitante s'accompagne d'une réduction de la synthèse des matières grasses. En revanche, le TB reste stable. « Les laitières ont compensé partiellement le déficit énergétique par une mobilisation de leurs réserves corporelles. D'ailleurs, au terme des quatre semaines de pâturage, les moins affouragées pesaient 30 à 50 kg de moins que les plus affouragées, observe Luc Delaby. La diminution simultanée des quantités de matière grasse et de lait produits explique que le TB ne chute pas. »
Ce n'est pas le cas du TP. La synthèse de la matière protéique s'est réduite en proportion de façon plus importante que celle du lait. Il a perdu un à deux points par rapport aux pâturages les plus complémentés (voir tableau).
À noter que le TB baisse de 2 à 3 g/kg lorsque les vaches sont ensuite en ration 100 % pâturage. « La chute du TB est liée à l'arrêt brutal du maïs, et non à un déficit énergétique. Le profil en acides gras est sans doute modifié, avec un impact sur la matière grasse synthétisée. »
CLAIRE HUE
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