Login

REDÉCOUVRIR LES ATOUTS DE LA BETTERAVE FOURRAGÈRE

Pour respecter les transitions alimentaires, on conseille d'introduire 1 kg de betteraves fourragères par semaine dans la ration sans dépasser 3 à 4 kg/VL/j.© CHRISTIAN WATIER

Malgré des surfaces en baisse, beaucoup d'atouts plaident en faveur d'une réintroduction de ce fourrage dans l'assolement.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

ALORS QU'ELLES ATTEIGNAIENT PRÈS D'UN MILLION D'HECTARES au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les surfaces en betteraves fourragères ont nettement chuté pour se situer à environ 17 000 ha aujourd'hui. Cette désaffection s'est réalisée dans les années soixante au profit du maïs-ensilage. À cette époque, cette culture présentait l'avantage d'être moins exigeante en temps de travail grâce à un développement plus rapide de la mécanisation. Au début des années quatre-vingt-dix, elle a également profité du versement des primes Pac. Aujourd'hui, la betterave fourragère conserve encore de nombreux atouts et mérite qu'on s'y intéresse.

UNE PLANTE RÉSISTANTE À LA SÉCHERESSE

Grâce à la sélection, cette culture a profité également du progrès génétique. On voit arriver sur le marché des variétés résistantes à certaines maladies. Par exemple, Jary est une plante tolérante à la rhizomanie, tandis que Monobrun, qui vient d'être commercialisé, a la particularité de résister au rhizoctone brun. Les semenciers se sont aussi attachés à sélectionner des variétés dites fourragères sucrières. Elles ont la particularité d'avoir un bon compromis entre rendement et pourcentage de matière sèche. Ce dernier élément conditionne la facilité de consommation par les bovins. La productivité peut tout de même toujours être fortement pénalisée par les adventices. Mais de nombreuses solutions existent pour lutter contre leur développement. « Le désherbage demande une certaine technicité. Parfois, dans les zones non sucrières, on s'aperçoit que les éleveurs peuvent manquer de conseils faute de techniciens bien formés », précise Jean-Daniel Arnaud, de l'ADBFM.

Face au réchauffement climatique, cette plante présente l'intérêt de pallier le manque de fourrage de fin d'été grâce à la technique du pâturage.

Pour cela, il suffit de placer un fil devant les animaux en leur réservant un front de consommation d'environ 3 m de large par vache. C'est aussi une plante bisannuelle qui, après une période de sécheresse ou de fortes chaleurs, reprend sa croissance sans difficulté. Et pour réaliser de bons rendements, il suffit de repousser la date de récolte pour obtenir une plus longue période de végétation. Attention malgré tout au risque de gel. On observe donc une certaine linéarité des rendements d'une année sur l'autre. « Le potentiel oscille entre 80 et 120 t de matière brute par ha, soit 15 à 20 t de MS/ha. » À l'heure où chaque éleveur tente de baisser ses coûts de production, la betterave fourragère s'avère économique.

Selon des chiffres publiés par l'ADBFM, le coût varie de 500 à 650 euros par hectare. Il dépend du nombre de passages pour le désherbage, de l'utilisation d'engrais de ferme ou non, et du prestataire pour la récolte. L'éleveur peut s'attendre à récolter entre 16 000 et 18 000 UF/ha. On compte généralement 1,15 UFL/kg de MS. Attention toutefois à respecter les transitions dans la ration des vaches. On conseille d'introduire 1 kg chaque semaine en ne dépassant pas 4 kg de MS/VL/j. Et pour corriger la faible teneur en cellulose (5 à 7 % de la MS), la ration de base doit être riche en fibres.

LE TEMPS DE TRAVAIL RÉDUIT GRÂCE À LA MÉCANISATION

La betterave a longtemps souffert de l'image d'une culture très gourmande en temps de travail. Cet argument n'est plus vrai aujourd'hui. Grâce à la mécanisation, il est possible d'éviter toutes interventions manuelles. Avec du matériel de 6 m de large de type sucrier, le débit d'un chantier de récolte peut même atteindre 5 à 7 ha/ jour. Trois étapes successives sont à respecter. Il y a d'abord l'effeuillage. « Cette opération consiste à ôter les feuilles des racines. Durant cette étape, il faut faire attention à ne pas scalper la betterave, sinon, elle risque de mal se conserver. » Les deux opérations suivantes sont l'arrachage et le chargement. Ces trois étapes peuvent être réalisées en un ou deux passages suivant le matériel utilisé.

Le passage unique présente l'avantage d'avoir un débit plus rapide et de limiter le tassement du sol.

NICOLAS LOUIS

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement