Login

« ON JOUE SUR L'EFFICACITÉ ALIMENTAIRE POUR AMÉLIORER LA MARGE »

Nicolas Kermorvan (à gauche), nutritionniste chez Keenan, passe environ tous les deux mois. Loïc et Christine Jounay peuvent lui envoyer des informations entre deux visites pour qu'il leur propose les éventuels ajustements.

Christine et Loïc Jounay cherchent à optimiser leur ration afin de maximiser leur revenu et de travailler sereinement. Ils misent sur l'augmentation de l'efficacité alimentaire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

LES INVESTISSEMENTS DANS UN ROBOT DE TRAITE, EN 2007, ET DANS UNE MÉ- LANGEUSE Keenan, en avril 2009, traduisent une réorientation sur l'élevage de Christine et Loïc Jounay. Ils produisent du lait et des céréales, et envisagent de réduire la surface fourragère au profit des cultures. Ceci suppose de revoir la ration et de la rendre plus efficace. L'idée est de contenir la charge de travail, tout en améliorant la rentabilité et donc en valorisant au mieux les fourrages produits. Ces éleveurs tiennent aussi à trouver un équilibre entre les primes perçues et les engagements à prendre, afin de rester maîtres de leur choix. À l'heure où le bilan de santé de la Pac modifie la donne, ils ont calculé qu'à assolement constant, ils perdent 2 000 €. « Avec la MAE rotationnelle, on devrait pouvoir compenser », précise Loïc. Cependant, l'élevage se trouve dans un bassin-versant sensible aux algues vertes et attend de connaître les adaptations proposées. Mais il craint de ne pas pouvoir retourner 5 ha de prairies qu'il voudrait reconvertir en cultures.

AMÉLIORER LA LONGÉVITÉ

Sous réserve qu'ils puissent le faire, ils vont réduire la surface en herbe et monter à 35 ha de céréales l'an prochain, contre 12 en 2008. Ils estiment que le système basé sur l'herbe pâturée et le maïs-ensilage n'est plus intéressant pour eux, notamment avec le robot. « Nous voulons travailler sur le long terme et améliorer la longévité des animaux, explique Christine. Le robot nous donne une masse d'informations que nous voulons valoriser. » Ils voient ainsi que les problèmes de fécondité provoquent beaucoup de réformes.

Persuadés que l'alimentation est la clé pour améliorer les résultats, ils ont réfléchi pour progresser sur ce plan. Ils font partie d'un groupe Atout lait depuis plusieurs années et pensent en avoir retiré le maximum. Quand ils ont décidé de remplacer leur vieille désileuse-pailleuse, ils ont donc cherché un système leur permettant d'être plus pointus en nutrition. « On a vu plusieurs machines, mais Keenan est le seul constructeur qui a répondu à nos exigences en terme d'engagement sur les performances de la ration. Le conseil qui est fourni avec la machine nous a séduits, de même que le concept d'efficacité alimentaire. » Le prix, 32 000 € HT, était proche de celui des autres.

Aujourd'hui, le mélange distribué aux vaches est bien établi (voir tableau). Chaque vache reçoit en plus au moins 800 g de tourteau de colza pour l'attirer au robot. S'y ajoute un complément en blé et tourteau de colza (2,5 kg/vache au maximum) donné au robot en fonction du niveau de production individuel. La saison de pâturage a été réduite à un mois et demi. « Par rapport à avant, on n'a pas changé les ingrédients de la ration mais les proportions sont différentes et on donne moins de concentrés au robot. »

L'excellent rendement du maïs cette année (17 t de MS) va per mettre de se contenter de 5 ha de prairie pour les vaches en production en 2010. Elles disposeront ainsi de 10 à 12 ares de pâture et la ration distribuée sera réduite de moitié.

Les éleveurs ont hésité avant de toucher à la ration des taries. « Nous avions tendance à simplifier leur conduite. Elles passaient sur les pâtures après les laitières. On donnait un peu de maïs à celles qui manquaient d'état », résume Loïc. Sur le plan du travail, préparer un deuxième type de ration était plus contraignant. « On s'est laissé convaincre parce qu'avec la pesée des animaux au robot, on mesurait l'amaigrissement après le vêlage. On se doutait que cela avait des conséquences sur la fécondité et la santé. » Pour pallier ce problème, les éleveurs donnaient du propylène glycol aux vaches maigrissant trop.

La ration proposée par Nicolas Kermorvan, nutritionniste chez Keenan, les a surpris : 5,5 kg de MS d'ensilage de maïs, 3 kg brut de paille de blé, 2,2 kg de tourteau de colza, 150 g de minéral spécifique pour les taries, avec de la paille à volonté. « Il s'agit de conserver un fond de ration identique à celui des vaches en production pour favoriser le fonctionnement de la panse dès le début de la lactation », justifie Nicolas. Il précise que la flore du rumen a besoin de trois semaines pour s'adapter à une nouvelle ration. Une rupture au moment du vêlage provoque l'amaigrissement.

Au bout de quelques mois de ce régime, l'évolution est tangible. Les dix-huit vaches mises à la reproduction sont pleines et deux seulement ont eu besoin de trois inséminations. Les pertes de poids au vêlage restent modérées. Pour le Contrôle laitier, la fécondité n'est plus considérée comme « critique », mais « normale ».

Dans la même logique, les éleveurs préparent désormais une ration complète pour les veaux. Il s'agit d'un mélange de tourteau de colza, blé aplati, paille, mélasse et minéral.

« Cela nous revient à environ 120 /t. On en donne dès l'âge de deux semaines et jusqu'à six mois. » Les génisses démarrent bien et cela permet d'optimiser l'utilisation de la machine. Cette ration sèche se conserve bien et peut-être préparée pour plusieurs semaines.

« ON EST PLUS SEREIN »

Six mois après l'arrivée de la mélangeuse, le bilan est positif pour le travail. Loïc prépare les rations des taries et des génisses pour trois à quatre jours, ce qui simplifie la tâche. De plus, tous deux passent moins de temps pour surveiller ou soigner les vaches à remplir. Et ils n'ont plus à penser à la transition alimentaire. « On est plus serein car les vaches vêlent toutes seules », remarque Christine.

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact économique de ce nouveau système. Les éleveurs estiment que la marge brute laitière ne va pas varier. Ils constatent une baisse des frais vétérinaires. Les produits liés aux ventes de céréales seront supérieurs. Mais pour eux, pas question de s'arrêter au coût de concentré ou même au coût alimentaire « On veut connaître le retour permis par les dépenses engagées », souligne Christine. Déjà, ils ne trouvent plus de grains de maïs dans les bouses, ce qui suggère une meilleure valorisation de la ration.

Actuellement, l'élevage produit 1,35 kg de lait standard/vache/ kg de MS ingérée, contre 1,1 en moyenne sur la zone. Cette efficacité alimentaire peut encore s'améliorer selon Nicolas Kermorvan. « Il est possible de monter à 1,45. En donnant un peu moins de maïs et davantage de fibres, on réduirait la densité de la ration. »

Ce concept d'efficacité alimentaire leur semble un bon outil pour progresser. Et ce d'autant plus que le service apporté par Keenan va jusqu'à peser chaque ingrédient lors de chaque préparation. « La machine calcule le temps de mélange du fourrage grossier, ce qui permet d'obtenir une longueur de brins optimale pour la paille, sans broyer le maïs », apprécie Loïc. En outre, toutes les informations sont enregistrées sur une clé informatique. Elles peuvent être transmises au technicien, ce qui permet d'ajuster la ration. Ce suivi coûte 1 500 €/an, mais les éleveurs pensent le rentabiliser par les gains sur l'efficacité alimentaire et l'état sanitaire du troupeau.

PASCALE LE CANN

Les informations fournies par le robot sont précieuses pour surveiller le troupeau. La mesure du poids, par exemple, donne une bonne idée de l'efficacité de la ration en début de lactation.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement