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SILO DE MAÏS : LE DÉBAT SUR LE COUVERT VÉGÉTAL RELANCÉ

On savait que se passer de bâches était un plus pour réduire la pénibilité du travail. Une étude bourguignonne nous apprend que cela ne nuit pas aux performances laitières attendues, même si la valeur alimentaire de l'ensilage est un peu altérée.

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L'INTÉRÊT D'UN COUVERT VÉGÉTAL DES SILOS à la place d'une bâche est encore l'objet de débats. Un essai de la recherche allemande, mené en 2008 sur maïs, concluait que l'absence de bâche pénalisait la qualité de la fermentation et la valeur nutritive de l'ensilage, conduisant à des pertes de MS importantes (lire L'Éleveur laitier de mars 2009). Une étude toute récente, conduite sous l'égide des chambres d'agriculture, des contrôles laitiers et des lycées agricoles de Bourgogne, relance les interrogations.

Cible de ce travail : sept silos de maïs dans six exploitations laitières de Saône-et-Loire (dont la ferme du lycée de Fontaines), suivis entre janvier et juin 2009 (mesure des pertes physiques, analyse de pH, température, MS, UFL, PDIN, PDIE et butyriques). Les éleveurs ont aussi été questionnés sur leurs façons de faire et leurs résultats de laiterie examinés.

Premiers constats : en l'absence de bâche, la conservation du fourrage paraît bonne. L'écart de pH entre la partie haute et la partie basse du silo se limite en moyenne à 0,2 point (3,8 au lieu de 3,6). « Nous n'avons constaté aucune moisissure, qu'elle soit rose, blanche, bleue ou grise, sur les silos prélevés, souligne Denis Chapuis, animateur du pôle laitier. Au contraire, bien stabilisé, le silo ne repart pas en fermentation. » Visuellement, la partie supérieure des silos étudiés présente une couleur rougie. Le fourrage y est plus humide (29 % de MS, en moyenne, contre 33 %). En revanche, aucun écart n'a été constaté en matière de texture et d'odeur. Les pertes correspondant à la vingtaine de centimètres enlevée varient entre 0,60 et 2,85 % de la MS totale (1,61 % en moyenne).

UNE QUALITÉ DU LAIT NON ALTÉRÉE

L'étude allemande beaucoup plus fine, qui intégrait en outre la baisse du niveau de MS et l'augmentation du taux de cendres constatées dans la partie haute du silo, concluait à un niveau de perte de MS bien plus élevé, de 15 % au moins. « La valeur alimentaire de lapartie haute est plus faible mais les écarts sont limités (- 5 à - 10 % selon les critères retenus : UFL, PDIN-PDIE) », poursuit l'animateur. Autre observation plus favorable au couvert végétal : sans bâche, la qualité du lait n'est pas altérée. « Le niveau des butyriques, très différent d'un silo à l'autre, est plus élevé dans la partie haute du silo (33 041 spores par gramme d'ensilage contre 3 476), mais on ne les retrouve pas dans le lait, observent Denis Chapuis et Guillaume Dupuits, directeur de la ferme du lycée de Fontaines. Les conditions humides lors de la réalisation des ensilages 2008 expliquent davantage les écarts constatés. De la terre a été rapportée dans certains silos. Par ailleurs, en matière de butyriques, la qualité du couchage, l'hygiène et l'environnement de traite influencent plus sûrement la qualité du lait que la couverture végétale. »

Sur les performances laitières et sur la santé des vaches, aucun impact négatif n'a été enregistré. « Empiriquement, note Guillaume Dupuits, la technique donne satisfaction. L'hiver dernier, les performances de nos laitières correspondaient tout à fait à la ration calculée. Il n'y a eu aucun refus. Par ailleurs, du point de vue sanitaire, le passage à la couverture végétale présente un atout : les rats ne peuvent plus se cacher dans les pneus. »

Pas de doute sur ce point, passer à une couverture végétale a indiscutablement un coût lié à la perte de maïs qu'il faut accepter. Et cet impact économique peut être très lourd si l'on se réfère aux conclusions de l'essai allemand, moins si l'on s'en tient à l'étude bourguignonne. Pour autant, les éleveurs de Saône-et-Loire qui ont franchi le pas estiment que cet inconvénient est compensé par l'amélioration des conditions de travail (gain de temps et réduction de la pénibilité). Les conditions de fin de chantier, en particulier, sont considérablement simplifiées. La reprise est également facilitée. Fini les bâches à remuer par temps froid et humide.

Compte tenu de ces résultats sur le maïs, plusieurs exploitations de Saône-et-Loire sont d'ailleurs en train d'expérimenter le couvert végétal sur silo d'herbe. C'est le cas du Gaec La Roche des Beaumes, à Saint-Denis-des-Vaux. Pionniers de la technique il y a dix ans, Emmanuel Donet et ses associés ont réalisé, en mai dernier et pour la seconde année consécutive, un silo sans bâche et sans pneus. Les résultats d'analyse seront disponibles en fin d'année.

ANNE BRÉHIER

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