LA RECHERCHE SUISSE VALIDE LE CRÉNEAU CIBLÉ DU LALSIL DRY

COCKTAIL DE BACTÉRIES HOMO(1) ET HÉTÉROFERMENTAIRES(2) AINSI QUE D'ENZYMES, le conservateur Lalsil dry n'est pas recommandé(3) pour rien par la société Lallemand, son concepteur pour les ensilages bien préfanés, à plus de 30 % de MS. Témoin, le double essai réalisé en Suisse par la station de recherche Agroscope Liebefeld - Posieux, à l'occasion de son homologation et du test d'efficacité qui va avec.

Premier essai avec un fourrage délicat à ensiler

Le premier essai a été mené sur les deux coupes d'un mélange mi-luzerne. Ce fourrage, moyennement facile à ensiler, plutôt pauvre en sucres (68 et 81 g/kg de MS) et avec un pouvoir tampon plutôt élevé (66 et 70) a été récolté à un taux de MS un peu inférieur aux 30 % (28,8 et 29,7 %) préconisés pour ce conservateur. Résultat : moins d'acide butyrique produit avec le Lalsil Dry sur la seconde coupe (10 g/kg contre 2 g), la première coupe n'ayant pas posé de souci particulier. Cela tient à la baisse rapide du pH enregistrée sous l'effet des bactéries homo fermentaires dont le rôle est de produire de l'acide lactique (pH à trois jours de 4,8, contre 6,5 sans conservateur sur la première coupe, 4,6 contre 5,7 sur la seconde coupe). Deuxième point positif pour le Lalsil Dry : une moindre dégradation des protéines (N-NH3/N total de 13 % contre 16,2 % sur la première coupe, 11,1 % contre 16,5 % sur la seconde coupe).

En revanche, sur les deux coupes, l'ensilage traité a révélé des quantités plus importantes d'acide acétique (50 g/kg de MS contre 27 g sur la première coupe, 49 g/kg de MS contre 19 g/kg dans la seconde). D'où pour Ueli Wyss, en charge de ces essais, des interrogations légitimes sur l'ingestion par les animaux. « L'acide acétique pris isolément peut potentiellement réduire l'appétence du fourrage, mais à des taux beaucoup plus élevés que ceux-ci », tempère Julien Sindou, responsable technique chez Lallemand. Et de poursuivre : « Pour juger des effets possibles sur l'ingestion, il faut aussi prendre en compte, pour l'ensilage traité, deux critères qui lui sont ici favorables : la meilleure stabilité attendue après l'ouverture du silo (baisse des échauffements) et la diminution constatée de la protéolyse. »

Cette production d'acide acétique est le fruit attendu de l'utilisation par les bactéries hétéro fermentaires (présentes pour améliorer la stabilité aérobie de l'ensilage) de l'acide lactique préalablement produit par les bactéries homo fermentaires. En découle une teneur en acide lactique bien moindre de l'ensilage avec Lalsil Dry (38 contre 94 g/kg de MS sur la première coupe, 48 contre 64 g/kg de MS sur la seconde) et la remontée du pH qui va avec. On aurait pu attendre mieux qu'un pH de 5. Et l'on aurait à coup sûr fait mieux avec un conservateur de la gamme Lalsil, plus adapté à ces moins de 30 % de MS.

Deuxième essai avec un fourrage facile à ensiler

Le deuxième essai a été conduit sur un fourrage plus facile à ensiler (forte proportion de ray-grass), car bien plus riche en sucres et avec un pouvoir tampon plus faible (voir tableau). Autre condition favorable au Lalsil Dry : le taux de matière sèche du fourrage bien supérieur à 30 %. Dans ce contexte, le conservateur a collectionné les bons points : baisse plus rapide du pH et maintien à un niveau proche de 4 ; production plus importante d'acide lactique (effet moins marqué sur la troisième coupe à plus de 50 % de MS) ; production beaucoup plus modérée d'acide acétique qu'avec un fourrage à moins de 30 % de MS ; moindre dégradation des protéines (là aussi, effet moins marqué à 50 % de MS). Au-delà, les bactéries hétéro fermentaires de type buchneri du Lalsil Dry se sont révélées, comme attendu, très efficaces pour améliorer la stabilité aérobie. C'est-à-dire pour ralentir les post-fermentations et les échauffements à l'ouverture d'un silo, nuisibles à la valeur nutritive de l'ensilage et entraînant des pertes. L'ensilage traité avec Lalsil Dry, comme le témoin positif (avec un conservateur chimique), est resté sans chauffer pendant neuf jours après ouverture du silo, quand celui sans conservateur a commencé à s'échauffer dès le premier jour.

JEAN-MICHEL VOCORET

(1) Pédiococcus acidilactici MA 18/5M.(2) Lactobacillus buchneri NCIMB 40788.(3) Préconisé à la dose de 250 g pour 50 t de fourrage vert, soit un coût de 2,90 euros/t.