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« Cibler les vaches en difficulté avant qu’elles le soient vraiment »

Acétonémie. En détectant les vaches en déficit énergétique ou en acétonémie sub­clinique, le Gaec Jeannerod espère mieux maîtriser ses performances en reproduction.

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Le Gaec Jeannerod ne s’est pas fait prier quand Conseil Élevage 25-90 lui a proposé son service NRJ’Mir. « Détecter les vaches en déficit énergétique ou en acétonémie subclinique pour 0,20 €/VL/contrôle sur la période des cent premiers jours de lactation nous est apparu dérisoire par rapport au bénéfice attendu », résume Kévin (24 ans), installé en 2014 avec son père Denis (52 ans) et son oncle Sylvain (47 ans). Ce n’est pas que l’acétonémie soit ici un vrai problème. Mais encore fallait-il vérifier que dans ce troupeau, dont la moyenne tutoie les 8 000 kg/VL, il n’y avait pas un souci sous-jacent de déficit énergétique ou d’acétonémie subclinique, expliquant son point faible : la maîtrise de la reproduction. En 2015-2016, le taux de réussite à la première IA n’a été que de 52 % sur les vaches (60 % sur les génisses), 43 % l’année précédente où le nombre important d’IA sexées n’a pas aidé.

« Éviter à tout prix de décaler les vêlages »

Le sujet n’est pas anodin pour cette exploitation. Car qui dit décalage des vêlages, dit risque de pénaliser la production et de ne pas atteindre un chiffre d’affaires suffisant pour trois UTH. Le fait est que ce Gaec évolue dans le contexte particulier de l’installation récente de Kévin et, avec elle, de 90 000 litres supplémentaires à produire (retour du bassin Grand Est aux JA), à SAU, et surtout, à bâtiments constants. Ainsi, depuis deux ans, la soixantaine de laitières est conduite dans la stabulation qui, auparavant, accueillait vaches et génisses. Vaches trayantes et taries s’y partagent les 66 places de logettes et 63 places au cornadis. Les génisses d’élevage se ventilent depuis entre l’étable entravée (43 places) et une stabulation annexe (20 places). On l’imagine aisément, la moyenne par vache a progressé de façon sensible pour digérer ce lait supplémentaire. De 7 500 kg/VL, on est passé à 7 900 kg à 38,1 de TB et 32,7 de TP… Avec 1,4 t de concentré par VL. Niveau moyen des multipares au premier contrôle : 32,3 kg, 26 kg pour les primipares. « On est aujourd’hui au taquet dans nos conditions de bâtiment », note Sylvain.

De l’année de suivi avec NRJ’Mir, on retiendra qu’ici, très peu de vaches sont touchées par l’acétonémie. Aucune en acétonémie sévère, tout au plus depuis septembre, une ou deux vaches au maximum par mois ont été notées 0 + ou 1 (une fois trois).

«  Un tarissement bien maîtrisé »

Quatre contrôles ont aussi révélé 100 % de vaches saines. « Détecter ces animaux nous permet d’être plus vigilants et de suivre l’évolution de leur amaigrissement, voire d’ajuster la mise à la reproduction en conséquence. Ce n’est que ponctuellement, sur des bêtes continuant exagérément de maigrir, que nous avons eu recours à l’apport de monopropylene glycol », explique Kévin. Ceci après prescription vétérinaire, ce produit n’étant pas autorisé en filière AOC comté.

Cette situation favorable au regard du risque d’acétonémie ne surprend pas Étienne Defrasne, conseiller du Gaec. « La conduite du tarissement à 60-65 jours est maîtrisée. Ici, les vaches y arrivent en état. Rien à dire non plus sur la préparation au vêlage. » Les taries sont introduites dans le troupeau 15 jours avant terme et ont accès au Dac pour recevoir 1 kg de chacun des deux aliments de production (VL 3 l et complémentaire azoté). Cela vaut aussi pour les génisses à vêler.

Le choix d’un concentré suffisamment riche en énergie pour complémenter la ration foin-regain concourt aussi à cette situation à faible risque pour les cétoses. Ce VL 3 litres à 1,18 UFL/kg s’est avéré très judicieux avec les foins de 2015… Moins avec ceux de 2016, très pauvres en azote soluble (48 de PDIN), mais aussi déficitaires en sucre, imposant un recalage rapide de la ration prévue. Ceci après le contrôle décevant de novembre (21,8 kg/VL) et la détection par NRJ’Mir de cinq laitières et deux primipares en cétose subclinique, du jamais vu. La correction apportée a logiquement consisté à rajouter du tourteau et de la pulpe déshydratée.

« Un ajustement conseillé sur la période 0-6 mois »

Dans cet élevage épargné par l’acétonémie, NRJ’Mir aura aussi mis le doigt sur un détail qui mériterait sans doute d’être travaillé. Sur les 16 animaux 0 + ou 1 détectés de septembre 2015 à octobre 2016, 9 étaient des primipares. « On y retrouve sans surprise des jeunes bêtes exprimant beaucoup de potentiel », note Sylvain.

Étienne Defrasne, qui a mesuré la croissance de ces génisses, a sa petite idée sur la cause : la conduite pendant la période stratégique de 0 à 6 mois. « Il faudrait qu’à 6 mois, les veaux pointent bien à 130 cm de tour de poitrine, objectif pour un vêlage à 30 mois, et pas à 125 cm comme observé. » D’où son conseil : opter pour un aliment d’allaitement à 60 % plutôt qu’à 40 % de lait et retenir après sevrage un aliment à 22 de MAT, plutôt que 18 de MAT pour compléter le foin distribué.

Jean-Michel Vocoret

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