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Crise agricole En Normandie, les « appels paniques » des producteurs en quête d'une bouée bio

Villers-Bocage (France), 1 mars 2016 (AFP) - En Normandie, le groupement des agriculteurs biologiques est submergé comme jamais par les appels « paniques » de producteurs conventionnels qui espèrent s'en sortir en se convertissant à l'agriculture bio.

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« Lors de la dernière crise en 2009, on avait eu une vague de demandes de conversion mais là, c'est une explosion, du jamais vu. On a un appel par jour. Des appels paniques de conventionnels prêts à se lancer, même sans aide », explique Thierry Restout, vice-président de l'association de producteurs Agrobio Basse-Normandie (ABN), interrogé par l'AFP en marge de l'assemblée générale des agriculteurs bio du Calvados, jeudi à Villers-Bocage.

Plus de la moitié des appels proviennent de producteurs de lait, précise Guillaume Fernagu, coordinateur d'ABN. « On gère l'urgence. On a du mal à traiter tous les dossiers. Un diagnostic pour une ferme demande trois ou quatre jours. Or, on n'a que 4,5 salariés qui y travaillent », poursuit Thierry Restout, lui-même producteur de lait.

Pour se lancer, il faut un minimum de trésorerie et le virage est plus facile à négocier quand on a déjà une bonne part d'herbe dans l'alimentation des bêtes que lorsqu'on est dans le « tout maïs » acheté à l'extérieur. Et certains conventionnels sont aujourd'hui dans une situation financière trop dégradée pour pouvoir trouver une laiterie avec qui contractualiser avant les deux ans de conversion. Répondre à ces urgences est d'autant plus difficile que le « flou » règne sur les aides, souligne Thierry Restout.

Jeudi la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB) a dans un communiqué tiré la sonnette d'alarme. « Les aides à la conversion et au maintien en biologique sont gravement menacées » car « le nombre croissant d'agriculteurs qui souhaitent y passer a été largement sous-estimé ! », déplore la FNAB. Les enveloppes prévues pour 2015-2020 sont déjà épuisées dans certaines régions, s'alarme la FNAB.

La demande de lait bio en revanche est toujours là, assure ABN. « Pour l'instant on trouve des laiteries mais ce ne sera peut-être pas le cas dans un mois car leur demande est par à coups », explique Guillaume Fernagu. Face à l'afflux, « la porte est ouverte » mais les « dossiers sont regardés de très près », a indiqué à l'AFP Christophe Baron, président de Biolait.

La collecte de lait de vache biologique a doublé depuis 2009 à 558 millions de litres mais ne représente que 2,26 % de la collecte en France, selon l'Agence bio. La France comptait 2.373 exploitations laitières bio fin 2014, soit 65 % de plus qu'en 2009.

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