Exploitations laitières Une installation pour 3,8 départs entre 2000 et 2010
Le nombre d’exploitations laitières a baissé de 4,4 % par an entre 2000 et 2010 contre 2,7 % environ, toutes filières confondues. Outre le départ à la retraite d’éleveurs âgés, la diminution du nombre d’élevages s’explique par des reconversions vers d’autres activités et par la faible attractivité du secteur dans les zones où l’élevage n’est pas une activité dominante.
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Ces dix dernières années, la baisse du nombre d’exploitations laitières s’explique par différents phénomènes convergents, d’ampleur variable selon les territoires. C’est ce que révèle une étude réalisée conjointement par Christophe Perrot (Inra) d’une part et, Didier Cébron et Marie-Anne Lapuyade (Institut de l‘Élevage) d’autre part, sur la base des 77.000 exploitations laitières alors en activité.
« Près d’un quart des exploitations laitières est situé en montagne-piémont. Plus petites, plus spécialisées et plus herbagères, elles misent plus souvent sur la qualité fromagère du lait ou sa transformation à la ferme. Une petite moitié se trouve dans les bassins laitiers des zones d’élevage de plaine. Enfin, près d’un tiers, disposant souvent de quotas importants, est dispersé dans des zones de polyculture-élevage. »
Entre 2000 et 2010, derniers chiffres réellement connus, on dénombrait 4,4 % d’exploitations en moins chaque année. Ces disparitions et l'augmentation de leur quota moyen de 37 % sont deux phénomènes concomitants.
Les raisons sont essentiellement le départ à la retraite des éleveurs les plus âgés mais pas seulement. En effet, le taux de départ en retraite est peu différent d’un territoire à l’autre (sauf dans le Jura) or la diminution du nombre d’exploitations varie en revanche fortement.
Ainsi, une installation peut se traduire par une disparition si elle est associée à un regroupement. En revanche, elle contribue évidemment à maintenir un nombre de paysans en activité.
L'agrandissement en cause
C’est l'agrandissement des élevages sans installation, lié à une mobilité croissante des quotas sans foncier, qui fait baisser le nombre d’exploitations et contribue à l’hémorragie des éleveurs dans les zones rurales.
Ce phénomène est corrélé par des cessations d'activité laitières liées à des arrêts précoces de la seule activité laitière (reconversion avant la retraite), dont le taux peut varier fortement selon les conditions économiques de la production des différents territoires laitiers. Entre 2000 et 2007, ce taux d’arrêt précoce varie ainsi de un à quatre entre le Jura et les zones à faible densité laitière. Depuis 2007, le rythme de disparition des livreurs de lait est particulièrement élevé dans certains départements de Poitou-Charentes et du Sud-Ouest (Agreste Enquête annuelle laitière).
C’est aussi dans ces mêmes régions de faible densité laitière où les taux de reprise sont relativement rares: 1 installation pour près de 7 départs entre 2000 et 2010. La baisse du nombre des exploitations laitières approche ainsi les 50 % entre 2000 et 2010, et l'augmentation du quota moyen par exploitation atteint les 88 %.
« Les nouveaux rapports de prix et de rentabilité entre productions végétales et animales, dans ces zones où la production laitière est peu dense, réduisent les incitations à s'installer dans la production laitière, et ont favorisé des redistributions importantes de quotas », notre l’étude du ministère de l’Agriculture. « Cependant, avec une taille moyenne des troupeaux qui n'augmente pas davantage que dans les plaines à forte densité laitière, les quotas de la plupart de ces exploitations ne sont pas totalement réalisés ».
Reprises plus fréquentes en zones de montagne
À l’inverse, les taux de reprises sont d'autant plus élevés que les conditions socio-économiques territoriales de l'activité laitière sont bonnes. Et c’est dans ces territoires que la baisse du nombre d’exploitations laitières diminue le moins.
Ainsi, dans certaines zones de montagne (Jura, nord des Alpes, ouest du Massif Central), les installations sont relativement plus fréquentes.
« Dans le Jura, avec 1 installation pour environ 2 départs, la baisse du nombre des exploitations se limite à 22 % entre 2000 et 2010 et la hausse du quota moyen n'atteint pas les 40 %. Les filières fromagères sous appellation ont sans doute favorisé ces installations, pour l’essentiel dans un cadre familial, et limité les possibilités agrandissements des autres exploitations (+ 9 vaches laitières par exploitation en zones de montagne, soit + 31 %, contre +16 vaches laitières par exploitation en plaine, soit + 53 %). »
« Dans les bassins laitiers de plaine à forte densité, le taux de remplacement des départs se situe à un niveau intermédiaire : 1 installation pour près de 4 départs. La baisse du nombre des exploitations et l'augmentation du quota moyen par exploitation se situent dans la moyenne nationale.
Mais la taille moyenne des troupeaux s’accroît également fortement, et permet aux exploitations de réaliser plus facilement leurs quotas en constante augmentation. Dans l'Ouest, l'accroissement de la taille moyenne des troupeaux de 48 % est associée à une augmentation moyenne de 66 % des quotas par exploitation. »
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