Accord à Bruxelles La réforme de la Pac saura-t-elle sauver l’élevage ?
Il n’y pas de miracle à attendre de la Pac, seulement des signaux envoyés pour tenter de préserver, en particulier en France, la diversité de notre agriculture et de nos élevages. L'avenir dira s' ils sont bons, mais les aides n'ont jamais fait les revenus agricoles. Ce ne sont pas elles non plus qui rendent attractives les productions animales.
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On n’en a pas fini avec le projet de réforme de la Pac ! Un accord a certes été obtenu in fine par une large majorité des députés de la commission agriculture du Parlement européen mais son application est conditionnée par des décisions de différentes natures à prendre d’ici l’automne.
Les points encore à régler portent en l’occurrence, comme nous l’avons déjà mentionné dans de précédents articles, sur l’extension du paquet lait pour renforcer la capacité d’organisation des producteurs mais surtout de tout ce qui relève des questions financières.
D’ici l’automne prochain, la commission agriculture, la Commission et le Conseil des ministres européens devront en fait trouver à la fois un compromis sur le plafonnement, sur le niveau de transfert des aides du premier et du second pilier mais aussi sur la dégressivité et sur la convergence externe des aides (un accord a été trouvé sur la convergence interne).
La raison invoquée est l’absence de mandat du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement confié aux ministres de l’Agriculture.
En fait, la réforme de la Pac est à ce jour l’otage de la réforme du cadre financier pluriannuel de l’Union européenne pour 2014/2020 qui rend sur certains points tout accord impossible, donc tout désaccord sur des sujets pour lesquels la chance de trouver un compromis est nulle.
Cette réforme est aussi l’otage d’une différence d’interprétation du traité de Lisbonne qui « a pourtant montré qu’il fonctionne », souligne Simon Coveney. Ces différences portent par exemple sur les compétences des différentes institutions européennes. Le Conseil européen estime devoir décider seul des prix de référence pour déclencher les mécanismes de crise et venir en aide aux agriculteurs alors que la Parlement européen souhaite aussi avoir son mot à dire !
Plus concrètement, voici « à chaud » les principaux éléments de l’accord sur la réforme de la Pac qui concernent directement les productions animales conclu à l’issue d’un dernier trilogue du mercredi 26 juin 2013 qui a mis un terme au marathon de trois jours à Luxembourg puis Bruxelles entre la Commission européenne, le Conseil des ministres de l’agriculture et présidé par l’irlandais Simon Coveney, ainsi que le Parlement européen.
La nouvelle année de référence pour la surface des terres à prendre en considération sera 2014. Les Etats membres qui constateraient une forte augmentation de la superficie éligible en 2014 par raport à 2013 pourront limiter le nombre de droits à paiement à allouer en 2015 à 135 % ou 145 % du nombre d'hectares déclarés.
Dacian Ciolos (Com. EU), Simon Coveney (Irlande) et les quatre rapporteurs du projet de réforme de la Pac du Parlement européen: Paolo de Castro, Luis Capoulas Sangi ,Michel Dantin et G. Lavia , (© Terre-net Média) |
Convergence interne des aides :
Avant 2019, la convergence partielle des aides doit assurer des paiements par hectare au moins équivalents à 60 % de la moyenne régionale ou nationale sans se traduire, pous les agricultuers le splus soutenus, par une perte de plus de 30 % des aides versées par hectare. Ceci dit, la diminution des aides pourra être ajustée en fonction des systèmes de production afin de ne pas les rendre vulnérables.
Les Etats sont libres de faire converger les aides à leur rythme.
A moyen terme, l'objectif recherché de la convergence est d'avoir des agriculteurs qui perçoivent des aides au moins égales à 90 % de la moyenne nationale.
Le recouplage des aides directes à la carte :
Le recouplage porte sur l’enveloppe des aides directes de chaque Etat membre de l’Union.
Le seuil minimal du recouplage retenu pour les Vingt-sept après 2015 (la réforme de la Pac ne devrait pas être appliquée l’an prochain) est de 8 % + 2 % pour les cultures de protéagineux afin de renforcer l’autonomie fourragère des exploitations agricoles.
Lire aussi les deux articles portant sur les principaux contenus de la réforme de la Pac et:
Si durant la période 2010/2014, le taux de recouplage de certains États membres est supérieur à 5 %, le taux de recouplage peut être porté après 2015 à 13 %, plus 2% pour les protéagineux.
Si durant la période 2010/2014, le taux de recouplage est supérieur à 10 % au moins pendant un an, le taux de recouplage peut être supérieur à 13 % après approbation par la Commission. Dans cette hypothèse, aucun recouplage ne semble envisagé mais le plafond de 15 % ne pourra pas être dépassé, semble t-il !
Zones défavorisées: indépendemment des aides du second pilier, des paiements supplémentaires peuvent être octroyés dans les zones soumies à des contraintes naturelles dans la limite de 5 % de l'enveloppe d'aides directes de chaque pays. Ces aides renforceront les soutiens en faveur des cultures protéagineux.
Mesures en faveur des jeunes agriculteurs :
L’aide à l’installation sera financée par les deux piliers de la Pac. Dans tous les Etats membres, les aides directes allouées aux jeunes agriculteurs seront majorées de 25 % pendant cinq ans. Jusqu’à 2 % de l’enveloppe des aides directes de chaque Etat membre seront employés pour majorer ces aides.
Ce soutien du premier pilier s'ajoute aux aides à l'investissement du second pilier déjà en vigueur et cofinancées par les Etats membres.
Verdissement :
Le verdissement des aides sera obligatoire, à hauteur de 30 % de l’enveloppe des aides directes.
En revanche, il n’y aura pas de double financement. Autrement dit, le verdissement comprendra un socle de mesures financées par les 30 % des aides du premier pilier allouées à cet effet auxquelles pourront s’ajouter des mesures agroenvironnementales qui relèvent, quant à elles, du second pilier.
Le verdissement impose une diversification des cultures:
- au moins deux cultures différentes pour des exploitations de plus de 10 ha,
- au moins trois cultures différentes au-delà de 30 ha, la culture principale ne devant pas couvrir plus de 75 % des terres arables et les deux cultures principales peuvent occuper plus de 95 % de cette même surface.
Au-delà d’une surface de 15 hectares, (hors prairies permamentes - autrement dit, en ne prenant en compte que les surfaces en cultures arables), les agriculteurs devront veiller à ce que 5 % de leur surface soient en zones d'intérêt écologique (Set) à partir du 1er janvier 2015, et non 2014.
Après rapport à mi-étape de la Commission européenne, ce taux pourra être porté à 7 % en 2017.
Comme la prise en compte des anomalies topographiques, un système d’équivalence de verdissement sera mis en place pour évaluer le bénéfice de certaines pratiques pour l'environnement. Ainsi, les agriculteurs biologiques ne seront soumis à aucune nouvelle exigence.
Pour les Etats membres, peuvent être assimilés à une Set :
- les terres en jachère ;
- les terrasses ;
- les bandes tampons sans fertilisation ni pesticides, y compris les bandes tampons couvertes par les prairies permanentes pâturées ou coupées ;
- les hectares éligibles à l'agroforesterie ;
- des bandes de terre admissibles le long des bords des forêts ;
- les zones avec des taillis à courte rotation ;
- les zones boisées ;
- les cultures dérobées ou soumis à la couverture verte (cœfficient de pondération) ;
- les zones avec des plantes fixatrices d'azote.
Les États membres peuvent décider que d'autres surfaces soient inclues sur leur territoire dans le domaine d'intervention écologique.
A l’échelle des exploitations, les Set pourront être évidemment une combinaison de surfaces de natures différentes affectées de cœfficient de pondération. Une grille d’équivalence écologique sera à cette occasion établie.
Certaines exploitations ne sont pas tenues de réserver une surface d’intérêt écologique. Il s’agit entre autres des fermes où :
- plus de 75 % de la superficie agricole admissible sont des prairies ou bien sont consacrés à des cultures qui sont sous l'eau pendant une grande partie de l'année ou pour une partie importante du cycle de culture ou d'une combinaison de ces utilisations ;
- plus de 75 % des terres arables de l'exploitation sont entièrement utilisées pour la production d'herbe ou autres plantes fourragères herbacées, des terres en friche pose, consacrées à des cultures de légumineuses, ou soumis à une combinaison de ces usages.
« Par ailleurs, les exploitations situées dans les zones « soumises à des contraintes naturelles » sont sous certaines conditions exonérées (plus de 50 % de la surface en forêt) ».
« La Commission sera habilitée à adopter des actes fixant des critères supplémentaires pour considérer de nouvelles zones « d'intérêt écologique ». Elle veillera à ce qu'elles visent à améliorer la performance générale de l'environnement de l'exploitation, en particulier en ce qui concerne la biodiversité, l'amélioration de la qualité des sols et de l'eau, le paysage et rencontrer l'atténuation du changement climatique et les objectifs d'adaptation. »
En revanche, l'accord prévoit des pénalités pouvant atteindre jusqu'à 125 % du montant des aides qu'ils auraient dû recevoir à partir de 2017 au titre du verdissement des pratiques culturales si les règles (rotation, prairies permanentes, Set) ne sont pas appliquées.
La rédaction reviendra ultérieurement sur les autres chapitres de la réforme.
A lire également: Les négociations, la finalisation de l'accord, les réaction: la réforme de la Pac en direct |
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