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Apport de composts, fumiers ou lisiers Que deviennent les graines des « mauvaises herbes » ?

Vulpin, brome, fétuque, pâturin… les graines de la famille des Poacées résistent bien dans les effluents d’élevage et les composts de déchets verts. L’Inra a suivi le parcours de ces graines, de l’animal jusqu’à leur germination au champ.

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L’azote fourni par le fumier composté favorise la germination estivale des graines d’adventices produites après l’apport du fumier. Les plantules seront ensuite détruites lors de la préparation du sol pour les semis d’automne... C'est la technique du faux semis.
(© Terre-net Média)
Des chercheurs des centres Inra de Dijon et de Versailles-Grignon se sont intéressés au devenir des graines d’adventices présentes dans les effluents d’élevage et les composts de déchets apportés aux cultures. Les scientifiques ont mis en évidence que les matières organiques d’origine animale étaient celles qui renfermaient le plus de graines susceptibles de germer (jusqu’à 85 graines par kg de matière sèche). À l’inverse, les composts de déchets urbains et verts en étaient quasiment exempts.

Au total, une vingtaine d’espèces végétales ont été identifiées dans ces matières organiques : la majorité appartenait à la famille des Poacées (brome, fétuque, ivraie, pâturin et autre pied-de-coq…). On y trouvait également du trèfle et du blé tendre.

Ces graines parviennent à résister dans le transit intestinal des animaux. Elles peuvent également être présentes dans les pailles des litières ou venir de la dispersion par le vent sur les lieux de stockage des effluents.

L’apport de fumier bénéfique dans les parcelles déjà infestées d’adventices

Le point sensible de ces matières organiques n’est pas tant la quantité de graines d’adventices qu’elles contiennent, mais la quantité d’azote qu’elles apportent et qui est susceptible de modifier le cycle de vie des adventices étudiées. Les chercheurs ont simulé les effets de l’épandage de fumier composté, sur la dynamique d’adventices de la famille des Poacées, telles que le vulpin des champs. Ces simulations ont montré que dans les parcelles agricoles dépourvues d’adventices, l’apport de fumier composté peut être une source d’adventices. Par contre, dans les parcelles déjà infestées par des adventices, l’apport de fumier peut avoir un effet bénéfique.

En effet, l’azote apporté par le fumier composté favorise la germination estivale des graines d’adventices produites après l’apport du fumier. Or, les opérations culturales (travail du sol, traitements herbicides) pour préparer le sol au semis des cultures empêchent les jeunes plantes de terminer leur développement et de se reproduire à leur tour, contribuant à la diminution de l’infestation.

Par ailleurs, le fait d’enfouir le fumier par un labour réduit considérablement les effets sur les adventices : l’augmentation de l’infestation dans les parcelles initialement propres devient alors négligeable. En effet, le labour enfouit l’essentiel des semences à une profondeur où elles peuvent difficilement lever.

La montée en température des composts réduit le potentiel germinatif des graines

L’ensemble de ces travaux amène à considérer différemment les matières organiques d’origine végétale ou animale en termes de risque de développement des adventices. D’un côté, le stockage en fosse des lisiers dépourvus de litière prévient la dégradation des graines ; de l’autre, la montée en température des composts urbains favorise la dégradation des graines déjà peu présentes à la base.

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