Filière porcine Mise aux normes, retrait des aides et prix bas : les éleveurs tirent la sonnette d’alarme
Face à l’approche de la date butoir pour la mise aux normes, à la non reconduction du dispositif d’aide à l’investissement, mais aussi au maintien inexorable de prix bas, les éleveurs de porcs tirent la sonnette d’alarme et demandent le soutien des pouvoirs publics. Le ministère de l’Agriculture, lui, publie un rapport sur l’état de santé de la filière et émet quelques propositions pour la sortir de sa « léthargie ».
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Les éleveurs de porcs de l'Onep, la branche porcine de la Coordination rurale, d’abord, réunis le 2 mai en Ile-et-Vilaine, ont fait leurs comptes. « Dans les années 80/90, la moyenne était de 1,46 €/kg. Or, depuis les années 2000, la moyenne s'est stabilisée à 1,18 € et le prix actuel est de 1,30 €. Les coûts de production, à 1,70 €/kg, sont tirés par des prix alimentaires au plus haut. » Et les éleveurs d’en tirer leurs conclusions : « Ces dix dernières années, un tiers des élevages a disparu. La filière porcine française, en souffrance, est passée du premier au quatrième rang européen. »
Mises aux normes « insurmontables »
Dans ce contexte, les producteurs ne voient pas l’avenir de la filière s’éclaircir dans les prochains mois, loin de là. Ils s’inquiètent de l’obligation de mettre au normes leur batîments, pour respecter la réglementation sur le bien-être des truies, dont la date butoir fixée au 1er janvier 2013 approche à grand pas.
« Près de deux éleveurs sur trois auront à effectuer leurs mises aux normes truies gestantes dans les prochains mois », explique la Fédération nationale porcine, qui tiendra son congrès le 1er juin prochain à Saint-Lô, dans la Manche. « Le ministère de l'Agriculture annonce à ce jour que 10 % des éleveurs ne savent pas s'ils feront les travaux et 12 % arrêteront le naissage », indique l’Onep. Aides aux mises aux normes non reconduites en 2012
Tout comme l’Onep, la branche porcine de la Fnsea dénonce la non-reconduction pour 2012, décidée en décembre 2011 par l’Administration, du dispositif d’aide à l’investissement pour l’amélioration des pratiques en élevage de porcs.
Les éleveurs de porcs « oubliés » des pouvoirs publics
« Cela laisse l’impression amère que le ministère de l’Agriculture et FranceAgriMer ont oublié plus de quatre années de crise porcine qui ont conduit à des retards d’investissement conséquents », poursuit le syndicat. Une décision jugée d’autant plus regrettable que « la production porcine ne bénéficie pas du Plan de modernisation des bâtiments d’élevage au niveau national et rarement au niveau régional ».
Après avoir mis en demeure la France pour la non-conformité de nombreux élevage de poules pondeuses, suite aux nouvelles normes applicables depuis le 1er janvier 2012, la Commission européenne avait laissé entendre, qu’elle serait davantage intransigeante sur la mise aux normes des bâtiments porcins.
« Peu d'informations circulent sur les risques encourus pour le non respect de ces mises aux normes, regrette l’Onep. Les éleveurs doivent s'attendre à de lourdes sanctions : amendes de 135 euros par animal, astreintes journalières et suspension d'activité. D'autres sanctions sont à l'étude à la Commission européenne. »
L’Onep demande ainsi « le report de la date butoir tant que les prix payés aux producteurs ne seront pas rémunérateurs. »
« Augmenter la production pour consolider la compétitivité de la filière française »
Faisant fi des risques de baisse de la production en raison d’arrêts d’activité de la part de nombreux éleveurs, le ministère s’affiche étonnement plus optimiste, dans un rapport sur l’avenir de la filière, publié le 9 mai 2012. Il estime que les éleveurs français pourraient augmenter leur production « jusqu'à 27 millions de porcs annuels à l'horizon 2020, soit 1,8 millions de plus par rapport à 2010 ».
Pour les pouvoirs publics, la mise aux normes des ateliers de truies gestantes d’ici le 1er janvier 2013 ne semble pas être un défi en soi. Ils listent, dans leur rapport, 17 recommandations, dont 5 à mettre prioritairement en œuvre, pour parvenir à augmenter la production.
Parmi ces recommandations, le ministère de l’Agriculture prône le développement, « dans les zones périphériques aux zones de forte densité d’élevage, de nouveaux élevages, le plus possible liés au sol et de taille suffisante leur permettant d'amortir les technologies “high tech” de maîtrise des rejets. »
Par ailleurs, il souhaite voir s’organiser, « en zone de forte densité d'élevages, une production de masse d'amendements organiques ou de composts normalisés à destination des zones céréalières. » Pour gagner en compétitivité, il faudrait aussi « réduire, à l'initiative des entreprises, la capacité d'abattage en Bretagne ».
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