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Engraissement de jeunes bovins Une aide pour précipiter les éleveurs vers la contractualisation

L’aide à l’engraissement de jeunes bovins, mise en place pour 2012, se transforme, aux yeux des éleveurs, en aide à l’incitation à la contractualisation en filière bovine. Les syndicats en dénoncent les critères d’éligibilité, et notamment l’obligation de signer, d’ici le 15 mai 2012, un contrat avec un abatteur, dont les modalités ne conviennent pas aux éleveurs.

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L'aide à l'engraissement de jeunes bovins n'est accessible qu'aux éleveurs qui élèvent au moins 50 animaux
éligibles sur leur exploitation. (© Terre-net Média)

Avec plus ou moins de détermination, les syndicats montent au créneau contre les modalités d’attribution de l’aide à l’engraissement de jeunes bovins, que Bruno Le Maire avait promise il y a plusieurs mois pour relancer la filière. La Confédération paysanne suggère même à tous les éleveurs de jeunes bovins d'enrayer la mécanique de demande d'aides en adresssant leur formulaire sans tenir compte des critères d'attribution.

Outre le montant annuel de 8 millions d’euros, jugé insuffisant pour dynamiser le secteur, la Fnsea, la Coordination rurale et la Confédération paysanne critiquent, voire dénoncent tour à tour les critères d’éligibilité de cette aide.

Selon la circulaire, que le ministre de l’Agriculture a publiée le 13 avril 2012, un mois seulement avant la date limite du 15 mai pour déposer une demande d’aide, le seuil d’éligibilité est fixé à 50 jeunes bovins.

« Ce seuil minimum de bovins est inadapté à la réalité des élevages », critique la Fnb, qui indique qu’elle avait demandé un seuil à 30 animaux et non 50.

Pour la CR, « ce seuil arbitraire exclut du dispositif de nombreux éleveurs de bovins viande spécialisés, comme par exemple certains naisseurs-engraisseurs. Ainsi, les éleveurs sont incités à s'endetter toujours plus, pour produire toujours plus, sans pour autant améliorer la rentabilité de leur exploitation. »

La Confédération paysanne, elle, veut une aide plafonnée à 50 animaux et accessible pour les premiers bovins engraissés. Le syndicat, dénonce surtout l’attitude des abattoirs, de Coop de France et de la Fnb qui, selon lui, « sont parvenus à leur objectif avec le soutien de Bruno le Maire ». Elle l’avait fait savoir en occupant les locaux de Coop de France fin mars 2012.

« Les éleveurs devront s’enchaîner à un abatteur ou à une coopérative »

Outre le nombre d’animaux éligibles, l’aide ne constitue, pour les trois syndicats, qu’un moyen pour imposer, dans la précipitation, des contrats avec les industriels dont les modalités sont jugées unanimement inacceptables.

« Le Sniv a bloqué le cadre-type interprofessionnel qui prévoyait des contrats avec prise en compte du coût de production, et la circulaire du ministère n’impose pas cette disposition, explique la Fnb. L’aide oblige les éleveurs et les abatteurs à agir dans la précipitation, en totale contradiction avec l’objectif initial de vraie structuration des relations filière. »

« Pour bénéficier de quelques euros, les éleveurs devront s’enchaîner à un abatteur ou à une coopérative, poursuit la Coordination rurale. Les modalités de l'aide avantagent outrageusement les Opc vis à vis des négociants et des Opnc qui ne pourront pas proposer de contrat. »

« Hormis des engagements éleveurs-abatteurs, seules les adhésions aux coopératives contractualisant avec un abatteur pourront servir de justificatifs aux éleveurs. Une fois les éleveurs engagés dans ces démarches, qu'est ce qui empêchera les Opc de récupérer par les prix le montant de cette aide, comme cela a déjà été le cas par le passé avec d'autres aides ? » s’interroge le syndicat.

« L’obligation de contractualisation n’a aucun sens dans son état actuel d’avancement, renchérit la Confédération paysanne. Les contrats “bidons” signés ces jours-ci avec les OP ne sont qu’une assurance pour les abattoirs d’avoir de la marchandise, sans obligation de prix, ni d’indexation sur les coûts de production. »

Appel à ne pas signer de contrat

Dans ce contexte, la Fnb renouvelle « son appel aux éleveurs de ne pas signer des contrats au rabais qui n’offrent aucune garantie en l’absence d’une référence au coût de production et s’assimilent plus à un bon de livraison à l’abatteur ! »

De son côté, la Confédération paysanne envisage « d’attaquer la circulaire ». Le syndicat appelle par ailleurs « tous les éleveurs de jeunes bovins à remplir le formulaire de demande d’aide avant le 15 mai, quelqu’en soit le nombre, la race, leur adhésion ou non à une OP , la possession ou non de contrats. »

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