Election présidentielle 2012 Après le défilé des candidats, la France agricole toujours civique
Les agriculteurs présents au Salon de la porte de Versailles, qui ont assisté au défilé des candidats à la présidentielle, sont bien disposés à se faire entendre dans les urnes dans quelques semaines, malgré la crise et les déceptions.
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Cet électeur de Sarkozy en 2007, qui affirme ne pas encore avoir fait son choix, veut interpeller les candidats sur des sujets ponctuels, Eva Joly jeudi sur le loup, Marine Le Pen vendredi sur le halal parce que « c'est elle qui a accusé la profession (Ndlr : de ne faire que du halal en Ile-de-France) ».
« Je suis descendu exprès pour ça, pour interpeller les élus de Haute-Savoie », raconte à l'Afp Noël Anthonioz, venu du village des Gets près de Morzine, où il fabrique du fromage. « On a un mal fou à faire vivre notre petite ferme avec une quinzaine de vaches et une trentaine de chèvres ».
« Les promesses d'une journée ne suffisent pas »
« Nous qui sommes du pays, on n'a plus de prairies permanentes pour passer l'hiver. On est entouré de résidences secondaires vides 95 % du temps, donc nous sommes un peu agacés », dit avec émotion le quadragénaire, qui a fait part de ses problèmes au ministre Bruno Le Maire. Pour défendre les intérêts des agriculteurs français lors de la réforme de la Pac en 2013, il ferait confiance à François Bayrou, le candidat du Modem, fils de paysan et qui s'est posé dimanche au Salon en avocat de la cause agricole.
« En 2009, sur 600.000 euros de chiffres d'affaires, on a perdu 150.000 euros » : André Michel, éleveur à Biesles à côté de Chaumont (Haute-Marne), garde en mémoire les chiffres et les cicatrices de la crise du lait. « Les promesses d'une journée ne suffisent pas. Il faut un travail de longue haleine, et malheureusement, on entend peu de choses qui sont durables ». « Un agriculteur, c'est un chef d'entreprise, il faut réfléchir entreprise ». Et Nicolas Sarkozy le fait « mieux que d'autres », affirme cet électeur du chef de l'Etat et de la Fnsea.
Nicolas Sarkozy arriverait en tête avec 40 % des voix chez les agriculteurs, selon deux sondages
Le président-candidat arriverait largement en tête avec 40 % des voix chez les agriculteurs, devant Marine Le Pen (Ifop) ou François Bayrou (OpinionWay), selon deux sondages publiés à la veille de l'ouverture du salon. André Michel, qui vient d'un département où le FN a fait de bons scores aux cantonales de 2011, affirme : « ce n'est pas forcément nous, dans notre métier, qui nous tournons vers les extrêmes. Mais j'ai vu des jeunes de 18 ans qui votaient extrême droite ».
« Au premier tour, je voterai pour un petit candidat et probablement qu'au deuxième tour, je voterai blanc », affirme Yvon Riotteau, éleveur à Toutlemonde près de Cholet (Maine-et-Loire), qui dit avoir donné sa voix à Nicolas Sarkozy au second tour en 2007. « J'estime que l'on ne devrait pas voter Ump et PS : ces mecs-là ont créé la crise que nous vivons aujourd'hui », assure cet adhérent de la Coordination rurale.
« Le prix de nos produits a un peu augmenté, mais la quasi-totalité des éleveurs qui sont là travaillent 70 heures par semaine, pour gagner le Smic horaire. Il y en a même une grande partie qui n'est pas au Smic mensuel », ajoute cet exploitant de 200 bêtes sur 115 hectares. « Des campagnes, j'en ai vu pas mal à mon âge et je sais les conneries qui peuvent se raconter. Mais je voterai, à gauche. C'est un peu spécial dans le métier », sourit Paul Urbain, agriculteur retraité dans la Creuse. « Je ne suis pas loin de penser que la terre doit appartenir à celui qui la travaille ».
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