Couverture végétale des silos d'ensilage Fini les pneus, place à l'herbe !
Drôle d'idée que de remplacer les pneus et les bâches des silos d'ensilage par une couverture végétale. Pourtant, cette technique se développe ces dernières années. Des interrogations persistaient cependant sur l’innocuité de ce type d’ensilage, compte tenu des caractéristiques de ces silos et des risques de contaminations potentiels au niveau bactériologique. Une étude menée en Saône-et-Loire vient lever les doutes.
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Semer de l'orge sur du maïs ou de l'herbe
En pratique, il s’agit d’implanter une couverture végétale sur les silos couloir d'ensilage (maïs ou herbe) de plus de 2 mètres de haut ; cette opération se fait tout simplement au travers d’un semis à la volée sur le silo, avec une densité de 0,5 à 2 kg/m² d’orge, « ou toute autre céréale germant facilement présente sur l’exploitation ».
Des études menées 2009 et 2010 ont montré les intérêts de cette technique : réduction de la pénibilité du travail et des temps de travaux, meilleur impact environnemental, « moins de corps étrangers dans l’ensilage et aucun problème sanitaire notable », résumait l’animateur régional, précisant toutefois que certains freins avaient également été relevés : « la technique semble en effet plus adaptée pour des silos couloirs hauts et pour des élevages sans contraintes de qualité et avec une bonne hygiène de traite ».
La Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a publié une plaquette de présentation synthétique.
« Malgré le niveau de pertes légèrement supérieur à une couverture classique et des risques de contamination par les spores butyriques plus élevés, cette technique séduit ceux qui l’ont essayée », soulignait le technicien.
Mycotoxines : des risques clairement identifiés
Reste que des doutes persistent sur la qualité sanitaire des fourrages obtenus. Quid des contaminations extérieures par des bactéries pathogènes, « d’autant que ce risque est multiplié notamment par l’intermédiaire des oiseaux, même si les rongeurs sont moins présents sur ce type de silo ». Quid de l’effet des infiltrations d’eau de pluie, qui « peuvent faire migrer les différents contaminants présents en surface vers la partie haute du silo consommée par les bovins » ?
Enfin, ce type de silo semble favorable à la croissance de moisissures et donc à la contamination de l’ensilage par des mycotoxines de part « le maintien des conditions aérobies dans les premiers décimètres du silo ». À noter que les principales mycotoxines susceptibles de se retrouver dans l’ensilage sont la zéaralénone (Zen), les fumonisines notamment B1 et B2 (FB1 et FB2). Parmi les fusariotoxines, le désoxynivalénol (Don) est souvent considéré comme un indicateur de contamination. « Mais les taux de transferts des mycotoxines dans les produits animaux sont faibles à nuls pour ces trois contaminants. » Par ailleurs, on sait également que l’ochratoxine A (OTA) est synthétisée par Penicillium sp.. « Il est donc tout à faire possible de retrouver de l’ochratoxine A dans l’ensilage ».
« Ce que l’on sait en revanche, c’est que les ruminants à haut niveau de production peuvent être affectés lorsqu’ils sont exposés à ces toxines », notait Denis Chapuis. Les signes avant-coureurs d’une intoxication vont « de la baisse d’ingestion ou de production, jusqu’à des perturbations du système immunitaire ou des problèmes de reproduction ».
La Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a donc voulu préciser les possibles risques en termes d’innocuité pour le bétail et les consommateurs. Pour cela, elle a mené une série de mesure et de prélèvements en mars 2010 sur 6 silos d’ensilage (2 herbe + 4 maïs) confectionnés en 2009. « Les prélèvements sur les silos ont été réalisés dans la partie supérieure caractérisée par une couleur délavée (39 cm de haut en moyenne), et dans la masse du silo (tiers médian) considérée comme une zone témoin non affectée par la technique », précisait Denis Chapuis.
Rien à signaler
Les résultats ne mettent en évidence « aucune contre indication à la consommation par les animaux d’ensilage confectionné sans bâche » soulignait le spécialiste français précisant par ailleurs que « la technique de couverture végétale des silos n’avait donc pas favorisé la contamination du fourrage, y compris dans la partie haute du silo, et ce malgré des ensilages de maïs plus secs que la normale ».
Au-delà des analyses, les enquêteurs ont également interrogés les éleveurs pour savoir s’ils avaient noté des problèmes sanitaires notamment, « mais ces derniers n’ont rien évoqué de tel ».
Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |
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