Login

Astreinte en élevage Une bonne organisation pour de réelles marges de manœuvre

Depuis plusieurs années maintenant, il n’est pas rare de voir fleurir des études sociologiques sur le travail en agriculture. En effet, les mentalités changent et aujourd’hui, les agriculteurs veulent avoir du temps pour faire « autre chose ». Une étude, menée auprès de plus de 800 exploitations, montre que les écarts peuvent atteindre jusqu’à 3 heures par jour. De quoi réflechir pour améliorer son organisation.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Les études mettent en avant une « forte dispersion » des temps d’astreinte, variant de 2 à 12 minutes par équivalent vache laitière et par jour. (© Terre-net Média)

Alors que des réformes importantes sont en cours et que les exploitations laitières et allaitantes se sont fortement restructurées ces dernières années et devront encore le faire dans l’avenir, force est de constater la faiblesse du nombre d’installation de jeunes agriculteurs.

« Au-delà des itinéraires techniques, et des performances économiques, les conditions de travail sont aujourd’hui au centre des préoccupations des éleveurs laitiers »,explique Laurent Lefèvre, de la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire. « L’attractivité du métier de producteur laitier est en jeu. »

828 exploitations enquêtées

Afin d’aborder ce thème, une étude d’envergure a été réalisée sur plus de 50 % des élevages laitiers du Centre Est de la France. Les enquêtes ont porté sur le travail d’élevage quotidien dit travail d’astreinte. « Les objectifs étaient de comprendre les facteurs principaux influençant le temps de travail, de fournir des repères pour permettre à chaque éleveur de se positionner et d’identifier des marges de progrès. »

In fine, ce sont finalement trois enquêtes qui ont été réalisées dans huit départements et auprès de 828 exploitations. Dans le détail, deux enquêtes « quantitatives » ont été réalisées pour évaluer les temps de travaux à deux moments clefs de l'année (hiver et printemps) afin d'évaluer la saisonnalité du travail (vêlages, pâturage).

Cinq domaines ont été étudiés plus spécifiquement ; traite, alimentation, pâturage, soins aux veaux et paillage raclage. « Une enquête qualitative complémentaire a été effectuée pour juger d’un côté la qualité des équipements et de l’autre celle de l’organisation », précise Laurent Lefevre.

Cohérence des équipements entre eux

Etonnamment, cette étude vient surtout montrer « qu'au delà du choix des investissements (traite, alimentation, bâtiment...), c'est la cohérence des équipements entre eux et l'organisation des intervenants qui est prépondérante pour obtenir une efficacité élevée », résume le conseiller agricole.
Mais ces enquêtes n’ont pas permis d'appréhender un volet essentiel du travail, « à savoir la pénibilité de chaque tâche ».

Dans le détail, ces études mettent en avant une « forte dispersion » des temps d’astreinte, variant de 2 à 12 minutes par équivalent vache laitière et par jour. « On constate toutefois que plus la taille du troupeau est importante, meilleure est l’efficacité du travail. Néanmoins, pour une même taille de cheptel de forts écarts existent. »

Par ailleurs, les temps de travail, ramené à équivalent vache laitière, montrent que « l’orientation de la production (diversification viande ou non) affecte peu les temps de travail ».

Jusqu’à 3h/j de différence

Afin de préciser le pourquoi d’une telle dispersion, les analystes ont focalisé sur les données recueillies sur les cheptels spécialisés en prenant la moyenne des plus efficaces de chaque plage du cheptel. Le premier poste d’astreinte est sans surprise la taille (50 %), devant l’alimentation et les opérations de paillage / raclage. À noter que l’efficacité du travail pour les soins aux veaux est très variable, mais qu’elle semble surtout « liée à la période de vêlage ». Le tiers supérieur des élevages « efficaces » présente un gain de 30 % soit 3 h/jour pour une même taille de cheptel. « Cette meilleure efficacité se réalise sur l'ensemble des postes. »

On peut donc en conclure que les marges de manœuvre pour améliorer l’efficacité au travail existent réellement. Mais le premier facteur d’amélioration semble être la taille du cheptel : « Les troupeaux importants bénéficient d'économie d'échelle et possèdent souvent des équipements performants. La qualité de l'organisation apparaît cependant primordiale. Pour comparer les situations entre elles et progresser, des repères adaptés à chacun sont donc nécessaires », conclue le conseiller.

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement