Champ planet'terre, passe et impasse Urbanisation : Faire cohabiter agriculteurs et citadins va de soi aux Pays-Bas... pas en France
Aux Pays-Bas, alors que la pression environnementale est forte, l’agriculture côtoie facilement des espaces urbains et périurbains en croissance perpétuelle (395 habitants au km2). Alors qu'en France, l’absence de soutien de la population, le manque d’engagement politique et une mise aux normes très coûteuse ont conduit à la quasi-disparition des exploitations en zone urbaine. Témoignages de deux chefs d’exploitation : l’un aux Pays-Bas, l’autre en France. Un article issu du Terre-net Magazine n°9.
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Aux Pays-Bas
Patrick Hoefmans, producteur de lait à Alphen (Nord-Brabant)
S'agrandir en zone périurbaine est possible
Aux Pays-Bas, l’environnement est au coeur des préoccupations sociétales. Patrick Hoefmans et son épouse, éleveurs laitiers à Alphen, en sont parfaitement conscients. C’est pourquoi ils travaillent depuis dix ans, avec une quinzaine d’éleveurs, sur la gestion des effluents et la fertilisation phospho-azotée.
L’objectif principal : réaliser un suivi amélioré de la fertilisation des surfaces fourragères (des pâtures essentiellement), à partir de l’analyse biochimique des effluents afin d’ajuster, au mieux, les apports de fumures organiques et minérales.
Exporter 600 m3 de lisier
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Mais, bien que l’exploitation de Patrick Hoefmans les remplisse, ce dernier doit exporter près de 600 m3 de lisier hors de son élevage, d’où un surcoût de 12,5 à 15 €/m3 (près de 21 €/m3 pour du lisier de porc). Toutefois, les questions environnementales (nécessité d’exporter du lisier) n’effraient pas Patrick Hoefmans et son épouse, qui envisagent de produire davantage de lait. Leur projet : accroître leur cheptel de 80 vaches.
La fin des quotas redoutée
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L'élevage Flaasdijk en chiffres
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En France
Xavier Lefrançois, polyculteur-éleveur et maire de Neufchâtel-en-Bray
La pression urbaine étouffe les exploitations
« Ma ferme est est cernée par des maisons et des barres d’Hlm, situées à 200 m à peine. Leurs habitants ont vue sur la cour. Aussi, la mise aux normes de mes bâtiments (Ndlr : l’éleveur avait, à l’époque, un atelier laitier avec un quota de 250.000 litres, dont 20.000 l en vente directe) m’aurait conduit à engager des travaux particulièrement onéreux pour que mes vaches ne gênent ni mes voisins, ni mes hôtes.
Il y a quelques années en effet, j’ai développé une activité touristique. Et mes clients, comme mes voisins, n’apprécient que des élevages sans odeur, sans mouche, sans bruit de tracteur et sans meuglement !
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300.000 euros… ou me réorienter
Les incertitudes dans le secteur laitier, notamment au niveau du prix du lait et de l’avenir des quotas, et l’absence de politique volontariste pour préserver l’agriculture à proximité des villes m’ont conduit à renoncer à produire du lait. J’ai donc constitué un troupeau de vaches salers croisées charolaises, logées dans un simple hangar (100.000 €) construit un peu plus en retrait des habitations.
En France, ce n’est pas comme aux Pays-Bas (Ndlr : Xavier Lefrançois connaît bien ce pays et a déjà reçu des agriculteurs néerlandais en tourisme à la ferme). Là-bas, faire cohabiter agriculteurs et citadins va de soi.
Et c’est avec 15 ans d’avance que les éleveurs bataves ont mis aux normes leurs exploitations ! La volonté politique était forte. Aussi, la publication des décrets européens n’a pas été ressentie comme une entrave à leur activité, stratégique pour le royaume ! »
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°9 Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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