Aide aux démunis Berlin et Stockholm fermes dans le refus, Paris pessimiste
L'Allemagne et la Suède, opposés au maintien d'un programme européen d'aide aux démunis dont bénéficient les associations caritatives ont campé jeudi sur leurs positions et la France s'est dite pessimiste sur les chances d'empêcher une réduction drastique de ces fonds.
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"les peuples veulent de la solidarité, ils veulent qu'on écoute aussi leur détresse. Ils veulent qu'on fasse attention à l'ensemble des citoyens européens, pas uniquement aux égoïsmes nationaux" a plaidé Bruno Le Maire devant ces homologues européens. (© Terre-net Média) |
"Il n'y aucun mouvement dans les positions des uns et des autres", indiquait à la mi-journée un diplomate européen. "Je ne suis pas confiant", a confié le ministre français Bruno Le Maire aux journalistes, à son arrivée à Luxembourg, reconnaissant s'être "heurté à un mur" lors des négociations avec les Etats opposés à ce programme
Pour M. Le Maire, il est "inacceptable qu'en pleine période de crise économique et sociale, l'Europe décide de couper les crédits pour l'aide aux plus démunis: ça n'a pas de sens et ce n'est tout simplement pas juste".
La ministre allemande Ilse Aigner, qu'il a rencontré à deux reprises lundi et mardi à Berlin, est restée sourde à ces arguments. "Nous ne voulons pas de politique sociale à l'échelle européenne", a-t-elle martelé mercredi. "Sur le principe, l'aide aux personnes dans le besoin est bien sûr importante, mais c'est le devoir des Etats. Nous la finançons en Allemagne entièrement avec notre budget national et nous pensons avoir raison", a-t-elle souligné. "C'est un problème national qui doit être résolu à l'échelle nationale", a renchéri le Suédois Eskil Erlandsson, en remarquant que dans son pays, l'aide aux démunis était financée à l'échelle communale, "là où on connaît mieux les besoins des gens qu'à ce haut niveau européen".
Outre la Suède et l'Allemagne, le Danemark, le Royaume Uni, les Pays-Bas et la République tchèque partagent ce point de vue. Ils s'appuient sur un arrêt de la Cour européenne de justice qui a estimé cette année que le Pead, fondé en 1987, avait dévié de son objectif initial de redistribution des excédents agricoles, pour ne plus financer que des achats de nourriture tirés du budget de la Politique agricole commune, alors que ces achats relèveraient plutôt de la politique sociale.
Le programme a fonctionné "à l'époque où nous avions des surplus de matières premières dont nous devions nous débarrasser, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui", a argué M. Erlandsson. Chacun doit prendre "ses responsabilités et comprendre ce qui est en jeu", a rétorqué M. Le Maire, en promettant de continuer "à essayer de trouver un compromis". "Personne ne peut être indifférent aux mouvements sociaux qui se sont manifestés en Grèce, en Italie, en Espagne et aussi en Allemagne", a-t-il plaidé.
Selon lui, "les peuples veulent de la solidarité, ils veulent qu'on écoute aussi leur détresse. Ils veulent qu'on fasse attention à l'ensemble des citoyens européens, pas uniquement aux égoïsmes nationaux". Près de 18 millions de pauvres bénéficient de repas en Europe grâce à ce Pead, estime la Commission européenne. Les associations françaises ont ainsi touché près de 16 millions d'euros tirés du Pead, derrière l'Italie (environ 22 millions), l'Espagne (18 millions) et la Pologne (17 millions).
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