Vision, un autre regard sur l'agriculture Jean-François Colomer (vice-président de l’Académie d’agriculture de France) : « Gagner le défi de la compétitivité »
Selon Jean-François Colomer, les agriculteurs ont deux challenges à relever : celui de la compétitivité et celui d’être mieux compris de la société. Une interview issue de Terre-net Magazine n°8.
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Jean-François Colomer (JFC) : L’agriculture est une composante incontournable de notre société. Sur elle reposent, à la fois, la sécurité alimentaire et la préservation de l’environnement.
TNM : La plus grande valeur de l’agriculture française ?
JFC : Ses hommes ! L’agriculture est riche d’hommes et de femmes qui, en un demi-siècle, ont su s’adapter aux évolutions que la société leur a imposées. Ils sont aujourd’hui face à de nouveaux enjeux, ce qui rend le métier passionnant.
TNM : Son plus grand défaut ?
JFC : Ne pas savoir communiquer. Il y a une trop grande profusion d’organismes en tout genre. Chacun communique dans son coin contrairement à d’autres secteurs d’activité, comme l’artisanat, où les organisations professionnelles arrivent à s’exprimer d’une seule voix.
TNM : Votre souvenir le plus fort lié à l’agriculture ?
JFC : La sécheresse de 1976. A l’époque, la profession agricole avait multiplié les demandes d’aides, ce qui avait contribué à dévaloriser son image. Avant de démissionner de son poste de Premier ministre, Jacques Chirac avait validé la création d’un impôt sécheresse, qui avait été très mal perçu par l’opinion.
« Maîtriser ce que la société leur demande »
TNM : Vous sentez-vous plutôt âme "écolo" ou "agricolo" ?
JFC : Je suis plutôt "agricolo". Les agriculteurs doivent s’orienter vers une production écologiquement intensive. Mais, dans le même temps, il faut qu’ils soient en mesure de maîtriser tout ce que la société leur demande.
Jean-François Colomer Né le 6 octobre 1939. Jean-François Colomer a débuté sa carrière journalistique en 1973 au Figaro agricole. Il écrit ensuite pour le service "économie, finance et bourse" du Figaro, avant de revenir au monde agricole en devenant rédacteur en chef du Producteur agricole français. Il termine sa carrière en 2001, en tant que directeur des rédactions du groupe France Agricole. De 1998 à 2004, il a aussi été président de la Société des agriculteurs de France et en préside toujours le comité d’orientation. En 2011, il a été élu vice-président de l’Académie d’agriculture de France, dont il est membre titulaire depuis 2004. |
JFC : Les écologistes et tous ceux qui dénigrent les agriculteurs en exigent trop de leur part. Les critiques envers l’agriculture sont même devenues le fond de commerce de certaines associations. C’est regrettable. Reste que la société a toujours vécu avec de grandes peurs : celle du nucléaire au sortir de la seconde guerre mondiale par exemple ou, aujourd’hui, celle concernant la qualité de notre alimentation.
TNM : Pourquoi l’agriculture est-elle revenue dans les débats publics ?
JFC : Avec la flambée des matières premières, le monde s’est rendu compte que le temps de l’abondance est révolu. Le grand public redécouvre l’importance de la sécurité alimentaire.
TNM : L’agriculture coûte-t-elle cher à l’Union européenne ?
JFC : Il faut relativiser les choses. Certes, l’Europe dépense chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros pour son agriculture. Mais, ces milliards ne représentent qu’un peu plus de 1 % du Pib européen. Ce n’est finalement pas beaucoup par rapport à l’enjeu que constitue la sécurité alimentaire.
TNM : Comment défendez-vous l’agriculture ?
JFC : Il faut être proactif plutôt que constamment défensif. La société souhaite plus de confort, de sécurité et une meilleure qualité de vie. J’essaie de montrer que notre agriculture y contribue, à travers la qualité sanitaire et la diversité de notre alimentation, la variété de
nos paysages…
TNM : Quel est le principal défi que les agriculteurs doivent relever ces prochaines années ?
JFC : Il faut gagner le défi de la compétitivité. Les agriculteurs sont des entrepreneurs. Ils doivent pouvoir tirer parti de toutes les technologies et développer des systèmes organisationnels et financiers, qui leur permettent d’affronter plus sereinement le monde économique actuel.
TNM : Croyez-vous à l’avenir de l’agriculture ? Et pourquoi ?
JFC : Bien évidemment ! L’agriculture est vitale à toute société car c’est elle qui nourrit la population.
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°8 Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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