Filière bovins viande/Sécheresse Bruno Le Maire : « Il n’y aura pas d’année blanche » (Mis à jour le 23 septembre 2011)

Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, au Space à Rennes le 13 septembre 2011 (© Terre-net Média)

Des solutions viables et durables aux problèmes de la filière bovine ne sont envisageables que si chacun prend sa part de responsabilité. C’est en ces termes que Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture résume la situation de l’élevage ce 22 septembre 2011 à Paris.

Impatient, il constate que les efforts déployés par le gouvernement depuis trois ans pour la filière bovine ne donnent pas les résultats escomptés. Or les marchés n’ont jamais été aussi favorables pour la viande bovine française, reconnue pour son excellente qualité, mais les éleveurs et la filière dans son ensemble ne sont pas organisés pour en profiter.

700 millions d'euros d'aides redéployés

Pour sa part, le gouvernement ne peut pas en faire plus, selon l’hôte de la rue de Varenne: 700 millions d’euros d’aides ont été redéployées dans le cadre du bilan de santé de la Pac, 300 millions d’euros de crédits ont été mobilisés pour la modernisation de l’élevage et le plan d’urgence Sarkozy a largement profité aux éleveurs.

Aujourd’hui, la coupe est pleine. Aux éleveurs, le ministre souhaite leur tenir un discours de vérité. Il n’est pas question d’envisager pour 2011 une année blanche généralisée (report des échéances des prêts en fin de tableau), ni l’allocation d’une quelconque subvention supplémentaire. Ceci dit, le report de l'annuité du prêt de reconstitution du fonds de roulement est bien sûr maintenu (voir article paru vendredi 23 septembre).

Circulaire du 23 septembre 2011 Une circulaire du ministère de l'agriculture vient de paraître portant sur le report échéances des prêts de reconstitution de fonds de roulement contractés dans le cadre du Psea par les éleveurs.

Allouer 500 millions d’euros pour « l’année blanche » revendiquée par la Fnb (fédération nationale bovine) ne résoudrait aucun problème de fond, toujours selon Bruno Le Maire. Et les crédits alloués ne seraient plus disponibles pour financer la réduction du coût horaire du travail permanent. Une mesure à laquelle le ministre tient particulièrement pour réduire l’écart de compétitivité avec l’Allemagne et qui ne couterait que 250 millions d'euros par an.

 

L’avenir de la production bovine se joue à l’export

La balle est en fait dans le camp de la distribution, des transformateurs et des éleveurs. La profession fait fausse route ne parvenant pas à s’entendre, selon Bruno Le Maire. Les contrats interfilières pour sécuriser l’approvisionnement des troupeaux ne se développent pas. De nouveaux marchés à l’export (Russie, Turquie, Kazakhstan entre autres) sont ouverts mais la filière bovine n’est toujours pas parvenue à créer une Gie export pour grouper l’offre.

Aussi, le ministre de l’Agriculture a-t-il décidé de prendre l’affaire en main et de réunir l’ensemble des responsables de la profession pour signer sa création en octobre prochain. Chacun prendra là encore sa part de responsabilité. L’avenir de la production bovine se joue en effet à l’export avec des prix qui se répercuteront inévitablement sur le marché intérieur. N’en déplaisent aux industriels de la viande, et au groupe Bigard en tête, toujours pas favorables au Gie. Mais le contexte actuel, défendre des prix bas, les privera immanquablement d’une source d’approvisionnement dans un bref délai. Une telle stratégie pourrait même accélérer la disparition des éleveurs.

Répercuter sur les prix de vente la hausse des coûts de production

Enfin, l’avenir de la filière est aussi la relocalisation des débouchés rendue possible depuis la publication du décret du 25 août dernier « modifiant certaines dispositions applicables aux marchés et contrats relevant de la commande publique », a expliqué le ministre de l’Agriculture.

Mais ce sont surtout les représentants de la grande distribution qui sont dans le collimateur de Bruno Le Maire. Ils sont même invités, rue de Varenne, pour expliquer leur position et en particulier, les raisons qui les poussent à ne pas respecter l’accord du 3 mai dernier, permettant de répercuter sur les prix de vente la hausse des coûts de production.

Le ministre de l’Agriculture se donne jusqu’au 20 décembre pour achever le travail entrepris pour la filière bovine. Après, la période pré-électorale pour l'élection présidentielle ne sera pas propice pour prendre une décision de grande portée.