Systèmes laitiers herbagers à faibles intrants Des effets variables au cours du cycle de reproduction
L’Inra de Saint-Gilles (35), Agrocampus Ouest, le Domaine expérimental du Pin-au-Haras (61) et la Haute école suisse d’agronomie ont mis en commun leurs compétences pour mener une étude visant à comparer les effets de deux systèmes herbagers à haut ou bas niveau d’apport nutritif sur l’ensemble des étapes de la reproduction. Après trois ans d’enregistrement, les résultats montrent qu’une même stratégie d’alimentation peut avoir des effets bénéfiques à certaines étapes du cycle de reproduction, des effets négatifs à d’autres.
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Mais pour ne pas pénaliser les résultats économiques, il est impératif de maîtriser les performances de reproduction dans ces systèmes herbagers à faibles intrants. Reste que l’ensemble des performances de reproduction dans de nombreux systèmes laitiers se sont globalement dégradées ces 30 dernières années.
Systèmes herbagers à « haut » ou « bas » niveau d’apport nutritif
L’Inra de Saint-Gilles (35), Agrocampus Ouest, le Domaine expérimental du Pin-au-Haras (61) et la Haute école suisse d’agronomie ont mis en commun leurs compétences pour mener une étude visant à « comparer les effets de deux systèmes herbagers à "haut" ou "bas" niveau d’apport nutritif sur l’ensemble des étapes de la reproduction », explique Erwan Cutullic (Agrocampus-Ouest-Inra).
L’alimentation agit différemment en fonction de l’étape du cycle de reproduction Les vaches du lot « bas » ont maigri plus et sont plus maigres à la mise à la reproduction que celles du lot « haut ». Cette dégradation était toutefois attendue car les effets de l’amaigrissement et de l’état d’engraissement sur la reproduction sont bien connus. « Ce lot alimenté de manière restrictive a pourtant obtenu un taux de gestation final équivalent au lot alimenté libéralement », expliquait Erwan Cutullic (Agrocampus-Ouest-Inra) lors des rencontres 3R 2010. |
« Au vu de nos précédents travaux, nous avions comme hypothèses d’une part, que les effets du système peuvent être différents aux différentes étapes du processus reproductif ; d’autre part, qu’ils sont modulés selon la race », poursuit-il, précisant par ailleurs que « contrairement à l’idée communément admise, une stratégie alimentaire restrictive ne pénalise pas nécessairement la fertilité à l’insémination et peut même améliorer la détection des chaleurs ».
Le système alimentaire « haut » autorise un niveau de production laitière élevé tout en limitant la perte d’état corporel après le vêlage. Le système « bas », sans apport de concentré, limite le niveau de production et induit une forte mobilisation des réserves corporelles.
Pendant trois ans, de nombreuses données ont été enregistrées, telles que les paramètres zootechniques classiques, les évènements de reproduction et de santé.
Par ailleurs, l’étude des étapes successives du processus reproductif (cyclicité, chaleurs, fertilité) a été permise par la combinaison d’un dosage tri-hebdomadaire de la progestérone dans le lait, d’un suivi des chaleurs et de diagnostics de gestation.
Les Normandes produisent et maigrissent moins
« En résumé, cette étude montre qu’une même stratégie d’alimentation peut avoir des effets bénéfiques à certaines étapes du cycle de reproduction, des effets négatifs à d’autres ; ces effets peuvent être marqués pour une race, sans réel impact pour une autre », conclue Erwan Cutullic.
Quelle vache pour quel systeme ? Cette étude vient confirmer que la race Normande présente de meilleures performances de reproduction par rapport à la race Holstein. Ce résultat s’explique par une activité ovarienne plus régulière et une meilleure fertilité. « Nos résultats confirment la spécificité à la race Holstein d'une forte fréquence des phases lutéales prolongées et des mortalités embryonnaires tardives », précisait Erwan Cutullic (Agrocampus-Ouest-Inra) lors de la présentation des résultats d’une étude menée depuis 2006. |
« C’est donc le lot de vaches qui a produit le plus qui a maigri le moins », et ce pour les deux races Holstein et Normande (encadré).
Au niveau racial, les scientifiques ont également relevé que les Normandes ont produit moins de lait et moins maigri que les Holstein, ces dernières ayant par ailleurs des écarts de production laitière entre les deux niveaux d’alimentation plus prononcés que les Normandes.
À noter également que les problèmes génitaux au vêlage sont aussi moins fréquents en race Normande (13 %) qu’en race Holstein (28 %), sans différence significative liée à l’alimentation.
Pas d’effet sur la cyclicité après vêlage
« Quelque soit la race, aucun effet significatif du niveau alimentaire n’a été mis en évidence sur les paramètres de la cyclicité », poursuit Erwan Cutullic, avec un niveau équivalent de réussites aux IA 1 ou 2 jugée par le vêlage.
Il semble également que le lot « bas » ait permis de mieux détecter les ovulations de un rang supérieur à 2, avec 74 % d’ovulation détectée, contre 59 % dans le lot « haut ».
« Nos résultats plaident donc en la faveur d’un effet propre à la production laitière. Mais cet effet doit être raisonné intra-race, sachant que les Normandes ont produit moins que les Holstein sans présenter un meilleur taux de détection des ovulations », précisait le scientifique. « Ainsi, la fécondation ou les premières étapes du développement embryonnaire semblent être principalement pilotées par l’état corporel qui influencerait donc la qualité des ovocytes. Les étapes tardives seraient avant tout contrôlées par la production laitière. »
Moins d’anomalie de cyclicité chez la Normande
Mais la race a par contre un effet sur les paramètres de la cyclicité : la reprise de cyclicité a en effet été plus rapide chez les Normandes, avec également « moins d’anomalies de cyclicité, notamment moins de mortalité embryonnaire précoce ». En effet, chez la Hosltein, le taux de mortalité embryonnaire tardive du lot « haut » a été supérieur de 21 % à celui du lot « bas », « conduisant à un même taux de vêlage ». À l’inverse, les non-fécondations ou mortalités embryonnaires précoces ont été bien plus fréquentes dans le lot « bas » que dans le lot « haut » (52 vs 27 %). « Résultat, en fin de campagne, le taux de vaches gestantes n’a donc pas différé entre les deux stratégies alimentaires. »
Chez la Normande, aucune différence n’a été notée.
Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |
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