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Politiques agricoles Aux Etats-Unis, les soutiens à l’agriculture ont progressé de près de 60 % entre 2004 et 2009

En 2009, l’aide alimentaire et les impacts des politiques monétaires et de change représentaient près de 60 % des soutiens alloués à l’agriculture selon le think tank Momagri. Estimés à 162 milliards de dollars (Mds $), ils équivalent à 57 % de la valeur de la production agricole contre 21 % dans l’Union européenne en 2009.

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Le coût par habitant de l'ensemble des dispositifs de soutiens à la
production agricole est 2,4 fois plus élevé aux Etats-Unis que dans
l'Union européenne. (© Terre-net Média)

La première puissance économique mondiale aide beaucoup plus ses agriculteurs et son agriculture que l’Union européenne. Par habitant, le coût de l’ensemble des dispositifs de soutien à la production agricole (Sgpa), qui regroupent à la fois des aides directes et des aides indirectes, y est 2,4 fois plus élevé. C’est un des principaux résultats de la première étude, publiée par le mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture (Momagri), portant sur les coûts des politiques de soutien à l’agriculture des principales puissances exportatrices de produits agricoles.

Autre constat, l'ensemble des soutiens à l'agriculture ont crû aux Etats Unis de près de 60 % entre 2004 et 2009.

Au total, les 162 milliards de dollars de soutiens, estimés par le think tank, représentent 57 % de la valeur de la production agricole contre 21 % dans l’Union européenne en 2009. Plus de la moitié des crédits (50,7 %) sont alloués sous forme d’aide alimentaire. Celle-ci vise à développer la consommation de produits américains, et elle s’ajoute à l’ensemble des mesures sociales existantes, dont bénéficient les plus démunis et qui sont comparables au Rsa en France. Par ailleurs, 9 % de ces soutiens globaux sont liés aux impacts des variations des taux de change du dollar, rendant ainsi les produits agricoles américains plus avantageux à l’export. Et les 40 % de soutiens restants sont répartis entre les huit autres modes d’intervention nomenclaturés par Momagri.

162 Mds $ de soutiens globaux à la production agricole

Momagri distingue ainsi dix modes d’intervention différents, intégrant aussi bien des soutiens directs couplés à la production, que des aides à l’exportation ou encore les impacts des politiques monétaires et des taux de change des monnaies des pays étudiés (voir tableau). Et c’est l’ensemble de ces soutiens rapportés à la valeur de la production agricole, qui permet de calculer l’indicateur Sgpa « Soutiens globaux à la production agricole » estimés, on l’a vu à 162 Mds $.

Selon le think tank Momagri, cet indicateur permet d’améliorer la lisibilité et la comparabilité des dispositifs de soutien. « De nouvelles bases de discussion beaucoup plus objectives pourront ainsi être utilisées dans les négociations internationales ».

Pour l’Europe, il ressort ainsi que 61 % du Sgpa sont des « soutiens au niveau de vie des agriculteurs (Dpu entre autres) ». Ils sont par nature plus rigides qu’aux Etats-Unis où ils sont davantage liés aux cours des produits agricoles. En 2007, Le Sgpa avait diminué de 9 points par rapport à l’année précédente pour remonter de 3 points en 2008.

En revanche, « lorsque de manière générale, ou dans telle ou telle filière, les prix agricoles viennent à baisser, les Dpu européens deviennent insuffisants pour permettre aux producteurs de maintenir la rentabilité des exploitations. Cette évolution défavorable est celle subie par l’agriculture européenne depuis 2009, en particulier dans certaines filières comme celle du lait », rappelle Momagri.

Un accroissement de 64,163 Mds $ des soutiens globaux agricoles aux Usa

Les soutiens apportés par la politique monétaire et financière des Etats-Unis

Selon Momagri, les taux de change et la politique monétaire constituent deux formes de soutien indirect à l’agriculture. « Sur 2003/2009, le niveau du dollar a globalement renforcé la compétitivité des produits agricoles à l’export. Et l’écart des taux directeurs réels, pratiqués par la banque centrale européenne et par la Fed, allège l’endettement global de l’agriculture américaine supporté par les banques ».
L’effet amplificateur ou de levier des aides indirectes a ainsi été évalué à près de 10 % en 2009, contre 6,5 % en moyenne sur la période 2004-2006.

Entre 2004 et 2009, l’accroissement aux Etats-Unis des soutiens globaux agricoles (+64,163 Mds $) s’explique surtout par une augmentation de l’aide alimentaire (+36,194 Mds $), mais aussi par l’aide alimentaire interne publique, des « soutiens à l’organisation des marchés et au développement des filières » (+11,616 Mds $) et des soutiens à la production (+2,798 Mds $). Momagri relève enfin que la politique monétaire et un taux de change favorables ont représenté un soutien contribuant à renforcer la compétitivité des produits américains à l’export.

En Europe, l’accroissement des soutiens globaux agricoles, versés entre 2004 et 2009, est proportionnellement plus modeste (+14,1 Mds €) et masque une réforme profonde de la nature des soutiens alloués, inhérente à celle de la Pac de 2003 introduisant le découplage des aides. Les « soutiens au niveau de vie des agriculteurs » (+11,3 Mds €), et notamment les Dpu (+29,58 Mds €), ont remplacé les aides directes (-18,62 Mds €). Ont aussi progressé les « soutiens à l’organisation des marchés et au développement des filières » (+3,38 Mds €), dont les soutiens aux biocarburants (+2,72 Mds €) et les aides à l’investissement et au financement (+2,48 Mds €).

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