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Alimentation du troupeau allaitant Une restriction modérée post-partum de 3 Ufl/kg est possible

Quelle est la capacité d’adaptation des vaches de race Charolaise en fonction de leur parité après vêlage ? Une étude menée par l’Inra, VetAgroSup et l’unité expérimentale des Monts d’Auvergne a cherché à quantifier les réponses adaptatives des primipares, en comparaison avec des multipares. Cet essai ouvre la voie à de nouvelles perspectives puisqu’il montre qu’une restriction modérée n’affecte pas les primipares.

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« La réduction de 25 et 30 % de l’Énergie disponible pour
l’entretien (Ede) pour les multipares et les primipares
correspondrait à une adaptation du métabolisme des vaches
sous alimentée.» (© Terre-net Média)

La capacité d’adaptation de la vache est un paramètre qui peut s’évaluer : il s’agit de sa capacité à mobiliser, puis à reconstituer, ses réserves corporelles lors d’une restriction alimentaire, sans que ce cela ne vienne pénaliser ses performances futures de production et de reproduction.

Un animal sous-alimenté puis réalimenté normalement aura tendance à économiser l’énergie ingéré après avoir bien évidemment mobilisé ses réserves.

À l’inverse, une vache normalement alimentée puisera son énergie dans l’alimentation, sans avoir besoin de mobiliser ses réserves.

Or, l’économie d’énergie ingérée n’est pas anodine : « pour une perte de poids modérée, elle a été estimée à 1 Ufl/jour par rapport à un besoin de l’ordre de 8 Ufl/j », expliquait en décembre 2010 Anne De La Torre (Inra Theix), lors des rencontres 3R à Paris.

Quel effet sur les primipares ?

Cette aptitude est reconnue chez les primipares, mais les scientifiques recommandent toutefois d’éviter ces périodes de sous-alimentation « du fait d’un risque accru de mauvaise reproduction ».

L’Inra, en partenariat avec VetAgro Sup et l’unité expérimentale des Monts d’Auvergne ont lancé une expérimentation visant à quantifier « ces réponses adaptatives chez des vaches primipares », en vue « d’améliorer la gestion des apports alimentaires au cours des trois premiers mois de lactation ; et de les adapter aux évolutions actuelles de l’élevage allaitant : format accru des vaches et variabilité des dates de mises bas ».

Dans le cadre de l’essai, deux lots de 7 vaches Charolaises primipares et deux lots de 7 vaches Charolaises multipares ont été constitués. Pour ces 4 lots, les vêlages ont eu lieu en moyenne le 6 janvier.

Auparavant, de la rentrée à l’étable à la mise bas, les vaches ont reçu une alimentation couvrant les besoins théoriques (entretien+gestation+croissance). À partir du vêlage, elles ont reçu une ration composée de foin et de concentré.

Rang de vêlage et alimentation en balance

« Deux niveaux alimentaires – un niveau bas et un niveau haut – ont été appliqués pour chaque parité », précisait Anne De La Torre, le niveau de production laitière étant respectivement à 9 et 8 kg/j pour les multipares et les primipares.

Ce qu’il faut retenir

Les mécanismes d’adaptation mis en place par les vaches pour faire face à la sous-alimentation hivernale semblent identiques quelque soit leur parité.
D’un point de vue pratique sur des primipares développées et âgées de 3 ans la restriction alimentaire hivernale n’apparait pas trop défavorable au regard de leur production. Une restriction modérée peut donc être envisagée.

À noter également qu’un supplément a été apporté aux primipares, pour couvrir les besoins de croissance. Par ailleurs, ces besoins ont été réévalués toutes les semaines.

À la fin de l’hiver, les vaches ont été mises à l’herbe sur les mêmes pâturages (35 ares/couple mère-veau) : le 11 mai pour les multipares, et le 18 mai pour les primipares.

Les scientifiques ont étudié la dynamique post-partum de l’évolution des réserves corporelles des vaches Charolaises primipares comparativement à celle « mieux connue » des multipares.

Le rebond au pâturage des primipares plus faible
Sur les 63 jours de suivi, l’écart moyen d’apports s’est élevé à 4,4 (primipares) et 4,1 (multipares) Ufl/j.

Les résultats indiquent que « le challenge nutritionnel n’a pas affecté la production » résumait Anne De La Torre. Pour une alimentation niveau «bas», les lots primipares et multipares ont perdu en hiver respectivement 52 kg et 25 kg par rapport aux lots alimentés avec un niveau «haut».

Par ailleurs, malgré un niveau d’alimentation basse, les primipares n’ont pas vu « leur développement de masse délipidée se réduire » : l’hypothèse posée par les scientifiques est que, lors d’une sous alimentation, « les primipares ont ainsi la même capacité d’adaptation de leurs dépenses énergétiques d’entretien que les multipares ».

Par contre, le suivi aux pâturages montre que la capacité de rebond ultérieur et de récupération des réserves de lipides des primipares au pâturage est plus faible ». Toutefois, précise Anne De La Torre, « ces résultats seraient à moduler selon le niveau de développement corporel de la vache primipare ».
Au final, sur l’ensemble de la période expérimentale, les variations de poids ajustées sont nulles pour le lot multipares «haut», négatives pour le multipares «bas» (-18 kg), positives pour le primipares «bas» (+15 kg), et fortement positives pour le lot primipares «haut» (+51 kg).

À l’issu de la période de pâturage, une différence de 39 kg persiste entre les deux lots de primipares, cet écart étant de 13 kg plus faible que celui observé en fin d’hiver.

Un métabolisme qui s’adapte

« Au final, on peut donc dire que la production des primipares n’a pas été affectée autant que ce que nous le supposions compte tenu du challenge alimentaire subi, sans doute parce que, dans les conditions de l’essai, le développement d’ensemble des primipares et leur état initial étaient déjà voisins de l’âge adulte », détaillait la scientifique de Clermont-Ferrand. En d’autres termes, « nos primipares se comportent donc comme les multipares ».

La réduction de 25 et 30 % de l’Énergie disponible pour l’entretien (Ede) pour les multipares et les primipares correspondrait à une adaptation du métabolisme des vaches sous alimentée comme cela a déjà été avancé dans la bibliographie. « Cette diminution leur permet d’atteindre progressivement un nouvel équilibre entre apports alimentaires et dépenses totales. Cet équilibre résulte sans doute, en partie, de la diminution de la contribution du compartiment viscéral aux dépenses totales d’entretien. Celle-ci représente en effet jusqu’à 30 % de la dépense énergétique d’entretien. »

Pour aller plus loin

Les résultats en détail : lire ici
Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr

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