Vision, un autre regard sur l'agriculture Philippe Déru (éleveur et chef d’entreprise) : « Agriculteur, un métier noble »
Passionné d’élevage et de génétique, Philippe Déru regrette le manque de reconnaissance de la société à l’égard des agriculteurs. Une interview extraite de Terre-net Magazine n°7.
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Philippe Déru (PD) : Sans l’agriculture, on ne mange plus.
TNM : La plus grande valeur de l’agriculture française ?
PD : Sa diversité ! En France, l’agriculture est riche d’une diversité de ses territoires, de ses régions et de ses hommes. C’est loin d’être le cas dans les autres grands pays agricoles.
TNM : Son plus grand défaut ?
PD : Le manque de communication de la part du monde agricole. A cause de cette lacune, les agriculteurs n’ont plus la reconnaissance d’autrefois. Du même coup, ils ont perdu la fierté du métier qu’ils font.
TNM : Votre meilleur souvenir lié à l’agriculture ?
PD : J’en ai trop pour les citer. Je m’émerveille tous les jours à voir grandir les animaux. Je me surprends souvent à m’arrêter pour observer l’évolution des cultures et du paysage.
TNM : La dernière fois que vous avez parlé d’agriculture avec quelqu’un qui ne la connaît pas, c’était à quel sujet ?
PD : Ce n’était pas sur un thème particulier. J’essayais de faire comprendre l’importance et la noblesse du métier d’agriculteur. Si seulement les citoyens avaient conscience du rôle essentiel desagriculteurs dans notre société…
« L’image négative de l’agriculture en France me dérange »
TNM : Vous sentez vous plutôt âme "écolo" ou "agricolo" ?
PD : Plutôt "écolo". Tous les agriculteurs sont des écolos par définition car la nature est leur outil de travail, qu’ils ont intérêt à entretenir, comme toute personne travaillant en entreprise.
TNM : L’agriculture est régulièrement attaquée, politiquement et médiatiquement. Parce qu’elle a réellement des progrès à faire ? Ou parce qu’elle est une cible facile pour les bobos ?
PD : Il y a toujours des progrès à faire. Mais l’image négative de l’agriculture en France me dérange. J’ai eu l’occasion d’aller aux Etats-Unis. Là-bas, les agriculteurs sont fiers de leur travail et ils sont reconnus par leurs concitoyens.
TNM : Pourquoi l’agriculture est-elle revenue dans les débats publics ?
PD : Je n’ai pas l’impression que l’agriculture soit davantage abordée dans les débats publics. Et quand elle l’est, c’est souvent pour la montrer du doigt. C’est regrettable.
TNM : L’agriculture coûte-t-elle cher à l’Union européenne ?
PD : Elle ne coûte pas cher, dans la mesure où elle génère un tissu économique très important. Cela ne choque pas les citoyens de voir les routes financées par l’Europe ou les collectivités. Mais, ces mêmes personnes sont dérangées parce que l’Europe subventionne l’agriculture. La nourriture est pourtant plus essentielle qu’un rond-point ou une rocade…
TNM : Comment défendez-vous l’agriculture ?
PD : En essayant de faire mon métier le mieux possible. C’est en faisant de notre mieux que nous pouvons être fiers de ce que nous réalisons.
Philippe Déru Né le 5 avril 1965. Gérant, depuis 2003, d’une société éponyme de matériels pour le confort des animaux et de conseil en aménagement des bâtiments, Philippe Déru a commencé son parcours professionnel comme mineur en Moselle. En 1988, il s’installe éleveur au sein du Gaec d’Izé, en Haute-Marne. Il développe la génétique de l’exploitation, qui connaît de très nombreux succès Malgré la vente aux enchères du troupeau du Gaec en 2000, il participe toujours aux grandes compétitions nationales et européennes, avec quelques animaux dont il est propriétaire. |
PD : Je ne cherche pas à me donner une bonne image. Je cherche à donner une image à mon métier et à celui de tous ceux qui travaillent pour l’agriculture. Quelle que soit sa profession, il importe d’aller au-delà des satisfactions personnelles. Il faut prendre plaisir à faire les choses bien.
TNM : Quel est le principal défi que les agriculteurs doivent relever ces prochaines années ?
PD : Demain, ils devront produire plus et le plus proprement possible. Nous sommes de plus en plus nombreux et il y a moins de terres agricoles. Les agriculteurs devront s’adapter à ce nouveau contexte. Mais, je ne m’inquiète pas : ils prouvent tous les jours qu’ils savent s’adapter.
TNM : Croyez-vous en l’avenir de l’agriculture ? Et pourquoi ?
PD : Nous sommes obligés d’y croire ! Parce que les gens auront toujours besoin de manger.
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°7. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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