Login

Santé bovine La dermatite aiguë identifiée plus rapidement

Identifier la dermatite digitée chez un animal n’est pas chose aisée. C’est pourquoi l’Unité mixte de recherche de l’Inra de Nantes a mis en place un essai pour proposer une méthode simple et efficace de détection. Une méthode qui repose sur l'observation des postures des vaches en salle de traite. Détails.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


La dermatite digitée peut être détectée en observant
la posture des vaches laitières dans la salle de traite.
(© Terre-net Média)

La dermatite digitée, ou maladie de Mortellaro, est une maladie contagieuse responsable de boiteries chez les bovins, qui est de plus en plus observée dans les exploitations laitières françaises (lire ici).
La dermatite digitée peut se situer à l’avant du pied ou plus rarement sur la peau inter-digitée entre les deux onglons.

« Sa détection repose actuellement sur la visualisation des lésions sur les vaches maintenues en travail de pareur », explique Anne Relun, de l'Institut de l’élevage. « Cette méthode, lourde à mettre en œuvre, est peu adaptée pour un suivi régulier des animaux », poursuit-elle.

Récidives courantes

Pour identifier la maladie, l’éleveur doit :

Selon le docteur vétérinaire Marc Delcroix, « son traitement est simple : il convient tout d’abord de pulvériser la plaie plusieurs jours de suite à l’aide d'un spray à base d’oxytétracycline ou de lincomycine. Les traitements par voie générale n’apportent rien. La guérison est rapide mais les récidives sont courantes », précise-t-il.

Les résultats en bref

Les résultats ont montré que 18,8 % des pieds présentaient une lésion aiguë (M1, M2) et 22,2 % une lésion chronique (M3, M4), « proportions variant selon les exploitations » soulignait Anne Relun, de l’Institut de l’élevage.
Au niveau de la localisation, la plupart des lésions étaient situées entre les talons (73,5 % lésions aiguës) ; « mais nous avons relevé quelques lésions aiguës localisées dans des zones plus cachées comme le devant des pieds (2 %) ou 16,7 % sous les pieds (16,7 %), la forte proportion (13,3 %) présentant d’ailleurs sur une hyperplasie interdigitée ou limace ».

Une parfait prophylaxie est donc de mise : au niveau de l’élevage, il est également recommandé de racler deux fois par jour les aires d’exercice (plus si rabot) et de drainer au maximum les zones humides et boueuses. 

Par ailleurs, lorsque les animaux sont au pré, il est recommandé d’effectuer un nettoyage et une désinfection des sols de l’exploitation.

Il est également conseillé de bien contrôler les quatre pieds de ces derniers à l’achat et avant l’introduction dans le troupeau. En revanche, une mise en quarantaine n’est pas utile car, outre le coût, la durée de la période d’incubation est trop importante. À noter que sa période de prévalence est plus importante à l’automne et en hiver.

Une détection rapide et simple à mettre en œuvre

« Des méthodes par visualisation des lésions en salle de traite ont déjà été essayées mais restaient insatisfaisantes », reprend Anne Relun en présentant une étude menée au sein de l’Unité mixte de recherche « Maîtrise de la santé des troupeaux bovins », à Nantes.

« L’objectif de cette étude est d’évaluer les performances épidémiologiques d’une méthode de détection et de notation des lésions de dermatite digitée qui puisse être utilisée pendant la traite avec un matériel simple : miroir télescopique orientable et lampe frontale puissante. »

Au printemps 2009, les postérieurs de 242 vaches laitières, issues de 4 exploitations avec différentes installations de traite, ont été observés par 5 observateurs entraînés pendant 2 traites successives, puis en travail de pareur.

Chaque postérieur a été noté en 5 stades selon la classification initialement décrite par Döpfer en 1997 et validée au dernier congrès international sur les boiteries des ruminants en 2008 (photo centrée).

 

Un suivi régulier désormais possible

« L’inspection des postérieurs des vaches laitières pendant la traite avec un miroir télescopique orientable et une lampe frontale puissante est une méthode rapide, économique et suffisamment fiable pour d’une part, permettre la détection et la notation des lésions de dermatite digitée dans des projets de recherche ; d’autre part, envisager un suivi régulier de la maladie par les éleveurs », résume Anne Relun.

Le matériel utilisé, à savoir un miroir télescopique orientable et une lampe frontale puissante, permet d’améliorer l’efficacité des observations par rapport à une visualisation directe testée auparavant.

« De plus, cette méthode peut être utilisée pendant la traite et dans différents types de salle de traite. Mais il faut compter une augmentation du temps de traite comprise entre 0 à 30 minutes », poursuit la spécialiste.

Mais comme la méthode de référence, cette méthode nécessite un bon éclairage et un bon nettoyage des pieds avant leur inspection !

 

Ce qu'il faut retenir

La dermatite digitée ou maladie de Mortellaro a été décrite pour la première fois en 1974 par Mortellaro en Italie. Cette maladie des pieds des bovins se propage depuis 1980 dans de nombreux pays, dont l’Amérique du Nord et la France.

Cette dermatite entraine une infection sub-aiguë de la peau de la couronne, surtout autalon. Elle est fréquente chez les bovins laitiers, mais plus rare chez les bovins allaitant.

Encore mal connue, elle fait l'objet de nombreuses recherches dans le monde : son étiologie reste incertaine, mais des travaux laissent entendre que l’origine en serait des bactéries, les spyrochètes (surtout Treponema brennaborense), qui agiraient en synergie avec d’autres bactéries encore non-identifiées. Des facteurs de risques ont également été identifiés : mauvaise hygiène et environnement trop humide, carence nutritionnelle en zinc et manganèse, sol en béton et stabulation libre.

Guérison très rare

L’infection débuterait par une invasion de l’épiderme et du derme par des spirochètes. Suivrait une inflammation humorale entrainant rapidement l’apparition d’une lésion similaire à celle du papillomavirus. L’animal développerait alors une immunité incomplète entrainant le retour de la maladie avec une récurrence évaluée entre 7 et 15 semaines. Les cas de guérison sont très rares.

Cette lésion, très douloureuse pour l’animal, est accompagnée d’une chute de la production de lait, d’un amaigrissement de l’animal et d’une baisse de la reproduction.

Pour la prévention, il est recommandé :

  • de mettre en place une meilleure hygiène dans l’étable ;
  • de fournir une litière propre et sèche ;
  • d’identifier rapidement les sujets atteints et de les séparer du reste du troupeau ;
  • de respecter le ratio vache/logette ;
  • de réduire l’humidité ambiante en améliorant la ventilation ;
  • d’appliquer le cas échéant de la chaux sur la litière ;
  • de contrôler les 4 pieds des nouveaux arrivants.

 

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.
Journée 3R : www.journees3R.fr
La dermatite digitée : lire ici

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement