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Les élevages bretons de moins de 150 truies Seuls et soumis à une forte pression environnementale

Les « petites exploitations » porcines de moins de 150 truies ont-elles un avenir ? Pour répondre à cette question, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont mené l’enquête. Pour cela, elles ont interrogés entre mars et juillet 2010 près de 900 éleveurs bretons de moins de 150 truies, la moyenne bretonne se situant à 172 truies par élevage en 2009. Par ailleurs, 33 éleveurs ont répondu à un entretien qualitatif.

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Parmi les éleveurs enquêtés 23 % ne savent pas s’ils vont réaliser
les travaux de mise aux normes tandis que 10 % prévoient de ne
pas les faire en raison de la conjoncture économique ou de la
proximité de la retraite.(© Terre-net Média)

Première info qui ressort de ce questionnaire : les éleveurs de moins de 150 truies travaillent plus souvent seuls que leurs confrères (encadré). Autre remarque d’importance : ces élevages se situent au sein de zones à forte pression environnementale :

« Malgré cela, les éleveurs disposent néanmoins souvent d’une bonne autonomie environnementale puisqu’un tiers épand la totalité des déjections produites sur l’exploitation sur leurs propres parcelles. Seules 8 % des exploitations ont un plan d’épandage externe supérieur à 80 % du plan d’épandage total », relevait Marie-Laurence Grannec.

Les quatre groupes d’exploitations identifiés

Groupe 1 : élevages spécialisés, incluant la plupart des « grands » élevages de l’échantillon (50 % ont plus de 131 truies), situés dans des zones de forte densité (Côtes d’Armor) et disposant d’une autonomie environnementale faible
Groupe 2 : élevages plutôt spécialisés, situés dans des zones de densité porcine moyenne (Ille-et-Vilaine, Morbihan et la moitié des élevages finistériens),
Groupe 3 : élevages costarmoricains mixtes lait et porc et regroupant notamment 65 % des élevages de moins de 100 truies,
Groupe 4 : structures sociétaires, avec plusieurs ateliers animaux : dans 90 % des cas un atelier bovin lait. Ce sont les exploitations disposant des plus grandes surfaces et, par conséquent, des meilleures autonomies environnementales : 80 % d’entre elles disposent de leur propre plan d’épandage.

Au final, une analyse statistique réalisée sur les résultats de l’enquête permet de distinguer 4 groupes d’exploitations distincts (encadré).

Travail diversifié

Ces éleveurs mettent en avant des atouts et des contraintes dans leur système d’exploitation. Côté atouts, ils apprécient la facilité de conduite de l’atelier porc et l’intérêt d’un travail diversifié (26 %), le caractère familial de l’exploitation et sa dimension à taille humaine (16 %), et la possibilité d’un lien au sol (11 %). Côté inconvénients, la nécessité d’être présent quotidiennement sur l’élevage (15 %), la difficulté à se faire remplacer pour les week-ends ou les congés (12 %) et la viabilité incertaine de ce type d’exploitation (14 %) ressortent en priorité. Mais tous évoquent les nouvelles normes bien-être et plus généralement, l’évolution de la réglementation. Parmi les exemples nommés, le logement des truies en groupes sort en tête avec la fertilisation phosphore.

La future réglementation phosphore inquiète

Inconnue de 20 % des éleveurs enquêtés, cette évolution réglementaire inquiète la majorité des éleveurs informés puisque 20 % d’entre eux craignent de ne pas être en conformité et que 33 % ne savent pas s’ils le seront (lire ici). « Parmi les éleveurs enquêtés 23 % ne savent pas s’ils vont réaliser les travaux de mise aux normes tandis que 10 % prévoient de ne pas les faire en raison de la conjoncture économique ou de la proximité de la retraite », détaillait Marie-Laurence Grannec. « Les éleveurs qui ont décidé de ne pas réaliser cette mise aux normes sont effectivement le plus souvent proches de la retraite. À contrario, ceux qui n’ont pas encore pris leur décision ne correspondent pas à une classe d’âge spécifique. »

De fait, le taux de réalisation des travaux de mise aux normes conditionne à moyen terme le niveau de production porcine. « Il sera essentiel d’aider ceux qui le souhaitent à concrétiser leurs projets d’évolution, notamment d’agrandissement. Mais il sera également fondamental de conseiller ceux qui privilégient une petite taille d’exploitation afin qu’ils puissent eux aussi répondre à ces nouvelles réglementations. Il en va de l’avenir de la filière porcine bretonne », concluait Marie-Laurence Grannec.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.ifip.asso.fr.

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