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Elevages de moins de 150 truies Une composante majeure de la filière porcine bretonne

Bien que leur nombre diminue, les élevages de moins de 150 truies représentent aujourd’hui plus de la moitié des élevages naisseurs-engraisseurs bretons et un tiers des porcs produits. L’évolution de ces élevages conditionne donc l’avenir de la filière porcine régionale. Les Chambre d’agriculture de Bretagne ont mené une enquête pour d’une part, mieux connaître ces exploitations familiales, d’autre part, mieux cerner leurs attentes.

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Si l’élevage de moins de 150 truies ne correspond probablement pas
à un archétype majeur de l’élevage de demain, il reste une
composante majeure de la filière bretonne.(© Terre-net Média)

Face aux enjeux de la mondialisation, les exploitations porcines ont entamé un long processus d’adaptation qui s’est notamment traduit par une concentration et un agrandissement des exploitations. Objectif : bénéficier d’une meilleure productivité, notamment du travail.
Cette concentration est également le résultat, d’une part, de la non-compensation des départs à la retraite et d’autre part, des cessations d’activité.

« L’agrandissement ou la disparition se fait surtout au détriment des plus petits élevages et seul le nombre de sites de moins de 150 truies recule », détaillait en février 2011 Marie-Laurence Grannec (Chambres d’agriculture de Bretagne). Sur les dix dernières années, 35 % de ces « petits élevages » ont disparu. Pour autant, avec 52 % des élevages bretons, ils restaient majoritaires en 2009. « Leur devenir est donc déterminant pour celui de la filière bretonne », relevait Marie-Laurence Grannec.

900 éleveurs interrogés

Malheureusement, les modèles d’évolution technico-économiques envisagés par les différents scenarii mis en place ces dernières années, laissent peu de place à ces élevages de petites tailles. « Un travail récent mené auprès des acteurs de la filière à fait ressortir que les exploitations d’avenir devraient compter au moins 250 truies », expliquait la spécialiste.

Quelques résultats de l’enquête en bref

  • Les élevages comptent en moyenne 112 truies.
  • La surface moyenne est de 54 ha.
  • 55 % des exploitations associent une autre production animale à l’atelier porc (dans 40 % des cas, un atelier bovin lait).
  • 46 % des exploitations sont gérées par un exploitant seul, 42 % par deux.
  • 26 % des exploitations font appel à de la main-d’œuvre salariée (contre 40 % en moyenne en Bretagne) et le plus souvent, il s’agit d’emplois à temps partiels.
  • L’âge moyen des exploitants varie de 44 à 48 ans.

Pour aller plus loin : lire ici les résultats.

Alors ? Ces exploitations porcines ont-elles un réel avenir ?
Pour répondre à cette question, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont mené l’enquête. Pour cela, elles ont interrogés entre mars et juillet 2010 près de 900 éleveurs bretons de moins de 150 truies, la moyenne bretonne se situant à 172 truies par élevage en 2009. Par ailleurs, 33 éleveurs ont répondu à un entretien qualitatif.
Le taux de réponse a atteint 24 %, « un taux élevé au regard des résultats habituels pour ce mode d’enquête qui témoigne de l’intérêt des éleveurs pour cette étude », notait Marie-Laurence Grannec.
Le questionnaire comportait quatre parties : description de l’exploitation dans son ensemble, description de l’atelier porc, évolution pressentie de l’atelier porc et sentiment des éleveurs sur leur métier et leur taille d’exploitation.

Inquiétudes sur le revenu et l’évolution de la réglementation

Si les éleveurs jugent globalement satisfaisant leur travail, ils sont toutefois inquiets sur deux thématiques : leur revenu, et l’évolution de la réglementation. Le mécontentement lié au revenu semble à ces éleveurs peu lié à la taille de l’exploitation puisque seuls 27 % d’entre eux pensent qu’un agrandissement permettrait de l’améliorer. « Ce sentiment s’explique par la conjoncture défavorable des dernières années et en particulier par le retour sur investissement jugé insuffisant (65 %) », résumait Marie-Laurence Grannec. D’autant que les éleveurs savent qu’ils vont devoir investir pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation sur les truies gestantes, sans garantie d’un retour sur investissement rapide. « Du fait de cette obligation réglementaire, ces petits élevages, caractérisés par une dynamique d’investissement plus faible, se trouvent contraints à des investissements importants pour eux », détaillait-elle.

Un niveau élevé d’autonomie environnementale

Ce qu’il faut retenir

L’enquête menée par les Chambres d’agriculture de Bretagne montre que les éleveurs porcins disposant d’un atelier de moins de 150 truies sont pour la plupart attachés à ce statut qu’ils souhaitent conserver. Mais ils sont actuellement en plein doute en raison des évolutions réglementaires qui vont les obliger dans les prochaines années à modifier leurs pratiques.

Comme l’indique l’enquête, ces exploitations ont un niveau élevé d’autonomie, notamment environnementale, et peuvent s’appuyer sur la présence d’un autre atelier animal. Ajoutez à cela des investissements limités, et il est donc logique de considérer que ces élevages ont jusqu’à présent eu un avantage certain en termes de sécurité financière et de pérennité. « Les évolutions réglementaires liées, au bien-être animal et à l’environnement obligeront à court terme ces exploitations à évoluer. Cette évolution passera par des investissements qu’elles peuvent difficilement amortir dans les conditions actuelles », résumait Marie-Laurence Grannec. En réaction, 64 % n’envisagent pas d’augmentation du nombre de truies tandis que d’autres s’inscrivent dans le processus de concentration et d’agrandissement des structures.

Un statut à préserver

« Nous devons donc pouvoir accompagner ces deux stratégies : aider ceux qui souhaitent s’agrandir notamment (association projet d’extension, multi-sites, délégation du naissage…). Mais aussi ceux qui privilégient une petite taille d’exploitation pour qu’ils se mettent en conformité avec les nouvelles réglementations », expliquait Marie-Laurence Grannec, poursuivant : « si l’élevage de moins de 150 truies ne correspond probablement pas à un archétype majeur de l’élevage de demain, il reste une composante majeure de la filière bretonne. Cette enquête démontre qu’une grande majorité de ces "petits élevages" souhaite conserver ce statut ; mais aussi qu’ils traversent aujourd’hui une période de doute. La filière doit les accompagner pour les aider à relever eux aussi les nouveaux défis auxquels doivent faire face l’ensemble des éleveurs. Il en va de l’avenir de la filière porcine bretonne ».

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.ifip.asso.fr.

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