Champ planet'terre Crise de l’Esb : s’en sortir seul ou soutenu par la profession
La même crise, mais deux approches différentes pour y remédier. Au Royaume-Uni, où l’épidémie d’Esb est apparue dès les années 1990, Sandy et Katie Ritchie ont surmonté seuls la crise. Comme beaucoup de leurs collègues, pour pouvoir rester éleveurs, ils ont créé leur filière de commercialisation en circuits courts. En France, Henri Loizeau doit la poursuite de son activité au soutien de la profession et aux moyens financiers mobilisés, lorsque son troupeau a été intégralement abattu en 2000. Un article extrait de Terre-net Magazine n°4.
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En Ecosse
Katie et Sandy Ritchie, éleveurs dans la région d’Argyll
Des éleveurs livrés à eux-mêmes
Deux grands "fétards" ! Katie et Sandy Ritchie sont de tous les festivals et de toutes les foires. La foule ne leur fait pas peur. Au contraire, elle est leur "gagne pain". Aux visiteurs, parfois jusqu’à cent mille, ils vendent des hamburgers, des kebabs, du haggis et des rôtis cuisinés sur place. La viande provient des animaux de l’exploitation, située sur la côte ouest de l’Ecosse, dans la région d’Argyll.
Le couple commercialise ses produits avec une dizaine d’autres éleveurs, regroupés sous l’enseigne "Argyll Food Producers". Une association qui leur ouvre les portes des festivals en montrant, aux organisateurs, que les producteurs sont capables de nourrir des milliers de visiteurs.
Diversification des débouchés et commercialisation en circuits courts : Katie et Sandy ont adopté ces stratégies pour surmonter les crises de l’Esb et de la fièvre aphteuse de la fin des années 90. Encouragés par les consommateurs qui doutaient, à l’époque, de la qualité alimentaire de la viande achetée au détail.
Comme eux, de nombreux producteurs britanniques ont opté, à la fin des années 2000, pour la vente en circuits courts. En minimisant dans un premier temps l’impact de l’épidémie d’Esb, les pouvoirs publics n’ont pas pris à temps les bonnes décisions. Ils ont laissé les éleveurs livrés à eux-mêmes et ont jeté le discrédit sur l’ensemble de la filière. Les consommateurs n’avaient plus confiance dans la qualité de la viande qui leur était proposée.
La seule solution : se diversifier
Katie et Sandy emploient un boucher, Ronnie Kennedy. (© DR) |
Katie et Sandy en conviennent : commercialiser une partie de sa production dans les foires est plutôt original comparé à la vente directe sur l’exploitation, les marchés, les épiceries et superettes, les hôtels et les restaurants. Actuellement, seule la moitié des jeunes bovins et des ovins, produits sur la ferme, est vendue aux enchères. Outre la valeur ajoutée dégagée, la vente directe sécurise une partie du revenu des éleveurs. Elle les protège aussi des variations, que subissent les cours du bétail commercialisé aux enchères.
Katie et Sandy, comme les autres producteurs en vente directe, maîtrisent dorénavant leurs marges et leurs revenus ! Et les consommateurs, qui leur achètent de la viande, ont retrouvé le plaisir d’en manger. Le kilo en équivalent carcasse est valorisé plus de 6 € en moyenne, contre 1,8 € si l’animal est vendu en vif aux enchères.
L’exploitation en chiffres SAU : 560 ha, dont 20 ha cultivables. Installations : un atelier de transformation et une boucherie. |
En France
Bernard Bailly et Henri Loizeau, éleveurs en Vendée
Producteurs et organismes agricoles… tous mobilisés
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En Vendée, la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la filière a limité l’impact de cette crise sanitaire importée de Grande Bretagne. Avec les abatteurs, nous avons mené un travail de reconstruction, aujourd’hui inenvisageable, pour que le marché se redresse. »
« J’ai été doublement victime de la crise de l’Esb, ajoute Henri Loizeau, éleveur sur une autre exploitation. Après le préjudice subi suite à l’abattage des 650 bovins du Gaec, décidé en septembre 2000 par la Dsv, je n’ai pas échappé à la mauvaise conjoncture persistante des marchés, liée à cette épidémie, avec des jeunes bovins vendus à leur prix d’achat.
Un soutien professionnel et psychologique
« Ceci dit, j’ai bénéficié d’un soutien professionnel et psychologique important, de la part des éleveurs et des organisations agricoles du département. Ils m’ont aidé à surmonter l’épreuve et, plus concrètement, à constituer des dossiers d’indemnisation et à reformer un troupeau de bonne valeur génétique.
L’administration vétérinaire a fait en sorte que je sois rapidement indemnisé. Les animaux ont été évalués en fonction de leur indice génétique Ivmat. Même mes pertes indirectes ont été prises en compte. J’ai pu racheter les premiers jeunes bovins le 15 octobre 2000, juste un mois après la détection de l’animal suspect.
A l’échelle de la filière, je pense que la bonne gestion de crise de l’Esb a évité des cessations d’activité et des réorientations professionnelles massives. Y compris parmi les éleveurs dont les troupeaux ont été abattus. »
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Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°4. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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