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Monotraite et allaitement Une solution pour réduire le temps d’astreinte et améliorer le bien-être des veaux

Selon une étude de l'Inra, l'allaitement associé à la monotraite présente l'avantage de réduire sensiblement l'astreinte. Jusqu'au sevrage, il permet une hausse de la production laitière. Après, l'allaitement mais entraîne une baisse de la production laitière.

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« La présence de la mère et la tétée permettent un
développement plus harmonieux du comportement du veau,
et ce, même si l’éleveur a pris l’option de la monotraite. » 
(© Terre-net Média)

Si elle réduit considérablement le temps d’astreinte, la monotraite entraîne malheureusement chez la vache une baisse de 30 à 50 % de la production laitière, avec un effet rémanent notable malgré un retour à deux traites par jour.

Ces facteurs peuvent-ils être améliorés si les veaux sont laissés avec leur mère ? Une étude franco-italienne apporte des indications intéressantes en termes de conduite d’élevage. Mais une autre étude datant de 2003 a également montré qu’une stimulation plus fréquente de la mamelle en tout début de lactation permet d’augmenter la production laitière.

Effet d'une combinaison à l'étude

Une équipe scientifique, composée de chercheurs de l’Inra et de l’Institut de zootechnique de Plaisance (Italie), a donc cherché à évaluer l’effet d’une combinaison de ces deux facteurs. « Nous avons voulu savoir si, chez des vaches conduites en monotraite, le fait de laisser les veaux téter leur mère, toute ou partie de la journée, permettait d’améliorer la production laitière », explique Dominique Pomiès, de l’Inra.

Une telle conduite permettrait également de « canaliser les activités des veaux et ainsi éviter le développement d’activités orales non alimentaires (succions, léchages…), fréquentes chez les veaux en allaitement artificiel » poursuivait-il. D’autant que ces activités peuvent se poursuivre, plus tard, entre génisses ou vaches adultes.

Dans cette optique, deux essais ont été réalisés sur des vaches Prim’Holstein, à l’unité expérimentale Inra des Monts d’Auvergne au cours des hivers 2006/2007 et 2008/2009 :

Des résultats prévisibles

Tout d’abord, les résultats recueillis sur le lot de vaches en monotraite « classique » sont conformes à ceux observés sur des lots de vaches en monotraite dès le vêlage : baisse de la production de plus de 30 % par rapport à une conduite classique à deux traites par jour ; augmentation significative du TB, du TP et du comptage des cellules somatiques, baisse du taux de lactose et une note d’état corporel plus élevée.

Ce qu’il faut retenir

Chez des vaches en monotraite, la présence continue des veaux dans la stabulation durant les 10 premières semaines de lactation ne permet pas d’augmenter la production laitière totale des mères, ni avant, ni après sevrage. Cependant, la réduction de cette présence à 10 h/j accroit la production totale de lait avant sevrage, mais cet avantage ne perdure pas après sevrage ou après passage à 2 traites par jour.
L’allaitement maternel limite le développement des activités orales non alimentaires des veaux et pourrait éviter le développement des succions entre génisses.
La monotraite combinée à l’allaitement permet surtout de réduire la charge de travail, en conservant un niveau de lait trait suffisant si les veaux sont séparés des mères durant la nuit.
Indépendamment de la monotraite, l’allaitement des veaux laitiers par leur mère (jusqu’au sevrage pour les femelles ou jusqu’à l’âge de 45 jours pour les mâles destinés aux ateliers de veaux de boucherie) permettrait de diminuer le travail d’astreinte lié à l’élevage des jeunes, tout en se plaçant dans un contexte d’attentes sociétales de respect du bien-être des animaux (développement de la relation mère-jeune, élevage respectant mieux la nature des animaux).

Ensuite, le fait de laisser les veaux en permanence avec leur mère se traduit par une faible quantité de lait récoltée, « quantité également très variable d’un jour à l’autre », précise Dominique Pomiès. L’hypothèse avancée par les scientifiques est que « certains veaux allaient parfois téter leur mère avant la traite, ou que certaines vaches "retenaient" leur lait pour ne le donner qu’à la tétée ».

À l’inverse, si les veaux sont séparés de leur mère pendant la nuit, l’effet est immédiat chez les laitières, avec un écart de lait entre le lot monotraite avec allaitement et sans allaitement fortement réduit. « En prenant en compte le lait bu par les veaux, le lot en monotraite avec allaitement a produit, avant sevrage, 26 % de lait en plus que le lot en monotraite sans allaitement. Malheureusement cela n’a entraîné aucune répercussion favorable sur la production laitière ultérieure », détaille le chercheur français.

Qualité du lait

Au niveau de la qualité du lait, le lot monotraite avec allaitement a affiché une baisse moyenne du TB de 26 % par rapport aux vaches en monotraite « classique ». Mais cet écart disparaît dès le sevrage. « Cela suggère que le lait bu par les veaux était particulièrement riche en matières grasses, sachant que la tétée intervenait en général juste après le retour des mères de la salle de traite. » Or, des études ont montré que « le lait restant dans la mamelle après la traite (lait résiduel, ndlr) a un TB supérieur à 80 g/kg ».

De même, le TP avant sevrage des vaches avec veaux a été systématiquement plus faible que celui des autres vaches en monotraite (1,1 g/kg). Cela semble indiquer un bilan énergétique moins bon, même si cette différence est non significative. « Ce résultat est vraisemblablement lié au lait supplémentaire produit pour l’allaitement, bien qu’elles ingèrent en moyenne 1,4 kg MS/j en plus. »

Une mamelle plus souvent vidée

Autre effet positif de la présence des veaux sur la qualité du lait : une division par deux de la concentration en cellules somatiques du lait. Concrètement, la mamelle est « vidangée » plus souvent par le veau, un effet également mis en évidence avec l’augmentation de la fréquence de traite. « Cet effet bénéfique s’est poursuivi après sevrage et dans une moindre mesure après retour à 2 traites par jour. »

Enfin, si l’on s’attache au bien-être animal, « la présence de la mère et la tétée permettent un développement plus harmonieux du comportement du veau », poursuit Dominique Pomiès.

« Il conviendrait de vérifier l’intérêt de cette conduite pour les animaux (comportement à long terme, en particulier tendance de certaines vaches à téter les autres, santé) et sa viabilité technico-économique : croissance des veaux, production laitière… », conclut le scientifique français.

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