Les filières « lait » et « viande » au Canada L’exception laitière a encore de beaux jours devant elle !
Le secteur laitier canadien a été le premier à s’organiser au niveau national selon la logique de la gestion de l’offre. Cette offre laitière vise uniquement la satisfaction du marché intérieur, les exportations représentant moins de 2 %.
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Un importateur important
De nos jours, le Canada est surtout connu comme étant un important exportateur de denrées agricoles. Cette volonté de libéraliser les marchés agricoles explique d’ailleurs le fait que le Canada soit un membre fondateur du groupe de Cairns créé en 1986. Pour rappel, ce groupe « prône la libéralisation des marchés agricoles au niveau multilatéral, à l’OMC ».
Mais au Canada, la politique laitière est tout autre : elle vise uniquement à satisfaire le marché intérieur « protégé par des barrières douanières élevées » résumait Philippe Chotteau (Institut de l’élevage) en décembre dernier, aux rencontres 3R à Paris. À noter que le cas du lait canadien n’est pas unique puisque les filières viande de volaille et œufs ont fait le même choix.
Enquête et analyses
« Quel bilan tirent les experts canadiens de cette politique originale ? Quels sont les gagnants et les perdants de cette politique menée depuis plus de trois décennies ? A-t-elle encore un avenir ? », s’interrogeait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.
Pour répondre à ces questions, l’organisme a décidé de mener l’enquête, en s’appuyant sur des sources bibliographiques, l’analyse de données statistiques, une étude bibliographique et des entretiens menés lors de deux missions de terrain menées. Ces missions ont été réalisées en 2008 pour la filière laitière, au Québec et en Ontario ; et en 2009 pour la filière viande bovine, en Ontario et en Alberta.
« Certains éléments de réponse peuvent être esquissés en observant par contraste l’autre filière bovine, la filière viande : cette dernière a fait le choix inverse en misant sur l’exportation qui représente plus de la moitié des volumes produits », poursuivait Philippe Chotteau. « La crise actuelle dans laquelle se trouve la filière viande ne devrait pas précipiter la filière laitière à imiter son exemple… sauf contrainte extérieure majeure, tel qu’un accord à l’Omc conforme aux modalités arrêtées en 2008 à Genève ! »
Avantages pour les éleveurs
L’analyse de l’ensemble de ces informations montre que « le système de gestion de l’offre laitière présente de nombreux avantages pour les éleveurs et la filière » résumait Philippe Chotteau, précisant par ailleurs que cela allait toutefois de paire avec « une grande fragilité compte tenu des politiques commerciales actuelles ».
Au cours des dernières discussions mondiales, les Canadiens n’ont pu se résoudre à « sacrifier leur système de gestion de gestion de l’offre laitière ». Mais, comme le précise rapidement le français, « un accord à l’OMC sur les bases de la proposition de modalités actuellement sur la table à Genève ouvrirait une brèche ». Ainsi, cette brèche aurait pour conséquence l’affaiblissement de la protection douanière et forcerait les Canadiens « à ouvrir des contingents d’importation à droit nul. C’est une épée de Damoclès qui devrait limiter la spéculation sur le prix du quota laitier ».
Des filières « viande » en crise
Quant au secteur de la viande bovine, très déprimé et « sous perfusion de fonds publics », les alternatives sont peu nombreuses. « Les filières viandes rouges canadiennes se débattent dans la crise », expliquait Philippe Chotteau : la filière porcine a perdu 20 % de ses truies et le tiers de ses fermes depuis 2005. La filière viande bovine « souffre aujourd’hui de son intégration incomplète au marché nord-américain », subit le taux de change et les réglementations mises en place aux Usa « et a beaucoup de mal à faire reconnaître sa spécificité dans les négociations commerciales avec les pays tiers ».
Ainsi, pour le spécialiste de l’Institut de l’élevage, la transposition du système mis en place dans le secteur laitier pour gérer l’offre de viande bovine est peut probable… de même, « les bilans économiques actuels des stratégies "tout export" des filières viandes bovines et porcines canadiennes ne paraît pas plaider pour leur adoption par le secteur laitier canadien ! »
Ainsi, les choses devraient rester en l’état, sauf profonde modification provenant de l’Omc…
Pour aller plus loin
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