Salon international de l'agriculture Les petites races bovines tiennent la dragée haute aux bêtes à concours
Les bêtes à concours, charolaises, limousines, salers, impressionnantes par leur volume, tiennent toujours le haut du pavé au Salon de l'agriculture mais les petites races bovines, solides et costaudes, y font un retour remarqué, après avoir failli disparaître dans les années 1970.
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Quatorze races sont aujourd'hui suivies pour tenter de conserver la richesse de leur patrimoine génétique, dont la bretonne pie noir.
Particulièrement prolifique au 19e siècle, quand elle comptait 500.000 têtes, la bretonne, pourtant louée pour sa robustesse et ses qualités de laitière, a vu ses effectifs chuter brutalement dans les années 1960.
Il était temps, la race ne comptait plus que 300 vaches.
En 1976, grâce à la passion d'un professeur de zootechnie, Pierre Quéméré, elle a été la première race à faire l'objet d'un programme de conservation. Il était temps, la race ne comptait plus que 300 vaches. Les effectifs sont remontés aujourd'hui à près de 2.000. Vincent Thebault, paysan dans le Morbihan près de Malestroit, est venu au Salon de l'agriculture accompagné de ses deux bretonnes pie noir, qu'il présente au concours général agricole.
Avec leur robe blanche et noire, Vergure et Vienne, nées en 2004, sont les dignes représentantes de la plus petite race de vache française, 1,14 m au garrot. Elles ne pèsent en moyenne que 400 à 450 kilos, un poids plume par rapport aux mastodontes qui somnolent devant l'oeil émerveillé des petits et grands. Dès son installation en 1995, il a choisi des bretonnes pie noir : « quand on est dans un pays, il faut regarder ce qui existe dans ce pays et l'utilise ». Il transforme lui-même le lait. Il en fait du Gwell, un lait fermenté de type yaourt. Il produit également des fromages qu'il vend sur les marchés. Le succès est au rendez-vous : « nous manquons de marchandises », affirme-t-il.
« Au début, on ne savait même pas que ces différentes races de vaches existaient »
Autres races à petits effectifs, les béarnaises sont aussi montées à Paris tandis que les bordelaises qui devaient être également du voyage ont dû renoncer pour cause de grippe, explique Lucille Callede du conservatoire des races d'Aquitaine. En 1975, il n'y avait plus que 70 béarnaises alors que l'on en comptait 300.000 en 1940. En 1962, les effectifs avaient déjà chuté à 20.000. Reconnaissables à leurs cornes en forme de lyre et leur robe couleur froment, les béarnaises ne sont encore aujourd'hui que 185.
Bernard Mora, éleveur à Asasp Arros (Pyrénées Atlantiques), a commencé à monter son troupeau en 1990. « J'ai acheté deux béarnaises puis j'en ai trouvé une autre par hasard, elle avait 18 ans ». Aujourd'hui, il a une quinzaine de bêtes et produit des veaux sous la mère, vendus directement au consommateur. « Au début, on ne savait même pas que ces différentes races de vaches existaient », raconte Lucille Callede.
Elle cite l'exemple de la vache Marine, qui peuplait encore le littoral landais au début du 20e siècle et dont un seul troupeau a été retrouvé. Ou encore la Betizu, une vache sauvage qui vit encore aujourd'hui en montagne basque dans les Pyrénées. Il y en aurait en tout 150. Dans un très beau livre, Philippe Dubois, ingénieur écologue, recense, iconographie à l'appui, toutes les races disparues depuis le milieu du 19e siècle et celles aujourd'hui menacées ("À nos vaches, les races bovines disparues", Ed Delachaux & Niestle).
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