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Vêlage groupé à 18 mois La faisabilité technique avérée

Pas toujours évident pour les éleveurs de maintenir stricto-sensu un intervalle vêlage-vêlage à 12 mois. Un essai mené dans l’ouest de la France vient amener de l’eau au moulin des adeptes des vêlages groupés à 18 mois : faible impact sur la production laitière et amélioration du taux de réforme. Des premiers résultats qui restent toutefois à confirmer !

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« Dans un troupeau laitier, il est difficile de maintenir un intervalle entre vêlages (IVV) de 12 mois lorsque la production laitière est élevée », rappelait Valérie Brocart (Institut de l’élevage) en décembre dernier, à l’occasion des 17e Rencontres recherches ruminants, à Paris.

Méthodologie

Cet essai s’est tenu de 2005 à 2009, sur 2 deux lots de 20 vaches Prim’Holstein, dont 35 % de primipares :

  • un lot témoin avec un IVV de 12 mois ;
  • un lot avec un IVV de 18 mois.

Les vêlages sont groupés sur 3 mois dans les deux cas, dans un objectif de rationalisation du travail d’astreinte. Ils ont lieu à l’automne pour le lot témoin et à l’automne ou au printemps selon l’année pour le lot 18 mois. « Ces deux lots étaient composés au départ d’animaux de potentiel laitier élevé (50 % des meilleurs index du troupeau) » précise Valérie Brocart (Institut de l’élevage).
Les données de 60 lactations de 12 mois et 40 lactations de 18 mois ont été enregistrées.
Le lot « 18 mois » a vêlé une fois en septembre et une fois en mars, contre 3 vêlages de septembre pour le lot 12 mois.
Le système fourrager est identique pour les deux lots : ensilage de maïs toute l’année, 20 ares d’herbe pâturée par vache et 900 kg de concentrés par vache et par an (tourteau de soja 48, concentré de production, CMV).

De plus, cela nécessite une attention toute particulière de l’élevage, que les chaleurs sont parfois difficiles à détecter ou bien encore « qu’après 10 mois de lactation, certaines vaches produisent encore plus de 20 kg de lait par jour ». Aujourd’hui, des éleveurs souhaitent allonger l’intervalle vêlage-vêlage, pour des raisons d’astreinte et d’organisation du travail.
« Il est possible d’allonger volontairement cet IVV », poursuivait la scientifique, précisant toutefois que les conséquences technico-économiques étaient jusque-là peu connues.
Dans ce cadre, l’Institut de l’élevage, les Chambres d’Agriculture de Bretagne et Agrocampus Ouest ont donc mis en commun leurs compétences pour lancer un essai comparant 2 lots en vêlages groupés, l’un dont l’IVV est de 12 mois et l’autre dont l’IVV est de 18 mois (méthodologie).

7900 kg/ an en moyenne

Sur trois années, le lot témoin a produit en moyenne 7918 kg/an, avec une production. Le lot ’18 mois’ a produit légèrement moins, à 7815 kg/an, mais la différence n’est pas significative sur la moyenne du troupeau. Les choses changent lorsque l’on s’intéresse dans le détail à la parité.

Trois années de rab

À la fin 2008, les trois instituts partenaires – l’Institut de l’élevage, les Chambres d’Agriculture de Bretagne et Agrocampus Ouest – ont jugé qu’il aurait été présomptueux de pousser plus loin l’analyse, car « l’interprétation des résultats des 3 premières années d’essai est limitée ». En effet, les 2 lactations du lot 18 mois se sont déroulées sur 2 saisons de vêlage différentes (automne 2005 puis printemps 2007).
C’est pourquoi ils ont décidé de poursuivre l’essai sur trois années de plus (2009-2011). « Cela permettra de conclure sur l’impact éventuel de l’allongement et de la saison de vêlage sur les écarts observés, ainsi que sur l’effet de l’allongement sur les résultats de reproduction et la santé du troupeau. »
Ainsi, les primipares du lot 18 mois ont produit 752 kg de lait de plus que celles du lot 12 mois.
À l’inverse, les primipares du lot « 18 mois » ont produit moins (-446 kg/an), cette différence s’expliquant « par une meilleure persistance laitière des primipares ».
Par ailleurs, le fait d’allonger de 6 mois la lactation entraine, toujours chez les primipares, une augmentation significative de la quantité de matières protéiques produites par an (+25 kg/an) ; les quantités de matières grasses restent similaires entre les lots primipares 12 et 18 mois.
Au tarissement, les vaches du lot 18 mois produisaient entre 10 et 15 kg de lait par jour, ces chiffres « illustrant la faisabilité technique d’un IVV de 18 mois ».
L’ensemble de ces résultats mérite bien évidemment d’être conforté par d’autres essais et « avec des effectifs plus importants ».

Vêlage à 18 mois techniquement réalisable


« Dans un troupeau laitier, il est difficile de maintenir
un intervalle entre vêlages (IVV) de 12 mois lorsque
la production laitière est élevée. »(© Terre-net Média)

Cet essai mené entre 2005 et 2008 a fourni de précieuses informations aux scientifiques et aux éleveurs.
Pour les premiers, il permet de compléter « de rares données bibliographiques sur le sujet ».
Pour les seconds, il vient conforter un choix technique : « les vêlages groupés tous les 18 mois sont techniquement réalisables et s’accompagnent d’un faible impact sur la production laitière annuelle. Cependant, les primipares semblent plus aptes à avoir des lactations longues en raison de leur meilleure persistance » précisait Valérie Brocard.

Meilleur étalement de la production

Concrètement, en termes de conduite, cela signifie que le vêlage groupé à 18 mois peut être compatible avec 2 périodes de vêlages groupés à 6 mois d’écart « avec allongement de 6 mois des lactations pour les vaches non gestantes dans la première période ».
Intérêt de cette conduite : conserver l’avantage des vêlages groupés et abaisser le taux de réforme.
« Pour la filière, cette conduite en 2 lots pourrait permettre un meilleur étalement de la production » poursuivait la scientifique de l’Institut de l’élevage, précisant qu’une étude économique complète permettra de confirmer l’intérêt de cette stratégie.

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