Aides agricoles Au salon de l'agriculture de Berlin, l'avenir de la Pac agite les esprits
L'avenir de la Politique agricole commune (Pac) agite les esprits au salon de l'Agriculture de Berlin où les exposants des nouveaux membres de l'Union européenne (UE) aimeraient plus d'équité de l'Allemagne et de la France.
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40 milliards d'euros de subventions directes
La Pologne a pris la tête d'une fronde contre le statu quo, et notamment contre les clés de répartition en vigueur de quelque 40 milliards d'euros de subventions directes aux exploitants agricoles. Celles-ci se basent sur des critères historiques de production qui, selon plusieurs des pays ayant rejoint l'UE depuis 2004, n'ont plus lieu d'être. « Nous ne nous plaignons pas », explique Miroslaw Purzycki, Polonais lui-aussi, à la tête d'une association de producteurs d'esturgeons, « mais nous serions contents si à partir de 2014 nous pouvions toucher plus ». « Après tout », ajoute-t-il, « nos besoins sont beaucoup beaucoup plus importants que ceux des vieux pays membres ». Le ministre polonais de l'Agriculture Marek Sawicki engage ses homologues européens à « réduire les divergences et différences », pour faire de la Pac un instrument de « solidarité, et non une source de distorsions », a-t-il déclaré au salon dont son pays est cette année l'invité d'honneur.
Face aux envies de changement des Polonais et de leurs alliés, la France et l'Allemagne, les deux plus grandes nations agricoles de l'UE et les plus gros bénéficiaires des euros de la Pac, font front commun pour un maintien du système en vigueur. Leur ligne, définie avant même la publication par la Commission européenne de ses propositions en novembre, « est rejointe par de plus en plus de pays », a affirmé au salon le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire, évoquant une Pologne « de plus en plus isolée ».
« Il faut que les choses soient plus équitables »
« La Pologne n'est pas isolée », lui rétorque Roomet Sormus, directeur de la chambre estonienne d'Agriculture et de Commerce, « nous aussi, notre souci principal c'est que les paiements directs ne soient plus effectués sur la base de niveaux de production historiques ». « Ce n'est pas que nous voulions nécessairement plus d'argent, mais il faut que les choses soient plus équitables », plaide-t-il.
Pour Anca Dan, agricultrice roumaine venue promouvoir ses fromages et saucissons artisanaux, « les nouveaux (membres de l'UE) aimeraient bien que tout le monde touche la même chose, mais cela ne se passera pas comme ça », prédit-elle. Des propositions du commissaire européen à l'Agriculture, son compatriote Dacian Ciolos, elle retient surtout, en bien, l'orientation écologique, pour laquelle il veut renforcer le « second pilier », c'est-à-dire les aides indirectes destinées par exemple à promouvoir les espaces ruraux. M. Ciolos veut aussi conditionner les aides directes à des critères de respect de l'environnement. Ces propositions font sérieusement tiquer la puissante fédération allemande des agriculteurs, le Bauerverband, qui juge les idées de M. Ciolos « contre-productives ». Laszlo Balogh, producteur hongrois de salami et saucisses, ne s'intéresse guère à ces débats. « Je ne fais pas confiance à Bruxelles pour améliorer ma situation », dit-il.
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