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Vétérinaire Une profession née il y a 250 ans, sur décision de Louis XV

La profession de vétérinaire est née il y a 250 ans sur décision du roi Louis XV, qui autorisa l'ouverture, dans les faubourgs de Lyon, de la première école vétérinaire au monde. Celle-ci visait à enseigner comment « guérir les maladies à bestiaux", afin de favoriser le développement de l'élevage.

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Former des vétérinaires capables de s'occuper
des maladies de tous les animaux et non des
seuls chevaux est la mission de la première
école vétérinaire. (© Terre-net Média)

« La médecine de l'homme est utile à celle du cheval et réciproquement », avait affirmé dès 1755 l'encyclopédiste Claude Bourgelat, qui souhaitait la création de cette école.

Le 4 août 1761, Louis XV signait l'acte de naissance de la profession à Versailles, où s'est s'ouvert officiellement lundi dernier l'Année mondiale vétérinaire (Vet2011) célébrant cet anniversaire. Le roi espérait que les vétérinaires pourraient lutter contre une épidémie qui « désole les campagnes ».

« De 1712 à 1714, la peste bovine avait tué 90 % du cheptel européen », relève Christophe Degueurce, professeur à l'Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort, la deuxième créée en France, quatre ans après celle de Lyon.

Après 1750, 14 écoles vétérinaires voient le jour en Europe

« Dans la seconde moitié du 18e siècle, 14 écoles vétérinaires voient le jour en Europe. Le vétérinaire va progressivement remplacer les hippiatres, spécialistes de la médecine du cheval, et les maréchaux qui s'occupaient des soins aux animaux, y compris dans les campagnes », explique le Pr Degueurce. Mais il y avait une énorme différence de connaissances, entre le maréchal des écuries du Roi, qui était vraiment un savant, et les maréchaux des campagnes, les bouviers ou bergers soignant les animaux, les hongreurs chargés de les castrer, selon des méthodes ancestrales empiriques.

« Ce qui va déclencher la création de la médecine vétérinaire, c'est le changement de la relation aux animaux », résume-t-il, évoquant le développement des hautes écoles d'équitation à partir du 16e siècle, puis l'intérêt pour les animaux de compagnie sous le règne de Louis XV. « Les gens de la Cour s'attachent à des animaux de compagnie » et les font « soigner par les médecins et les chirurgiens », leur donnant ainsi « un statut qui est proche de celui de l'homme », raconte-t-il. Autre élément-clé : la volonté du pouvoir royal de réformer l'agriculture et en particulier l'élevage.

« C'était révolutionnaire »

Claude Bourgelat, écuyer du roi devenu scientifique, le comprend. L'école qu'il propose de créer doit former des vétérinaires capables de s'occuper des maladies de « tous les bestiaux » et non des seuls chevaux, comme le souhaite alors un maréchal des écuries du roi. Il ouvre la voie à l'expérimentation animale au sein des écoles vétérinaires : les « personnes à qui la vie des hommes est confiée » pourront y éprouver « sur des animaux ce que la prudence ne leur permet pas de tenter sur la nature humaine ».

« C'était révolutionnaire », souligne Jean-François Chary, président du comité d'animation et de coordination de Vet2011. Bourgelat est l'inventeur du concept de « biopathologie comparée », dit-il. « C'était déjà dans l'air du temps », nuance Christophe Degueurce. « Ce qui est très fort de la part de Bourgelat, c'est d'avoir fait rentrer cette dimension dans ce nouvel outil qu'est l'école vétérinaire ». A peine formés, les premiers vétérinaires ruraux s'insèrent difficilement, après quatre ans passés en ville.

« Ils crevaient de faim car ils étaient rejetés », relève Christophe Degueurce. Bourgelat trouve une solution : donner aux futurs vétérinaires « des cours de reboutage et d'accouchement » pour suppléer l'absence de médecins dans les campagnes. 250 ans plus tard, les vétérinaires ne jouent plus les accoucheurs, mais la profession garde de multiples facettes pour assurer sécurité alimentaire, bien-être animal et lutte contre les épidémies. Clin d'oeil de l'histoire, l'éradication totale de la peste bovine devrait être annoncée cette année.

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