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Rapport sur les marges et les prix Les éleveurs de bovins empêchés de répercuter la hausse de leurs coûts de production

Selon le « Rapport préliminaire sur les marges et les prix dans la filière bovine » réalisé par Philippe Chalmin, président de l’Observatoire des marges et des prix, les secteurs de la transformation et de la distribution ont pu répercuter ces dix dernières années, les hausses de coûts de production imposées mais pas les éleveurs. Ceux-ci « ont du s’adapter "sans revenu" à des investissements et à des contraintes imposés par une réglementation de plus en plus exigeante ».

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Philippe Chalmin et Bruno Le Maire.
(© Terre-net Média)

« Il n’y a pas de gagnants mais des perdants, les éleveurs ». Ces quelques mots ont suffi à Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture, pour commenter, ce 6 janvier, les premiers résultats du « Rapport préliminaire sur les marges et les prix dans la filière bovine » réalisé par Philippe Chalmin, président de l’Observatoire des marges et des prix intronisé l’automne dernier (voir encadré lien).

Au cours de ces dernières années, les transformateurs et les distributeurs ne se sont pas, semble t-il, constitués des bas de laine au détriment des producteurs.  Et si leurs marges brutes ont cru de 1,06 euro par kilo depuis 2000, passant de 2,83 € à 3,89 €, « il semble qu’elles soient liées à des charges nouvelles correspondant à des services et à des contraintes supplémentaires (hygiène, crise Esb pour 0,49 €/kg de carcasse entre autres). Elles n’ont pas généré de bénéfices supplémentaires », explique le rapport. Autrement dit, si « l’augmentation des prix correspond aux exigences du consommateur » en matière de traçabilité ou de facilité d’utilisation par exemple, elle « n’a en aucune manière permis d’augmenter le prix payé au producteurs au sein de la filière. Les éleveurs sont donc les seuls acteurs à ne pas avoir pu répercuter dans leurs prix de vente l’augmentation de leurs coûts de productions ! », ajoute Philippe Chalmin.

Un prix déconnecté du coût de production

Réaction de la Fnb : « Circulez, il n’y a rien à voir ! »

« Malgré le décalage considérable entre la hausse du prix à la consommation (jusqu’à 50% de hausse en 10 ans selon l'Insee) et la stagnation en parallèle du prix à la production, la conclusion de ce rapport est « circulez, il n’y a rien à voir » ! »
«La Fnb appelle les pouvoirs publics à plus de claire-voyance et à enfin renforcer les moyens de cet Observatoire pour lui donner les capacités d’analyse indépendante et de suivi d’indicateurs objectifs (prix aux différents stades des intermédiaires de la filière) à même de révéler la réalité. Ces carences ont été dénoncées par la Fnb notamment depuis le printemps dernier, mais rien n’a encore été mis en œuvre pour y remédier ».
« L'Etat contrôle les paysans pourquoi pas les Gms? C’est pourtant un enjeu crucial que de disposer d’une surveillance régulière et pertinente des marges dans les filières. »
Il est vrai que sur les dix dernières années, le prix de référence en production bovine (prix retenu dans l’étude autour de 2,75€ en 2010 pour une vache ‘moyenne’ avec un écart racial de 0 ,6 euro) est quasiment resté constant.

Un prix par conséquent déconnecté du coût de production puisqu’il ne représente plus que 39 % du prix hors taxe par kilo équivalent carcasse au détail contre 45% en 2000.

L’exemple retenu dans le rapport d’un jeune charolais montre du reste que ce coût s’établissait en 2008 à 4,1 euros hors rémunération des capitaux et de la main d’oeuvre (1,5 smic). Et à 5,3 euros tout compris, soit un différentiel de 0,6 euros (1)  par rapport au prix de vente (3,12 euros) et aux aides reçues (1,5 €) que les éleveurs laitiers et de bovins viande ne sont pas parvenus à répercuter sur le prix de vente. Ce qui conduit dans ces conditions à renier leur niveau de vie et afficher des revenus agricoles parmi les plus faibles de France.

Ces premiers résultats surprennent la Fnb (Fédération nationale bovine) tout en confortant ses revendications. En agrégeant dans le rapport transformateurs et distributeurs, leurs résultats courants masquent la réelle incidence de la distribution sur la répartition des marges et de la valeur ajoutée (voir encadré) au sein de la filière. En situation oligopolistique, il est en fait aisé de comprendre que la grande distribution a des moyens importants pour faire pression sur les transformateurs.

Les résultats n'ont pas étonné le ministre de l'agriculture

Dans le même temps, les résultats du rapport préliminaire confortent les revendications de la Fnb car le manque à gagner de 0,6 euro équivaut à peu près à la hausse de 0,5 euro du prix du kilo des carcasses demandée l’automne dernier. « C’est le sens de l’action menée par la Fnb pour une hausse des prix-production, indispensable pour conserver l’élevage en France et ainsi garantir l’approvisionnement des consommateurs avec des produits de qualité et des normes de production conformes à leurs attentes», explique la Fnb dans un communiqué ; la répercussion de 0,5 euro ne conduisant en fait qu’à accroître du même montant le prix au détail (6,6 euros hors taxe par kilo équivalent carcasse, payé au détail par le consommateur).

D’autres rapports attendus

Le rapport préliminaire « Prix et marges dans la filière bovine » sera enrichi par une nouvelle étude approfondie. Courant 2011, l’Observatoire prévoit la publication d’autres rapports sur les marges et les prix d’autres produits agricoles réalisés avec la collaboration de FranceAgriMer. L’objectif est de faire toute la transparence sur leurs compositions afin d’élaborer des plans de reconquête et afin de rendre les filières plus compétitives. « Une première en Europe », a souligné le ministre de l’agriculture.

Les résultats du rapport préliminaire n’ont pas vraiment étonné le ministre de l’agriculture interrogé par Terre-net Média. Dès leur annonce, il a décidé d’adopter différentes mesures portant à la fois sur le prix de vente des carcasses de bovins en favorisant une organisation de la filière par bassin de production mais aussi, en réduisant les coûts de production, en développant les débouchés à l’export et en créant de nouvelles activités reposant sur l’élevage comme la méthanisation par exemple. Ces mesures renforceront et accompagneront le plan de filière annoncé au Space de Rennes en septembre dernier.

 

Pour en savoir plus, cliquer sur 

« Les cinq mesures envisagées pour reconquérir les marges et les revenus»

 

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