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Ration sèche Surveiller le TP

Réduire son temps d’astreinte, c’est bien. Mais en conservant son autonomie alimentaire, c’est mieux ! C’est tout le dilemme que peuvent avoir les éleveurs qui décident de se lancer dans les rations sèches à base d’aliments composés pour vaches laitières. L’Institut de l’élevage et la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire ont lancé une étude visant à évaluer l’impact d’une ration sèche. Résultats.

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L’utilisation de foin de luzerne et la constitution d’une ration
complète permet de plus de sécuriser le bon fonctionnement
du rumen.(© Terre-net Média)

La ration sèche est une conduite alimentaire qui offre une solution alternative en cas de sécheresse conjoncturelle, mais aussi dans le cas de « restriction des disponibilités en eau pour les cultures fourragères telles que le maïs ensilage », détaillait en décembre 2009 Philippe Brunschwig (Institut de l’élevage), à l’occasion des rencontres 3R.

Attention au risque sanitaire

Mais tout ceci n’est pas sans risque : au-delà de l’autonomie alimentaire abaissée, l’éleveur doit également faire le pari que ses animaux resteront en bonne santé. « En effet, cette technique augmente les risques sanitaires sur les vaches » précise l’expert.

C’est pourquoi en partenariat avec la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire, l’Institut de l’élevage a lancé un essai. Objectif : mesurer l’intérêt d’une ration sèche fermière utilisant des céréales autoconsommées (2/3 maïs, 1/3 blé) et des tourteaux industriels, avec du foin de luzerne pour obtenir une ration à moindre risque acidogène. L’essai a été menée sur deux lots de 16 vaches de race Prim’Holstein (primipares et multipares) en milieu de lactation : un lot témoin alimenté avec une ration composée à 67,8 % d’ensilage de maïs, et un lot ration sèche.

Sécuriser le fonctionnement du rumen

Composition des deux rations

Lot témoin

  • Ensilage de maïs : 67,8 %
  • Paille : 2,1 %
  • Tourteau de colza 35 : 21,4 %
  • Colza tanné : 7,4 %
  • Urée & minéraux : 1,3 %
  • Valeur de la ration : 0,87 Ufl, 100 g Pdin, 95 g Pdie/kg MS de ration

Ration sèche

  • Foin de 1ère coupe de luzerne : 41,4 %
  • Maïs grain broyé : 20,8 %
  • Blé aplati : 12.5 %
  • Tourteau de colza 35 : 13,8 %
  • Colza tanné : 3,8 %
  • Mélasse de canne : 4.7 %
  • Huile de colza : 2.4 %
  • Minéraux : 0,6 %
  • Valeur de la ration : 0,91 Ufl, 104 g Pdin, 99 g Pdie/kg MS de ration
Mettre en place une ration sèche à partir de céréales et de foin de l’exploitation a déjà le premier avantage de maintenir l’autonomie alimentaire. « Par ailleurs, l’utilisation de foin de luzerne et la constitution d’une ration complète permet de plus de sécuriser le bon fonctionnement du rumen », poursuit Philippe Brunschwig.

Dans la ration sèche évaluée dans l’essai, le rajout d’huile de colza et de mélasse a non seulement permis de maintenir le mélange, mais aussi « d’orienter la composition de la matière grasse du lait en acides gras ».
Par contre, « pour maintenir le TP », il est conseillé de remplacer le maïs « par de la pulpe de betterave surpressée » (ration semi-sèche) et ou d’apporter un complément en acides aminés. « Une étude en début de lactation devrait être réalisée en complément » soulignait toutefois Philippe Brunschwig.

Augmentation de la production laitière

Dans le détail, les résultats indiquent la ration sèche permet une production laitière supérieure comparativement à l’ensilage de maïs (+2,6 kg/VL/j). « La forte part de concentré dans la ration (Ndlr : 58 % vs 28,8 %) explique l’augmentation de la production », soulignait le chercheur français.
Au niveau qualitatif, la ration sèche permet d’avoir une composition améliorée au niveau des matières protéiques (+49 g/j) et moins grasse (-68 gMG/j).
Conséquence : baisse du TB et du TP avec la ration sèche, avec respectivement -5,3 g/kg et -1,3 g/kg.
Par contre, l’urée est supérieure avec la ration sèche (+33 mg/l). « La baisse du TB s’explique par une plus faible synthèse de matière grasse liée à un taux d’acides gras courts et moyens plus bas, mais aussi par la dilution du lait. »

Interaction digestives importantes

Celle du TP est quant à elle liée aux concentrations de lysine et de méthionine digestible plus faibles dans la ration sèche que dans le lot témoin. « L’efficacité de la ration sèche est en outre pénalisée par des interaction digestives importantes et par un transit accéléré, comme l’indique l’état des bouses, qui contiennent plus d’amidon que dans le lot témoin. »

Au niveau physiologique, les vaches ont repris de façon comparable, mais les vaches ayant reçu la ration sèche on davantage peiné au niveau de la reprise d’état corporel. « Le foin de luzerne a sans doute permis de stabiliser la ration, tout comme le maïs grain a permis d’éviter les perturbations ruminales », concluait Philippe Brunschwig.

Pour aller plus loin

Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.

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