Distribution Il est possible de préparer la ration plusieurs jours avant

Les essais menés par l’Inra de St-Genès Champanelle indiquent qu’il n’y a pas de problème majeur interdisant de préparer les rations plusieurs jours avant de les distribuer aux animaux. (© Terre-net Média)

La diminution de la surcharge de travail dans les exploitations d’élevage passe, en particulier, par une simplification de l’affourragement, en remplaçant la distribution quotidienne par une distribution tous les deux, voire trois jours.

Des essais menés sur cette simplification n’ont pas observé d’effet négatif sur l’ingestion de bovins allaitants, alimentés trois fois par semaine en période hivernale. Mais qu’en est-il au niveau de la qualité de la ration ?

Pour répondre à cette question, l’unité de recherche sur les herbivores de l’Inra a lancé un essai. But : mesurer l’évolution de la qualité de rations à base d’ensilage dans les sept jours suivant leur distribution, en fonction de la température.

Ensilages de mauvaise qualité

L’Inra de Champanelle (63) a mené cet essai sur la conservation d’un ensilage d’herbe et d’un ensilage de maïs. Les expérimentateurs ont fait le choix délibéré de travailler sur des ensilages de mauvaise qualité, distribués seuls ou avec un concentré (40 %).

« Nous avons obtenu cette mauvaise qualité en inoculant les ensilages avec un mélange de deux moisissures fréquemment rencontrées : Monascus spp et Penicillium roqueforti », expliquait Jean-Claude Bonnefoy, lors des rencontres 3R de 2009.

Les 4 lots (ensilage de maïs avec ou sans concentré et ensilage d’herbe avec ou sans concentré) ont été conservés dans des chambres thermostatées à trois températures différentes : 10°C, 20°C et 30°C.

Maintenir en dessous de 10°C

Même avec un ensilage de mauvaise qualité, on s’aperçoit que « la distribution simplifiée ne vient pas modifier la qualité des ensilages à condition que la température extérieure reste inférieure à 10°C », résumait Jean-Claude Bonnefoy. Au-delà d’une telle température, et notamment à partir de 20°C, les conditions redeviennent favorables pour les champignons et la reprise des fermentations. « Heureusement, cette reprise des fermentation est limitée malgré un accroissement du pH, notamment dans les rations à base d’ensilage d’herbe. »

In fine, les moisissures apparaissent à partir du 2e et 3e jour et le risque s’accroît au-delà de 30°C. « Cela peut s’expliquer par un assèchement des échantillons dans les chambres climatisées », précisait le scientifique de l’Inra. Enfin, le concentré n’a que peu d’effet « sauf sur l’augmentation de la température de l’ensilage ». À l’inverse, il semble limiter l’accroissement du pH.

« On se rend compte que la dégradation des rations à base d’ensilage est très liée à la qualité de ce dernier et à l’augmentation des températures extérieures », reprenait Jean-Claude Bonnefoy. Mais la bonne nouvelle est que malgré la dégradation observée, il n’y a pas de problème majeur interdisant de préparer les rations « plusieurs jours avant de les distribuer aux animaux », conluait-il.

Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.