Manifestations des eleveurs Le blocage des abattoirs se poursuit après l'échec des négociations
Eleveurs bovins, industriels et distributeurs ont échoué mercredi à trouver un accord sur une hausse des prix de la viande, réclamée par les producteurs qui ont donc décidé de poursuivre leur mouvement de blocage des abattoirs du groupe Bigard, numéro un du secteur.
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"Les travaux de l'interprofession (Interbev) ont été dans le bon sens mais il reste des points en suspens", a déclaré Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FnbB), à l'issue de discussions entre tous les acteurs de la filière bovine, une première depuis des mois. Compte tenu de ces interrogations, "ce n'est pas possible à l'heure qu'il est de lever les barrages" devant une dizaine d'abattoirs du groupe Bigard, première cible des manifestants, a ajouté le patron des producteurs de viande, dont l'organisation est à l'origine de la contestation.
Les discussions devaient toutefois se poursuivre dans la journée et une nouvelle conférence de presse, prévue cette fois-ci au siège de la Fnsea, principal syndicat agricole français et qui a apporté son soutien au mouvement, aura lieu dans l'après-midi. Parmi les points en suspens figure notamment, selon M. Chevalier, une "application rapide d'une augmentation des prix à la production". Les éleveurs réclament une hausse de 60 centimes le kilo de carcasse, payé aujourd'hui trois euros.
Même si cette augmentation ne pourra se faire "que sur plusieurs mois", M. Chevalier a dit attendre vendredi, jour de sortie de la grille des prix du groupe Bigard, pour juger si les producteurs ont été entendus ou pas. "Le groupe fait 42% du marché des abattoirs, c'est lui qui décide des prix", a-t-il fait valoir. Le groupe de Quimperlé (Finistère), fondé en 1968, est aussi omniprésent sur le marché du steak haché, via sa marque Charal. De son côté, Dominique Langlois, président de l'interprofession, s'est félicité de la "présence de tous les acteurs de la filière" à cette réunion. Seul absent notable, Jean-Paul Bigard, président du syndicat des industriels de la viande (SNIV), qui s'est fait représenté par le directeur général de son groupe.
La participation de M. Bigard était pourtant attendue par les producteurs. Ces derniers ont à de nombreuses reprises dénoncé la "politique de la chaise vide" de M. Bigard alors même que celui-ci occupe une place de premier plan dans le secteur et dans l'interprofession. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait lui-même souligné que M. Bigard avait "donné son accord et son engagement formel pour participer à toutes les réunions de l'interprofession auxquelles, en tant que président du Sniv, il ne participait plus depuis des mois", qualifiant cette promesse de "progrès tout à fait considérable". C'était justement la panne de dialogue au sein de l'interprofession qui avait incité M. Le Maire à convoquer mardi tous les acteurs de la filière pour les obliger à négocier. Il avait aussi annoncé la nomination d'un médiateur, Loïc Gouello, inspecteur général au ministère.
M. Le Maire avait dressé une "feuille de route" dont le premier point porte sur "une remontée très rapide des prix" de la viande, compte tenu de "la situation intenable" des éleveurs. Les revenus de ces derniers figurent parmi les plus bas du secteur agricole et l'envolée cet été des cours des matières premières agricoles, qui a engendré un surcoût de l'alimentation animale, n'a fait qu'empirer les choses. Les producteurs soulignent de leur côté que depuis une quinzaine d'années, si les prix de la viande ont augmenté de 40% pour les consommateurs, ils sont restés stables pour les éleveurs.
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