Médicaments vétérinaires Les labos pharmaceutiques investissent à tout crin
Soigner les animaux plutôt que les hommes... Les laboratoires pharmaceutiques dépensent des milliards pour s'imposer dans le secteur vétérinaire, un marché encore restreint mais aux perspectives plus favorables que celui des médicaments humains.
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Le marché des animaux de rente attire les laboratoires. (© Terre-net Média) |
Numéro un mondial de la pharmacie, l'américain Pfizer est aussi devenu leader de la médecine vétérinaire, en absorbant Wyeth. Mais sa suprématie sera de courte durée : Sanofi-Aventis a mis quatre milliards de dollars sur la table pour racheter la part de Merck dans leur coentreprise Merial, qu'il compte fusionner avec Intervet, la division vétérinaire de Schering-Plough. Ce nouveau champion pesant plus de 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires doit naître officiellement début 2011.
En face résistent des groupes 100 % vétérinaires, comme les groupes français Virbac, Vétoquinol ou Ceva Santé Animale. Classé 8e mondial, avec 467 millions d'euros de revenus en 2009, Virbac défend son indépendance. « Cela nous distingue et nous permet de nous maintenir de manière concurrentielle vis-à-vis des mammouths », argumente-t-on dans cette société familiale des Alpes-Maritimes.
Le secteur est très réglementé et surveillé, pour les animaux de compagnie (environ 40 % du marché), mais surtout pour les espèces à viande
Les sociétés indépendantes sont-elles menacées par ces nouveaux mastodontes de la pharmacie humaine/vétérinaire? « A mon avis, pas du tout », répond Jean-Louis Hunault, président du Syndicat de l'industrie du médicament vétérinaire (Simv). Pour respecter la concurrence, les groupes fusionnant doivent céder certains produits et cela « offre la possibilité aux autres sociétés d'acquérir des innovations qui ne sont pas arrivés au terme des brevets », explique-t-il. Quant aux nombreuses petites sociétés existantes, « elles ont des stratégies de niches et n'intéressent pas les grands groupes ». Les actifs que vendra Merial-Intervet sont grandement guettés. Cela permet de « récupérer des produits qui font de la marge et sont déjà installés », explique-t-on chez Virbac, qui a racheté à Pfizer des unités en Australie.
Bien plus petit que le marché humain, la santé animale représente un chiffre d'affaires mondial de 18,6 milliards de dollars en 2009, d'après la société de conseil Vetnosis. Si l'année dernière a pâti de la crise, « c'est un marché qui est en croissance structurelle » et où les prix sont fixés librement, souligne Marc Livinec. Le secteur n'est pas facile pour autant. Il est très réglementé et surveillé, pour les animaux de compagnie (environ 40 % du marché), mais surtout pour les espèces à viande. L'arrivée potentielle de nouvelles maladies nécessite d'être « extrêmement réactif », souligne M. Hunault. Vu le nombre d'espèces animales et leurs pathologies propres, le marché est fractionné en beaucoup de « micro-marchés », nécessitant de développer des produits spécifiques, ajoute le président du Simv.
Le marché est déjà largement occupé par des produits génériques et les groupes ne sont donc pas menacés d'une chute brutale de chiffre d'affaires à l'expiration des brevets. « A long terme, la médecine vétérinaire a un potentiel de croissance non négligeable », estime M. Livinec. Si Etats-Unis et Europe sont actuellement les principaux marchés, l'augmentation de la consommation de viande dans les pays émergents devrait accroître leurs besoins en soins vétérinaires.
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