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Sécheresse Quelles solutions pour reconstituer les stocks fourragers ?

Dans de nombreuses régions une chaleur excessive liée à une sécheresse prolongée compromet les stocks fourragers des exploitations. Conseils du Btpl pour la reconstitution des stocks.

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Des inquiétudes autour des stocks fourragers. (© Terre-net Média)
A fin-juillet, le bilan fourrager de nombreuses exploitations s’annonce fortement déficitaire sur l’herbe, avec des inquiétudes croissantes vis à vis du maïs, surtout s’il n’est pas irrigable.

Etablir un bilan fourrager

Le bilan fourrager permettra d’estimer l’ampleur du déficit et de prévoir dès maintenant les achats nécessaires et les modifications dans le rationnement des animaux.

Sauvegarder le potentiel des prairies pour qu’elles produisent dès que la pluviométrie le permettra.

Pour que les prairies reprennent vite et permettent une bonne récolte en fin d'été ou à l’automne, il faut les protéger et leur donner toutes leurs chances :

- Garder les animaux sur une surface en herbe limitée et sauvegarder la surface en pâturage

Si les animaux surpaturent :

• les urines brûlent davantage les plantes et handicapent la repousse future.
• les bovins broutent de plus en plus ras et arrachent les talles, d'où des prairies dégradées et peu de repousse.

Les dégâts en conditions sèches sont très importants, surtout sur la pérennité des prairies à long terme.

• Sacrifier plutôt un bout de parcelle dans lequel il est possible d’alimenter les animaux.
• Attention quand même à ne pas les obliger à se coucher sur des bouses sèches… Il faut assez d’espace !
• Si le confort du bâtiment et les stocks de paille pour litière le permettent, il n’est pas plus mal de les tenir dans la stabulation par les grandes chaleurs.

- Les nourrir avec les fourrages adaptés aux besoins :

• Ensilages d’herbe ou de maïs si les vêlages ont commencé, pour ne pas pénaliser trop les débuts de lactations.
• Des céréales ensilées immatures pour ceux qui en disposent avec foin, pour compléter les ensilages pour les animaux à besoins élevés, ou en plat unique pour les troupeaux en milieu et fin de lactation ou les génisses.
• Eventuellement des rations paille, avec des céréales ou concentrés du commerce s’il le faut pour satisfaire les besoins des animaux.

Chercher en priorité des fourrages grossiers et de la paille

Plus tard, il sera plus facile d’acheter dans le commerce à des prix plus raisonnables :
- des produits secs : céréales, concentrés, luzerne déshydratée, sous-produits déshydratés (corn gluten feed, pulpes de betteraves,etc…)
- peut-être des sous-produits humides : drèches de brasserie, drèches de blé, pulpes de betteraves ou de pommes de terre, sous-produits d’industrie alimentaire locale…

Aucun de ces produits ne remplacera les fourrages grossiers ni la paille.

Semer des cultures dérobées ?

Attention : ces cultures dérobées nécessitent un minimum d’humidité pour lever, il faut donc espérer des orages d’été au démarrage. En matière de préparation de sol pour l’ensemble de ces semis de dérobés, il faut travailler superficiellement le sol afin de ne pas le dessécher : rotavator, semoir équipé d’herse alternative ou rotative et cultipaker combiné… et terminer par un bon tassement de sol pour faire remonter l’humidité et favoriser la germination.

Les cultures possibles à partir du mois d’août sont les suivantes :

Ray-grass d’Italie alternatif pur ou associé à un trèfle annuel : d’Alexandrie (TA) ou incarnat (TI)
Ce type de RGI épie l’année du semis, pousse très rapidement mais a une faible pérennité (6 mois). Il vient en épi à chaque coupe.
- semis : 25 kg/ha ou en mélange 15 kg RGI + 10 kg trèfle d’Alexandrie ou 15 kg RGI + 15 kg trèfle Incarnat : 65 à 90 €/ha
- Récolte : Le rendement potentiel est d’environ 5 T de MS en 1ère coupe, un peu moins en repousse. S’ensile facilement, comme un RGI non-alternatif. Le pâturage des repousses est possible sans attendre.
Parmi les RGI alternatifs, certains sont encore plus rapides, et moins pérennes : c’est la famille des Westerwold. En climat favorable, ils sont capables de fournir une coupe en 6 semaines à partir du semis.
Le trèfle d’Alexandrie croit plus rapidement que le trèfle incarnat mais est gélif.
Privilégier le TA pour une récolte d’automne et un semis pas trop tardif, et le TI pour une production précoce de printemps

Ray-grass d’Italie non-alternatif pur ou associé au trèfle incarnat ou trèfle violet
C’est le RGI utilisé couramment. Il pousse un peu moins rapidement que l’alternatif mais tient un an sans problème (et plus). En dérobée jusqu’à un semis de maïs au printemps prochain, c’est sans doute le meilleur choix : il assurera une ou deux coupes cet automne et encore une très bonne 1ère coupe au printemps.
8 à 10 semaines lui seront sans doute nécessaires pour fournir une bonne coupe, à partir du semis.
Avec un semis d’été, il ne viendra pas à épi avant le printemps prochain
- Semis : Association possible avec du trèfle violet ou incarnat pour améliorer la valeur azotée du fourrage (4 à 5 kg/ha de TV 10 kg TI).
- Récolte : En place jusqu’au semis de maïs du printemps prochain. Il assurera une ou deux coupes cet automne (8 à 10 semaines après le semis) et encore une très bonne 1ère coupe au printemps.
Le rendement potentiel est d’environ 5 T de MS en 1ère coupe, un peu moins en repousse.
- Produits récoltés : Affouragement en vert et ensilage, Pâturage si le sol porte correctement. Le pâturage des repousses est possible sans attendre.

Vesces de printemps + Avoine de printemps :
50 kg de vesces + 80 kg avoine par ha
Coût de la semence = 115 à 160 €/ha.
Des mélanges vesces (20 à 50 kg) + pois protéagineux (30 kg) + avoine 80 kg sont possibles.
Le pois protéagineux est plus riche en azote que le pois fourrager et verse moins.
Pour ces mélanges également une soixantaine d’unités d’azote est nécessaire.
Ce mélange, ensilé 70 à 90 jours après semis, peut fournir également de 2,5 à 5 tonnes de MS, avec des valeurs MAT de 13 à 15% et 0,9 UFL.

Colza fourrager
Culture à levée et à croissance très rapides, le colza peut être bon à pâturer 50 à 60 jours après un semis d’été (si humidité et chaleur).
Pour une production fourragère plus rapide, choisir une variété précoce et intéressante (variétés type hiver, plus souple d’exploitation).
L’utilisation est intéressante en pâture si le sol porte et les conditions climatiques sont favorables au pâturage, ou en affouragement en vert pour les bovins adultes Elle est déconseillée pour les animaux en croissance. L’ensilage est délicat à cause du taux d’humidité important.
La récolte devrait être terminée au début de la floraison. Par la suite, la Teneur en cellulose brute augmente et les teneurs en matières azotées diminuent ainsi que l’appétibilité.
Conditions de semis : 7 à 10 kg/ha pour un coût d’environ 30 euros.
Attention aux limaces.
Implantation assez délicate: sol fin. Fumure azotée = 80 à 90 unités d’azote.

Moha + trèfle d’Alexandrie, sorgho fourragers, sorgho ensilage
Il est trop tard pour espérer une récolte suffisante avant les premiers gels.

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