Login

Elevage allaitant Distribuer la ration un jour sur deux pour se dégager du temps

Depuis une vingtaine d’année, la taille des exploitations bovines augmente, tout comme celle des troupeaux et des surfaces herbagères. L’éleveur, lui, cherche dans le même temps à améliorer sa productivité et cela passe surtout par une réduction du temps d’alimentation, qui représente près de la moitié de ce temps d’astreinte. Passer à une distribution un jour sur deux pourrait être un moyen de réduire ce temps de travail. Six années d’essai en Vendée viennent renforcer l’intérêt de cette nouvelle conduite. Détails.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


« Pour pouvoir distribuer l’aliment un jour sur deux, l’éleveur
doit évidemment disposer des équipements adéquats : cela
passe donc par une table d’alimentation pour l’ensilage et
l’apport de paille ou de foin dans le râtelier. »
 (© Terre-net Média)
En 2004, une enquête menée dans les Pays de la Loire avait démontré que le premier poste d’astreinte était l’alimentation des animaux, avec près de 50 % de ce temps d’astreinte.
Pour cette astreinte et dégager du temps pour d’autres tâches, comme l’observation des animaux par exemple, certaines pistes ont déjà été évoquées parmi lesquelles :

Passer à une distribution un jour sur deux pourrait être un moyen de réduire ce temps de travail. « Cela permettrait également d’assouplir l’organisation de l’éleveur sans que ce dernier ait à investir dans un nouveau matériel d’une part ; et de maintenir la ration en l’état, d’autre part », expliquait le 2 décembre dernier Didier Bastien (Institut de l’élevage), lors des Journées 3R à Paris.

Six années d’essai

Toutefois, cette pratique d’alimentation présente un inconvénient majeur : pour être transposable, elle doit en effet convenir à l’ensemble des animaux présents sur l’exploitation.

Depuis six ans, l’Institut de l’élevage et la Chambre d’agriculture de Vendée ont mis en place des essais sur cette réduction du travail d’astreinte liée à l’alimentation des troupeaux de bovins allaitants (Charolais) en bâtiment. Objectif : tester la distribution de l’alimentation trois fois par semaine comparativement à une distribution quotidienne.

Ces essais ont été menés sur plusieurs types d’animaux de race Charolaise : des génisses alimentées avec un régime à base d’ensilage de maïs en quantité limitée, des vaches allaitantes ayant vêlé en automne en régime à base d’ensilage d’herbe en quantité limitée et des jeunes bovins alimentés avec un régime à base d’ensilage de maïs à volonté (lire les résultats en détail).

Des résultats variables selon les catégories d’animaux

Cette pratique a permis de réduire la durée du travail d’alimentation de 30 à 50 % dans le contexte de la ferme expérimentale. « Mais on constate également des conséquences variables sur les animaux », précisait Didier Bastien.

La distribution de la ration trois fois par semaine n’a pas eu d’impact sur les performances des génisses, des vaches et de leurs veaux.

Seule une légère surconsommation du 2e fourrage apporté (paille pour les génisses ou foin pour les vaches) a été constatée.

Par contre, les jeunes bovins alimentés trois fois par semaine ont eu des croissances inférieures en engraissement à ceux alimentés quotidiennement, « surtout pendant la phase estivale », détaillait Didier Bastien. Les rendements à l’abattage sont en tendance également inférieurs. « Au final, à même durée d’engraissement, les poids de carcasses des jeunes bovins alimentés trois fois par semaine sont inférieurs d’environ 10 à 15 kg. »

Avoir les équipements adéquats

Economiser entre 30 et 50 % de temps de travail sur la distribution de la ration est donc possible, et ce sans pénaliser les performances chez les vaches et les génisses.

Par contre, cette pratique a un impact sur les jeunes bovins et l’éleveur risque d’avoir des rendements carcasses moins performants. « Ces baisses de croissance s’expliquent par l’accoutumance des animaux au mode de distribution et, ensuite, à la chute de consommation en phase estivale », détaillait le spécialiste de l’Institut.

En effet, les animaux sont conditionnés par ce nouveau mode de distribution qui impacte leur activité quotidienne. « Une des limites de cette pratique concerne donc la distribution de rations à base d’ensilage de maïs en quantité importante en été. »

« Ces gains de temps sont à moduler selon les conditions de chaque élevage », poursuivait-il. En premier lieu, l’éleveur doit évidemment disposer des équipements permettant d’apport des quantités de fourrages pour plusieurs jours : cela passe donc inévitablement par une table d’alimentation pour l’ensilage et l’apport de paille ou de foin dans le râtelier.

« Une des voies d’amélioration pourrait être de limiter l’échauffement de l’ensilage par l’incorporation, par exemple, de paille dans la ration distribuée. La teneur en MS serait également réévaluée à la hausse », concluait Didier Bastien.

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement