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Influence de la surface disponible et du type de sol L’environnement pas toujours gagnant

Les résultats obtenus en Belgique sur l’influence de la surface disponible et du type de sol sur les émissions gazeuses en élevage de truies gestantes mettent en réalité en exergue des évolutions distinctes selon le type de gaz.

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Les deux essais mis en place par les chercheurs de la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège et du Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux permettent d’ouvrir la discussion sur l’influence de la surface disponible par animal et le type de sol utilisé sur les émissions de gaz polluant.


« Le dioxyde de carbone issu des porcheries provient principalement
de la respiration des animaux elle-même fonction du poids corporel,
des consommations alimentaires et de l’activité des animaux. »
(© Terre-net Média)
On entend par gaz polluant : l’ammoniac (NH3), responsable de l’acidification des eaux et des sols et de l'eutrophisation, et les gaz à effet de serre impliqués dans le réchauffement climatique : le dioxyde de carbone (CO2),  le protoxyde d’azote (N2O) et le méthane (CH4).

Ammoniac : une surface d’échange plus importante

Ainsi, pour les émissions d’ammoniac, ils montrent qu’en augmentant de 20 % la surface disponible, les émissions de NH3 augmentent de 17 %/truie.
« L’explication provient de la surface d’échange effluent-air plus importante lorsque la densité diminue », explique François-Xavier Philippe de la Faculté de Médecine vétérinaire de Liège

Protoxyde d’azote & aération de la litière

Pour le protoxyde d’azote, sous produit des réactions de nitrification/dénitrification qui convertissent le NH3 en N2, l’augmentation de la surface disponible se traduit par un accroissement du taux d’aération de la litière, « dont une plus grande partie est en contact avec l’air. Les conditions plus aérobies induisent alors une réduction des émissions ». Dans le second essai, la distinction se fait au niveau des apports de paille (0,3 vs 0,5 kg/m²).

Or, la littérature montre qu’une augmentation de la quantité de paille réduit les émissions de N2O à cause d’une litière plus aérée. « On peut ainsi expliquer les émissions plus basses obtenues avec la superficie paillée de 1,8 m²/truie. » Cette hypothèse sur l’influence de la quantité de paille apportée est d’ailleurs confirmée par la différence d’émission relevée entre les deux essais pour une même surface disponible : « les apports de paille ont été réduits entre les deux essais, passant de 1,33 à 0,90 kg/jour. Cela favorise des conditions anaérobies et donc les émissions de N2O. De même, l’augmentation de la production en cours d’hébergement dans les quatre groupes s’explique par l’accumulation d’excrément et le tassement de la litière ».

Méthane : influence variable

Le méthane est le résultat de la dégradation strictement anaérobie de la matière organique provenant soit du tube digestif, soit, des effluents. Dans le premier essai, cela équivaut à 8,55 g/j/truie de CH4 issu du tube digestif, contre 7,84 g/j/truie. « La quantité de fibres ingérées étant similaire au sein d’un même essai, la différence entre les traitements provient des caractéristiques de la litière. » Dans l’essai 1, les émissions de CH4 ont été réduites de 33 % avec l’augmentation de la surface. L’explication se trouve dans une litière plus aérée : la surface de contact entre l’effluent et l’ambiance étant plus importante avec la surface de 3,0 m²/truie, l’aération de la litière y est favorisée et la production de CH4 limitée.

Dans le second essai, l’augmentation de 29 % des émissions est à l’inverse expliquée par la présence de paille dans l’effluent : cette paille constitue en effet une source de carbone supplémentaire. Dans cet essai, « la différence entre les groupes ne s’accentue qu’en fin de séjour, quand le tassement et l’accumulation des déjections favorisent des conditions anaérobies. C’est alors avec la plus petite zone paillée que l’on obtient les émissions les plus élevées ».

Le dioxyde de carbone influencé par l’activité

Le dioxyde de carbone issu des porcheries provient principalement de la respiration des animaux elle-même fonction du poids corporel, des consommations alimentaires et de l’activité des animaux. « Dans notre étude, seule l’activité des animaux est différentes entre les groupes comparés : les différences observées dans les émissions de CO2 pourraient donc être expliquées par le niveau d’activité des truies, favorisé par une densité plus élevée. »

À noter également que le niveau d’aération de la litière influence aussi les émissions. « Dans les groupes stables, l’activité des truies a tendance à diminuer en fin de gestation. À l’opposé, l’accumulation de déjections favorise les émissions » concluait le scientifique belge.

Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.

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