Login

Conduite d’élevage Des truies sous influence

De nombreuses études comparatives ont été menées ces dernières années sur l’influence du logement des truies reproductrices. À chaque fois, il s’agissait de définir quelles étaient les conditions environnementales (facteurs et social) améliorant le bien-être des animaux.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

 


« Le Dac protège l’animal pendant qu’il s’alimente…
mais favorise l’attente à l’entrée de l’automate, encourageant ainsi
notamment les morsures de la vulve. » (© Terre-net Média)
« L’incidence des modes de logement sur les performances zootechniques, notamment sur plusieurs gestations successives, est pourtant très mal connue », soulignait en ouverture de la session ‘Conduite d’élevage & bien être’ Frédéric Paboeuf (Chambres d’agriculture de Bretagne), mardi 2 février dernier à Paris lors des 42e JRP.

 

« Le rôle modulateur des substrats manipulables comme la paille des litières sur le comportement des truies en gestation reste également à préciser », poursuivait-il.

Performances et comportements en question

Une étude a donc été menée par le réseau Chambres d’agriculture de Bretagne, l’Affsa et l’Inra en vue d’établir les effets des modes de logement et d’alimentation des truies en gestation sur leurs performances zootechniques et leurs comportements.

Pour y parvenir, 72 cochettes croisées Large White x Landrace ont été répartie en deux groupes : l’un élevé en liberté sur caillebotis intégral, le second sur litière de paille.

Chaque groupe a été conduit en trois bandes : les deux premières étaient logées dans des cases équipées de réfectoires, la troisième bande étant logée dans une case équipée d’un automate de distribution d’aliment (Dac). À noter enfin que l’ensemble des truies était synchronisé pour permettre une comparaison fiable entre les deux modes de logement. En outre, les niveaux d’alimentation ont été comparables et le même aliment était distribué.

Suivi technique

« Seize lots de truies ont été suivis entre juillet 2006 et juin 2008. Pour chaque mode d’élevage, les quantités d’aliment distribuées ainsi que les boiteries étaient consignées toutes les semaines », rapportait Frédéric Paboeuf.

Par ailleurs, pendant la gestation, le poids et l’épaisseur de lard dorsal des truies étaient mesurés à l’entrée et à la sortie de la quarantaine, au sevrage et à l’entrée en maternité.

Les performances d’allaitement, de reproduction et les interventions thérapeutiques pendant la lactation étaient enregistrées. Les truies ont également fait l’objet d’un suivi clinique. Des observations comportementales ont été réalisées sur 3 lots de truies entre décembre 2007 et juin 2008.

Nette influence

Les résultats (lire ici) mettent en évidence que « les modes d’élevage en gestation influencent largement le comportement des truies » énonçait Frédéric Paboeuf.

Toutefois, il est difficile de conclure quant aux effets des systèmes sur les performances de reproduction et d’allaitement, les performances moyennes d’allaitement étant finalement assez peu différentes d’un mode d’élevage à l’autre. Par contre, le mode de logement et d’alimentation avait un effet significatif sur l’intervalle de temps entre le jour du sevrage et celui de l’insémination. « L’impossibilité de bloquer les truies dans le système Dac rendait les opérations de détection des chaleurs plus difficiles et explique en partie ce résultat. »

La paille semble atténuer les effets

Dans l’essai, les effets de la frustration alimentaire ont probablement été réduits par la fourniture de paille ce qui a, dans le même temps, réduit l’intensité des stéréotypies. En outre, « les blessures sur l’avant du corps et au niveau du flanc étaient significativement moins fréquentes sur litière que sur caillebotis. Les truies Dac étaient également plus fréquemment blessées que les animaux ‘réfectoire’ en accord avec les résultats d’études antérieures ».

Il ne faut pas de plus oublier que la paille a un effet réducteur des troubles locomoteur. Noter également que « les troubles locomoteurs observés chez les truies Dac élevées sur caillebotis étaient associés à un faible niveau d’abreuvement et à la présence significativement plus fréquente de nitrites dans leurs urines ». Une étude menée au milieu des années 80 a d’ailleurs montré qu’en dessous d’une consommation de 12 litres d’eau/truie/jour, la fréquence des anomalies urinaires augmentait. « L’auteur souligne également la complexité des relations entre l’activité des animaux, l’abreuvement, les troubles locomoteurs et la fréquence des troubles urinaires. »

Le Dac protège

Pour le spécialiste, l’explication tient dans le fait que le système de réfectoire fermé « limite les relations agressives lors des repas et sert également de zone de retrait aux attaques ».

De même, le Dac protège l’individu pendant qu’il s’alimente, mais favorise l’attente à l’entrée de l’automate et encourage les interactions agonistiques et les morsures de la vulve. « L’absence de cloisons pleines dans les cases des truies Dac favorise également la promiscuité et donc les agressions entre les animaux. »

In fine, l’étude du comportement des animaux en maternité devrait permettre d’apporter des éléments d’explication aux troubles de la mise bas et de la lactation observés plus particulièrement chez les truies Dac élevées sur caillebotis, ainsi que sur les truies ayant un réfectoire à disposition et logées sur litière.

Pour aller plus loin : www.itp.asso.fr.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement